Un rôle de pivot générationnel
Un foyer souvent partagé
Près de 80 % des seniors de l’Observatoire Cetelem sont parents. Entre 50 et 60 ans, ils sont 43 % à avoir encore un enfant vivant sous leur toit. Au-delà, 17 % des 60-75 ans partagent leur domicile avec l’un de leurs enfants.
5 % des seniors cohabitent également avec un de leurs parents ou beaux-parents, alors que 40 % ont au moins un ascendant ayant son propre foyer.
Cohabitation multigénérationnelle, un ancrage culturel
Depuis plusieurs années, l’âge de départ du foyer familial recule. Il est désormais de 26 ans, à cause de l’allongement des études, du chômage ou d’une mise en couple parfois plus tardive.
Les pratiques de cohabitation intergénérationnelle parents/enfants, voire grands-parents/parents/enfants sont davantage répandues dans les pays méditerranéens. En Espagne, où les enfants quittent le foyer parental à 29 ans en moyenne, 57 % des seniors déclarent ainsi avoir toujours un enfant à charge, soit près du double de la moyenne européenne ! Ils sont également deux fois plus nombreux que la moyenne à accueillir sous leur toit un ou des parents ou beaux-parents, situation partagée avec leurs voisins portugais et l’Est de l’Europe.
Plus au Nord, le modèle scandinave libère les seniors de contraintes trop fortes concernant l’accompagnement de leurs (grands) enfants et de leurs aînés. Le Danemark est ainsi le pays où ils cohabitent le moins avec leur progéniture, les enfants quittant leurs parents à 21 ans en moyenne. En Allemagne et au Royaume-Uni, la solidarité intergénérationnelle est nettement moins ancrée dans les mœurs. Notons tout de même que 13 % des plus de 65 ans de l’OCDE vivent sous le seuil de pauvreté.
Un soutien financier décisif pour les enfants
Après le départ des enfants du foyer, la solidarité familiale se poursuit. Près de 80 % des seniors européens contribuent occasionnellement ou régulièrement aux dépenses ou à l’épargne de leurs enfants ou petits-enfants. Ils participent ainsi de façon active à la consommation des jeunes générations !
Ils sont plus d’un tiers à aider leurs enfants ou petits-enfants à faire face à leurs dépenses de logement. Ils contribuent également à l’épargne de leurs enfants (52 %).
Des parents également soutenus budgétairement
Près de deux seniors sur cinq, ayant encore un de leurs parents, les soutiennent financièrement, de manière occasionnelle ou régulière. Cette aide concerne en premier lieu les dépenses courantes et l’achat de nouveaux équipements. Dans une seconde mesure, elle concerne aussi les dépenses inhérentes au logement et l’épargne. Elle peut s’accentuer à la fin de la vie des ascendants, principalement pour les dépenses de santé, d’adaptation du logement ou du confort de vie.
Malgré les systèmes de protection sociale, les besoins des personnes dépendantes restent majoritairement couverts par la solidarité familiale. C’est un budget important pour les aidants. Les quinquagénaires sont en première ligne de cette solidarité générationnelle, plus de la moitié d’entre eux déclarant avoir au moins un de leurs parents, beaux-parents ou grands-parents en fin de vie.
Une contribution à géographie variable
Les liens financiers entre les seniors et leurs enfants d’une part, ou avec leurs ascendants d’autre part, sont nettement plus marqués au Sud et à l’Est de l’Europe. Les contributions aux charges du logement des enfants ayant quitté le domicile parental sont plus fréquentes en Espagne, au Portugal et en Pologne. Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est ainsi particulièrement élevé en Espagne où il a atteint 49 % en 2015, comme au Portugal avec 32 % (contre 20 % en moyenne en Europe).
La participation aux dépenses courantes des parents âgés est plus fréquente en Roumanie, en Hongrie et en République tchèque. Ce soutien financier des grands aînés est moins développé en Allemagne, en France ou au Royaume-Uni où le niveau de vie des générations âgées l’exige moins nettement.
Aider, une question de morale
Aider financièrement les générations qui les précèdent et les suivent, est important pour la très grande majorité des seniors. En France, où les appuis financiers entre générations sont moins élevés qu’ailleurs, les seniors se disent néanmoins très attentifs à leurs parents et enfants. Ne pas financer ne signifie pas laisser tomber !
La situation professionnelle et personnelle des enfants et petits-enfants préoccupe près des deux tiers des seniors européens (64 %) : Espagnols, Portugais, Italiens et Français se disent ainsi « très préoccupés » tandis qu’Allemands et Britanniques sont plus sereins pour leurs descendants.
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Les liens intergénérationnels tissés confèrent aux seniors un rôle social majeur. Un temps cumulé avec la vie active, ce rôle-clé pourra faciliter le passage à la retraite et contribuer à donner une « épaisseur de vie » aux seniors encore actifs et pleinement engagés. Deux tiers d’entre eux déclarent ainsi qu’être entourés de leurs proches est indispensable pour « bien vieillir ».