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Les musées seraient-ils sexistes ?

18
sep
2020

(ETX Studio) – L’affaire a défrayé la chronique. Début septembre, une étudiante tourangelle a dû, à la demande d’agents de sécurité, « couvrir » son décolleté pour avoir le droit de visiter le Musée d’Orsay. Relayée sur les réseaux sociaux, son histoire a profondément indigné les internautes… et il y a de quoi. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se produit dans un musée. 

Mardi 8 septembre, Jeanne, une étudiante originaire de Tours s’est vue refuser l’entrée au Musée d’Orsay à cause de… son décolleté. Aussi surprenant que cela puisse paraître, un tel scénario est donc encore susceptible de se produire en 2020, et qui plus est dans un pays comme le nôtre. 

Mais aujourd’hui, peu de chance pour qu’une situation pareille se produise sans qu’elle soit relayée sur les réseaux sociaux. C’est exactement ce que Jeanne a fait en publiant un long message sur son compte Twitter pour raconter sa « mésaventure », mais surtout pour dénoncer une injustice basée sur une attitude sexiste. 

Une slave d’indignations à l’encontre du musée et une pluie d’encouragements envers Jeanne n’ont pas tardé à inondé la toile. À tel point que le Musée d’Orsay a publié un message d’excuse sur le même réseau social quelques heures plus tard. 

« Les règles sont les règles »

Ce n’est pas la première fois qu’une femme se voit refuser l’accès à un musée sous prétexte qu’elle est « trop dénudée ». Il y a près de deux ans, une influenceuse et bloggeuse australienne en voyage à Paris prénommée Neswha n’a pas pu se rendre au Musée du Louvre. Son histoire ressemble à s’y méprendre à celle de Jeanne.

Le 12 novembre 2018, Newsha expliquait sur son compte Instagram avoir été refoulée à l’entrée du Louvre à cause de sa tenue, en l’occurrence une robe noire au décolleté plongeant.

Outre le fait que ces deux incidents aient eu lieu dans deux des plus prestigieux musées de la Ville lumière (ironique, n’est-ce pas ?), Newsha et Jeanne ont été également toutes deux été priées de « se couvrir ». Si la première a préféré tourner les talons, la seconde a enfilé sa veste à regret pour pouvoir entrer dans le musée.

« Dans les couloirs du musée, des femmes en dos nu, en crop top, en brassières, mais toutes minces et avec très peu de seins… (…) Je me demande si les agents qui voulaient m’interdire d’entrer se rendent compte à quel point ils m’ont sexualisée (…) », dénonce Jeanne dans sa lettre ouverte. 

Pour asseoir leur requête, les agents du Musée d’Orsay se sont contentés d’expliquer à Jeanne « que les règles sont les règles », alors même qu’aucune pancarte ne les indiquait. Tenue correcte exigée, vraiment ? Qui plus est dans un lieu qui regorge de peintures de nus ? 

Une entrave à la liberté vestimentaire 

Anecdote encore plus surprenante : en février 2018, une femme n’a pas pu participer à une visite guidée organisée au Metropolitan Museum of Art de New York, parce qu’elle portait une robe du 18e siècle, costume qu’elle avait confectionné elle-même. « Le personnel de sécurité a une marge de manœuvre pour empêcher l’entrée de personnes qu’il juge potentiellement perturbatrices de l’expérience globale du visiteur », s’est justifié le musée. Cette femme était-elle, à l’inverse, trop couverte ?

Malheureusement, le fait de dicter aux femmes leur tenue vestimentaire dépasse largement la sphère des musées (phénomène également très présent dans les établissements scolaires, comme l’ont récemment montré les mouvements #BordaRévolte et #Lundi14septembre). Le décolleté a quant à lui traversé plus d’une épreuve pour s’imposer dans l’univers de la mode au fil des siècles.

(Crédits photo : Tô’ / Twitter )


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