On a connu les concept-stores célébrant les objets, voici à présent les fusion-stores dédiés aux expérimentations
Récemment installé 16 rue de Lancry, près de la Place de la République, à Paris, Habile est un lieu singulier qui combine une offre de prêt-à-porter unisexe, à l’étage, et un restaurant, au rez-de-chaussée. La collection se retrouve également à la carte, ce qui permet aux clients, tout en commandant un plat, d’avoir un aperçu des tee-shirts, tabliers, chaussettes ou vestes imaginés par la marque. Une cave, une épicerie fine et un espace privatisable viennent compléter l’offre. Les deux fondateurs du lieu (l’un, issu de la restauration, l’autre, de la mode) annoncent déjà de futures collaborations entre mode et cuisine.
Qu’en penser ?
En apparence anecdotique, l’apparition d’une offre combinant prêt-à-porter et restauration est tout à fait révélatrice de la manière dont doit, désormais, être envisagé le commerce : comme des lieux d’expérimentation pour répondre aux attentes d’étonnement actuelles, source de différenciation, certes, mais aussi comme des lieux de diffusion de valeurs, reflet d’une manière d’appréhender la vie. Il y a quelques années, les deux fondateurs d’Habile auraient, chacun de leur côté, ouvert leur propre enseigne. En s’unissant, ils produisent un nouveau récit et suggèrent de nouvelles règles. Si leurs savoir-faire diffèrent, la qualité, la traçabilité, voire la durabilité des matières premières qu’ils utilisent concernent autant le textile que l’assiette. Des plats ne peuvent-il pas être autant « iconiques » ou le fruit d’une démarche responsable qu’un vêtement ? Les deux ne peuvent-ils pas s’accorder autour d’une couleur commune ? Le rapprochement de ces deux univers, ici matérialisé par l’irruption de l’un sur la carte du l’autre, ouvre ainsi la voie à un nouveau vocabulaire commun et à de nouvelles formes de collaborations potentielles qui seront comme autant de promesses de nouvelles expériences pour les clients.
En bref
Adidas, en collaboration avec la plateforme de revente en ligne ThredUp, a lancé son programme Choose to Give Back proposant à ses clients de renvoyer leurs vêtements et accessoires d’occasion (en échange de récompenses) pour être ensuite réutilisés ou revendus.
En bref
La toile de bâche, présente du 3 au 30 novembre sur l’église de la Trinité à Paris pour couvrir ses travaux, est réalisée à partir de la technologie Anemotech The Breath qui absorbe les polluants. Elle permet d’absorber en 1 mois les émissions d’environ 2000 véhicules passant à l’aplomb du dispositif. La marque Levi’s en est le sponsor.
En bref
Ikea France a annoncé l’ouverture prochaine d’une boutique de meubles d’occasion à Paris. Une boutique proposant des meubles de seconde main du groupe existe déjà en Suède.
L’Œil dans le rétro
En novembre 2014, l’Œil repérait la naissance d’un magasin pas comme les autres… l’esprit communautaire associé à un magasin et la circulation des vêtements était en train de naître…
Les magasins comme des clubs
Le fait
Ouvert à Paris dans le Marais depuis le 9 Octobre, l’Habibliothèque offre à ses clientes, moyennant un abonnement mensuel de 50€, (30€ par mois pour un an) la possibilité d’emprunter (contre 5€) trois vêtements ou accessoires pointus (mode, créateur, haut de gamme) par mois pour une durée maximum de dix jours. A l’issue de la location, il leur est possible d’acquérir la pièce empruntée, neuve et avec 15% de remise… Avant de lancer leur appel au crowdfunding (10.000 euros sur KissKissBankBank), les initiatrices de ce projet avaient constitué une communauté de fans sur Facebook à qui elles distillaient le nom des marques avec lesquelles elles avaient établi un partenariat et qui seront présentes dans leur boutique…
L’analyse
Inattendue autant que singulière, la proposition de l’Habibilothèque est d’abord le signe de l’envie d’une génération de réinventer les codes du commerce et de marquer ainsi une rupture dans les habitudes de consommation. Elle est aussi parfaitement emblématique des projets qui ont recours au crowdfunding : si la quête d’un complément budgétaire est une de leurs motivations, elle n’est sans doute pas la seule, ni, peut-être, la plus importante. Passer par une plateforme d’appel au financement est aussi une manière de créer du buzz en se constituant une communauté de fanatiques avant même que son projet prenne forme. Ici, les clients cessent de n’être que des acheteurs pour devenir les membres d’une communauté qu’ils contribuent à faire exister (par leur financement du projet) et à pérenniser (par leur souscription mensuelle et par leur activité sur les réseaux sociaux). Conséquence ? Le critère prix s’efface devant le système d’abonnement et l’offre, bien que restreinte, est attendue car synonyme de découverte de nouvelles marques et d’exclusivité. La vertu du commerce empathique…