Démoralisation générale
Situation du pays et situation personnelle, une chute en commun
Comme on pouvait s’y attendre, les deux notes s’inscrivent à la baisse sans pour autant connaître certains abîmes constatés précédemment. À respectivement 5,8 points et 4,9 points, elles retrouvent leur niveau de début de crise du Covid-19. La baisse est cependant nette et sensible, autant que le rebond constaté l’an dernier.
Une mise en perspective de ces résultats sur les 15 dernières années montre que, d’une crise à l’autre, il n’existe pas de règle absolue quant à l’affaissement de ces notes ou à leur rebond. Ainsi, suite à la crise des subprimes, qui n’avait pas principalement touché les Européens, il a fallu attendre plusieurs années pour enregistrer une progression nette de ces deux notes, surtout une fois la crise des dettes souveraines digérée. Avec le Covid-19, un an a suffi pour enregistrer un spectaculaire rebond alors que le variant Omicron était cependant toujours dans l’air.
Des facteurs locaux qui impactent l’image du pays
À l’aune de ces nouveaux résultats, il aurait été tentant de faire de la guerre en Ukraine le facteur explicatif principal de la baisse du moral des Européens. L’examen attentif des résultats apporte un franc démenti.
Les trois pays qui connaissent la plus forte baisse quant à la perception de la situation du pays sont le Royaume-Uni, l’Italie et la Belgique (-1 point, -0,8 point et -0,6 point respectivement), pays dont la proximité des frontières avec la Russie ne saute pas aux yeux. La Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie, beaucoup plus proches, sont les seules nations à connaître une évolution positive de cette note (0,2 point, 0,2 point et 0,1 point respectivement). Ceci vient confirmer qu’en la matière le local prime sur le global. Le Royaume-Uni a connu un été et un automne particulièrement mouvementés, ce dernier marqué par la chute brutale et inédite du gouvernement Liz Truss. Le 22 septembre dernier, le parti Fratelli d’Italia arrivait en tête des élections.
En Belgique, la situation politique reste – euphémisme – complexe par nature, serait-on tenté de dire. Notons aussi que la Bulgarie, la Slovaquie et la Hongrie s’accordent pour donner la plus mauvaise note (4 points). Les très fortes inégalités que connaît le premier pays et les très bas revenus enregistrés dans les deux suivants constituent des pistes tangibles pour justifier ce faible score.
Un moral personnel qui ne va plus très fort
Concernant la situation personnelle, les différences sont moins marquées entre pays sans que, là encore, le conflit ukrainien offre une clé explicative tangible. Avec une baisse de 0,6 point, le Royaume-Uni témoigne d’une baisse sensible du moral de ses habitants qui semble contrevenir à son légendaire « Keep calm and carry on », même si la note donnée reste élevée (6,1 points). Elle est rejointe à égale hauteur dans cette baisse de moral par la République tchèque qui, avec un petit 4,9 points, présente la deuxième plus mauvaise note du baromètre après la Hongrie, les deux seules notes inférieures à la moyenne. Si l’on retrouve les habituelles Suède, Allemagne et Belgique en haut du classement de la situation personnelle, notons que l’Autriche enregistre un franc décrochage pour afficher désormais une note en-dessous de 6. Un 6 enregistré aussi en France qui voit la confiance envers sa situation personnelle rester relativement élevée.