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Retour gagnant

09
mai
2014

Vu dans les grandes villes de France…

Le 19 avril dernier, on fêtait la troisième édition du Disquaire Day. En réalité, depuis trois ans, c’est tous les jours la fête du disque puisque les ventes de vinyles ont doublé depuis 2011 et que 70% à 80% de ces ventes ont lieu chez des disquaires indépendants. Après des années d’oubli, pour cause d’obsolescence, voici donc les vinyles de retour grâce à l’inventivité d’une nouvelle génération de disquaires qui a su mixer musique et air du temps. A Lyon, dans le magasin Chez Emile, la vente de vinyles s’accompagne d’une sélection de marques de mode pour homme et chez Groovedge Record Store, d’un dépôt-vente de platines et de tourne-disques ; à Paris, le magasin Born Bad dispose de son propre label et organise des concerts ; à Lille, chez Funny Vintage, les vinyles côtoient des accessoires vintage et à Marseille, chez Joyce, un salon de coiffure…

Qu’en penser ?

Après avoir disparus des artères commerçantes, les disquaires refont aujourd’hui surface avec l’ambition de ne pas seulement vendre des disques vinyles (comme des «antiquaires sonores»), mais d’inscrire ces derniers dans un style de vie contemporain. Consommer, c’est d’abord consommer un imaginaire. Les disquaires ont toujours joué un rôle d’intermédiaires, de conseils, de filtres pour leurs clients. Aujourd’hui, la musique est plus facile d’accès qu’hier, elle se choisit par morceau plutôt que par album, il est possible d’en découvrir de toujours plus rares sur des blogs toujours plus pointus, mais dispose-t-on de plus de temps ? Le retour des disquaires est la réponse à un besoin de repères, à une envie d’expertise et d’échanges qui permet de faire le tri et d’y voir plus clair. Il est aussi le signe d’une volonté d’acheter et de posséder un bien matériel quand tout se dématérialise et devient gratuit. Une manière de donner du sens à la musique. Des sites de photos en ligne proposent de faire des albums, les platines et autres tourne-disques refont surface dans les magazines, des fans de Polaroid relancent ses appareils et des pages Facebook se mobilisent contre l’arrêt de la production par Ikea d’un meuble permettant de ranger des vinyles… Les « digital natives » sont-ils toujours aussi «digitals» qu’on l’imagine ?

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