Pôle d’attractivité

Vu rue du Vertbois, à Paris

En pleine transformation, la rue du Vertbois et ses alentours, à deux pas de la République, vont prochainement être rebaptisés «La Jeune Rue» : un projet culinaire et artisanal unique où chaque magasin, revu par un designer de renom, viendra proposer une offre alimentaire (boulangerie, épicerie, fromagerie, restaurant…) issue de producteurs locaux engagés dans des formes d’agricultures éthiques. 250 emplois devraient ainsi être créés. Le projet est soutenu par la mairie du 3ème, un conglomérat bancaire ainsi que la région île de France.

Qu’en penser ?

Alors qu’habituellement, face à un quartier délaissé, les municipalités s’attachent à assurer la survie des commerces de proximité ou incitent de nouvelles enseignes à venir s’y installer, le projet de La Jeune Rue associé à la rue de Vertbois procède d’une toute autre logique. Ici, l’ambition n’est pas de satisfaire les attentes des habitants, mais de transformer le quartier en pôle d’attractivité en mettant en scène une combinaison originale de sélectivité, de modernité esthétique, d’engagements et d’éthique de production, propre à séduire une population urbaine exclusive. Le quartier n’est plus envisagé comme un lieu de vie, mais comme une promesse d’expériences fondée sur le beau, le bien et le bon. Une nouvelle typologie de commerces, sachant cultiver l’entre-soi et la rareté, confirme ainsi son émergence et sa vitalité, à la manière de ce que l’on peut déjà observer dans l’univers du prêt-à-porter (cf. Fait « COMMERCE MIROIR » – Avril 2013). Même si le projet de La Jeune Rue peut être regardé comme une «utopie bobo», il vient nous rappeler que c’est par la réinvention permanente de ses codes que le commerce peut maintenir sa capacité d’étonnement…