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Automobile: les fourgons, un savoir-faire français qui s’exporte

07
mar
2018

(AFP) – Les groupes automobiles français sont les leaders incontestés du véhicule utilitaire léger en Europe, un segment lucratif dont ils exploitent de plus en plus le potentiel à l’échelle mondiale.

Au salon de Genève, le groupe PSA, deuxième constructeur européen, expose la nouvelle génération de ses voitures familiales, Citroën Berlingo et Peugeot Rifter, nouveau nom du Partner dans sa version voiture particulière. Ils concurrencent notamment le Kangoo de Renault.

Mais ces automobiles sont majoritairement vendues aux professionnels en mode fourgonnettes, un marché sur lequel les constructeurs français excellent.

Les véhicules utilitaires légers (VUL), jusqu’à 3,5 tonnes, sont notamment utilisés pour le transport de marchandise ou comme véhicules de chantier dans le bâtiment. Sur ce marché en Europe, la part de marché des constructeurs français atteint 35%, selon le cabinet Deloitte, alors qu’elle n’est que de 20% sur les voitures particulières.

En tenant compte des productions pour des marques partenaires, les groupes français fabriquent plus d’un VUL sur deux en Europe. Renault produit en effet des véhicules pour Mercedes, Nissan, Fiat et Opel. Alors que PSA fabrique pour Toyota et partage une usine commune avec Fiat.

– Fortes marges –

Ces alliances sont « la reconnaissance d’un savoir-faire (des deux constructeurs français) sur ces marchés-là », estime Meissa Tall, associé conseil automobile chez Deloitte. Il souligne que les marges y « sont plus fortes que sur les véhicules particuliers ».

Avec Peugeot et Citroën, le leader PSA vendait déjà un véhicule utilitaire sur cinq en Europe. Depuis qu’il possède la marque Opel, rachetée l’an dernier à General Motors, sa part est de un sur quatre. Mais au classement par marque, Peugeot et Citroën sont devancées par Renault et Ford.

Les volumes sont loin d’être négligeables. PSA revendique 476.000 VUL vendus dans le monde en 2017, en hausse de 15%. Le groupe Renault est au coude à coude avec près de 463.000 unités. Mais les deux groupes visent beaucoup plus haut.

Sur ce créneau, Renault réalise encore 72% de ses ventes en Europe, même s’il revendique le titre de leader en Amérique du sud. Mais le groupe ambitionne « une croissance de 40% » d’ici 2022 à l’échelle de la planète, tirée notamment par la Chine où il vient de nouer une alliance avec Brilliance, explique Ashwani Gupta, directeur de la division VUL pour l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

– Electrification –

Une nouvelle plateforme commune sera bientôt mise en place pour le Renault Kangoo et le NV200, son équivalent chez Nissan, afin de réaliser des économies supplémentaires. Avec le fourgon Renault Master ZE, en cours de lancement, « nous sommes le seul constructeur au monde avec une gamme de quatre modèles utilitaires 100% électriques », assure M. Gupta.

« Il y a un gros potentiel de développement hors d’Europe », affirme aussi Philippe Narbeburu, directeur des véhicules utilitaires chez PSA, qui écoule encore 85% de sa production en Europe.

Le groupe assemble ses Berlingot et Partner en Argentine et, depuis fin 2017, ses fourgons Jumpy et Expert en Uruguay pour les marchés d’Amérique latine, où il a battu son record de ventes l’an dernier. Il y exporte aussi ses véhicules plus volumineux Jumper et Boxer.

Les Jumpy et Expert seront par ailleurs produits en Russie à partir du mois de mars et PSA lorgne vers la Chine. « Avec ce pilier de notre rentabilité, nous comptons continuer à progresser à l’international », a déclaré le PDG, Carlos Tavares, interrogé par l’AFP à Genève.

Pour Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile, la force des constructeurs français dans le véhicule utilitaire s’explique notamment par son importance historique sur le marché national. La France est le premier marché du VUL en Europe, avec plus de 437.000 unités immatriculées en 2017, contre 362.000 au Royaume-Uni et seulement 271.000 en Allemagne.

« Le VUL a toujours été important en France, donc ça a incité les constructeurs français à s’intéresser à ce segment », explique-t-il. « Ce sont des véhicules achetés notamment par des petits artisans, commerçants, petites entreprises du bâtiment or on a beaucoup de ces petites entreprises en France ». Les marques françaises accaparent d’ailleurs les deux tiers de leur marché domestique.

(Crédits photo : Fabrice COFFRINI / AFP )


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