MAIN TENDUE
Alors que chacun tentait chaque jour de se convaincre des vertus du vivre ensemble, installé dans nos esprits depuis plusieurs décennies, le voilà qui, d’un coup, prend un virage sévère : vivre ensemble, oui, mais chacun chez soi et à un mètre de distance. Seul et ensemble.
Un nouveau défi vite relevé puisque, quelques jours à peine après le début du confinement, de nouvelles formes de socialités apparurent. Ici, des apéros virtuels ou pris depuis le bord de sa fenêtre, là, des défis de toutes sortes portés par les réseaux sociaux, des cours de gym ou de cuisine et, un peu partout, des applaudissements et des nouveaux rendez-vous festifs de balcon, à 20h, juste avant d’aller écouter les « nouvelles ». Le carrefour de l’information est devenu le carrefour de l’émotion.
Un peu plus tard, des affichettes firent leur apparition dans les immeubles. Des voisins y proposent à d’autres voisins de faire leurs courses, de passer à la pharmacie. Une micro économie de l’attention.
Toute connectée qu’elle soit, notre société l’est encore à l’humain et, à défaut de ne plus pouvoir se serrer la main, les faits nous prouvent qu’il est toujours possible de se la tendre. L’exigence de distanciation sociale n’a pas eu la peau de l’envie de se mettre en lien et d’éprouver l’existence d’une altérité. Une envie bien plus résistante qu’un virus.
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