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Le lapin doit rattraper son retard dans l’assiette des Français

13
sep
2018

(AFP) – La consommation de lapin a chuté de 30% en dix ans, non parce que moins de Français en consomment, mais parce qu’ils en mangent moins, faute d’y penser, un paradoxe que les éleveurs cherchent à comprendre et à contrer.

« 80% des Français déclarent manger du lapin », selon une étude de l’IFOP réalisée à la demande de l’Institut FranceAgriMer et de l’interprofession du Lapin (Clipp). Un chiffre stable puisqu’ils étaient 82% à déclarer en manger lors d’une précédente étude en 2010.

Alors pourquoi un tel plongeon de la consommation ?

La réponse tient dans « la baisse de la fréquence de consommation », explique Fabienne Gomant de l’Ifop, « il y a moins de consommateurs réguliers ».

Ainsi 15% des sondés déclarent manger du lapin au moins une fois par mois, alors qu’ils étaient 25% en 2010. De plus, le nombre de consommateurs très occasionnels (moins souvent qu’une fois par an) est passé de 3% à 10% en huit ans.

Selon l’IFOP, « le recul de la consommation tient plus de la modification des habitudes alimentaires que de considérations liées aux modes d’élevage ou au statut d’animal de compagnie. L’image désuète de la viande de lapin, associée à des recettes traditionnelles et aux repas de son enfance, joue également en défaveur de sa consommation par les acheteurs occasionnels ».

« Si l’érosion de la fréquence de consommation se constate sur toutes les classes d’âge, la proportion de non consommateurs est plus importante chez les plus jeunes », constate Mme Gomant.

Plus étonnant, parmi les consommateurs de lapin, trois sur dix affirment qu’ils ne mangent pas de lapin plus souvent car « ils n’y pensent pas ». « La plupart du temps, l’achat est spontané, c’est en voyant la viande en magasin que la personne a l’idée d’en manger », selon l’étude.

On ne trouve pas non plus souvent du lapin dans les cantines et les restaurants or « ce sont des prescripteurs » quand il s’agit de promouvoir un produit, assure Guy Airiau, président du Clipp.

– produits désossés –
Pour contrer cette désaffection, le plan de filière de l’interprofession du lapin prévoit ainsi de « mieux répondre aux attentes de praticité du consommateur » en offrant « des produits désossés à des prix compétitifs » qui devront représenter 15 à 20% de l’offre en 2022.

Fini le lapin entier acheté avec sa tête et ses pattes.

Avec ou sans la tête, ce n’est pas le problème estime toutefois Arnaud Caudrelier, acheteur chez Auchan. Le problème c’est le « format familial », à l’heure où il existe moins de grandes familles. Du coup, « les ventes de pièces entières s’effritent que ce soit du poulet ou du lapin », assure-t-il, et comme pour le poulet, les pièces découpées « doivent prendre leur place ».

La découpe, cela concerne le maillon intermédiaire des abattoirs qui, selon le plan de filière, doivent investir dans de nouveaux outils pour proposer des produits plus attractifs.

« Le basculement vers des produits plus découpés, plus désossés est très important », admet André Maléjac directeur de Loeul et Piriot, leader dans l’abattage des lapins.

Enfin, il faut travailler sur les modes d’élevages explique M. Airiau, qui estime que l’axe central de l’élevage de demain sera « l’alternative à la cage », et qu’il faudra passer de 1% de production bio et label rouge à 25% en 2022.

Même si l’étude de l’Ifop ne met pas en avant une préoccupation sur le mode d’élevage des lapins, alors qu’elle est très prégnante quand il s’agit des poulets, « que la filière soit soucieuse du bien être animal sans y être poussé par un scandale est perçu de manière positive », indique Mme Gomant.

(Crédits photo : C. Herlédan / CERCLES CULINAIRES DE FRANCE )


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