ZFE, un sentiment d’injustice qui domine
UN CONTENU PAS TOUJOURS IDENTIFIÉ
La réalité de cette compréhension est, en effet, plus polymorphe, et riche d’enseignements contrastés, lorsqu’on l’étudie dans ses détails.
Au sujet des ZFE, si plus de 7 personnes sur 10 en connaissent l’existence, seulement un tiers voit précisément ce dont il s’agit. Soit presque autant que le nombre de celles qui en ignorent totalement le contenu. Cette répartition en trois blocs quasi-égaux confirme le flou qui entoure cette règlementation aux noms et aux contours mouvants. ZFE est un nom qui parle… mais précisément de quoi ? C’est un peu là le problème.
L’examen de la répartition géographique des opinions met en évidence un renversement relatif des équilibres qui prévalaient jusqu’alors. Désormais, la plupart des pays européens, particulièrement ceux où des ZFE sont effectives, se distinguent pour recenser le plus grand nombre d’automobilistes connaissant précisément leur existence. C’est notamment le cas de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Italie et de la France, avec des scores de 50 % ou presque. À l’inverse, le Mexique et la Turquie (non concernés par ces mesures, rappelons-le), aux côtés des Pays-Bas et de l’Autriche témoignent d’une faible connaissance précise des ZFE, avec notamment un petit 14 % pour le premier pays cité. Une fois encore, le Japon se distingue. 10 % seulement des Japonais en ont une connaissance détaillée, mais surtout plus de la moitié avoue son ignorance, seul pays dans ce cas (Fig. 8).
DES RÉACTIONS NÉGATIVES
La connaissance relative des ZFE n’a pas cependant valeur d’adhésion dans sa traduction concrète.
Certes, 66 % des personnes interrogées pensent que c’est une bonne mesure. Il faut se rendre dans les pays où les ZFE sont les plus implantées, et depuis longtemps, pour trouver une forte proportion de réfractaires, dont la moitié des Belges et des Français. À l’inverse, près de la moitié des Turcs et des Mexicains sont tout à fait d’accord avec cette idée alors qu’ils étaient les moins nombreux à s’en faire une opinion précise, un signe de l’intérêt pour cette mesure dans deux pays où les ZFE n’existent pas encore.
Une bonne mesure alors ? Pas vraiment si on examine un ensemble de résultats qui vilipendent les ZFE et créent de la suspicion, voire du rejet.
D’abord et avant tout, cette mesure est jugée comme injuste pour les ménages aux faibles revenus par 8 personnes sur 10, soulignant une fois encore l’importance du critère financier pour ce qui a trait à l’automobile. Comme un écho de la crise des gilets jaunes, née d’une décision politique touchant à la voiture et au porte-monnaie, les Français sont les plus nombreux à critiquer l’impact financier des ZFE (85 %).
Deuxième aspect critiqué, la rapidité de mise en œuvre de telles mesures. 7 personnes sur 10 estiment le calendrier trop exigeant. À ce sujet, les Belges et les Français sont à nouveau les plus critiques.
Paradoxalement, si les ZFE constituent une mesure conceptuellement juste, on les estime insuffisantes. Nous retrouvons à nouveau les Turcs pour occuper les premiers rangs (85 %) avec les Chinois et les Italiens comme principaux soutiens. Chez les voisins Néerlandais et Belges, cette opinion est deux fois moins partagée.
Insuffisante, la mesure est logiquement inefficace pour lutter contre la pollution. Près de 6 personnes sur 10 le pensent. Et à nouveau les pays européens, Allemagne et France en tête, font bloc pour partager cette opinion, au contraire de la Chine et du Japon qui, pour une fois réunis, jugent majoritairement de concert que les ZFE sont efficaces.
Enfin, près de 6 personnes sur 10 poussent le raisonnement à son extrême pour juger les ZFE irréalistes et espérer qu’elles ne verront jamais le jour. Un point de vue qui remporte partout la majorité des suffrages, même dans les pays où elles font depuis longtemps l’actualité (Fig. 9).
ZFE, C’EST POUR AUJOURD’HUI OU POUR DEMAIN ?
Mais les automobilistes pensent-ils qu’elles existent réellement, ces ZFE ? Là encore, une légère brume entoure les automobilistes. Seulement 4 sur 10 affirment qu’elles sont bien présentes dans leur pays. La raison est pourtant sauve. C’est en Allemagne, Belgique, Royaume-Uni et aussi en France que l’on recense les scores les plus élevés, nations qui ont mis en place des ZFE ou envisagent leur déploiement.
Et pour une majorité de non ? Il faut aller naturellement au Japon (Fig. 10).
Le flou s’accentue lorsqu’il s’agit de se projeter dans le futur. 1 automobiliste sur 2 ne sait pas si des ZFE seront mises en place dans son pays. Dans la moitié des pays de cette étude, le pourcentage de personnes qui avouent ne pas savoir dépasse même les 50 %, avec les Norvégiens et les Autrichiens pour accompagner les éternels Japonais dans leur ignorance de cet avenir labellisé ZFE. Comme précédemment, les pays européens historiques sont unis pour dire en plus grand nombre que le futur des ZFE est écrit (Fig. 11).
Ces deux points ne font que mettre en évidence un réel scepticisme des automobilistes qui confinent parfois au déni de réalité en refusant de croire à la mise en place de mesures qui existent déjà dans les pays concernés. Ou, envisagé sous un autre angle, une prise de position aveugle et égoïste : ça n’existe pas parce que je ne suis pas concerné.
CIRCULER, C’EST POSSIBLE
Existence ou non des ZFE, une légère majorité des personnes interrogées se rassure pour estimer que leur véhicule pourra circuler au sein de ces zones (55 %). Mais à ce sujet, les blocs d’opinion précédents se fragmentent. Chine et U.S.A font pour une fois cause commune pour l’affirmer le plus nettement, suivis par la Belgique et l’Allemagne.
Étonnamment, la Norvège « électrique » voit 6 sur 10 de ses concitoyens affirmer que leur véhicule sera mis au ban des ZFE. Un score très supérieur
à tous les autres. Plus étonnant encore, 10 % des personnes possédant un véhicule électrique ne savent pas s’il pourra circuler dans les ZFE (Fig. 12).
LE SENS DE L’ADAPTATION
Face à cette potentielle impossibilité de circuler, les automobilistes s’organisent avec un pragmatisme très affirmé et une grande capacité d’adaptation. En Chine, on privilégie la mise en place de stratégies d’évitement ou de contournement des ZFE, au propre comme au figuré. Plus d’1 Chinois sur 2 achèterait un véhicule autorisé ou se mettrait aux mobilités douces. En moyenne globale, ces deux solutions recueillent environ 30 % des suffrages. Les Turcs et les Mexicains, et dans une moindre mesure les Italiens, consentent aussi au premier choix. Concernant le second, on retrouve à nouveau les Mexicains, mais également les Japonais. Ces deux options sont majoritairement envisagées par les femmes et les personnes âgées. L’esprit contestataire (et réfractaire) français reste vivace. 1 sur 2 persistera à circuler dans les ZFE au volant de son véhicule banni. Esprit de révolte partagé par les Allemands. Notons aussi que seulement le quart des personnes interrogées envisagera de changer de véhicule (Fig.13).
Il affiche des dimensions impressionnantes : 4,90 m de long, 1,93 m de large, plus de 2 m de haut. Son 6 cylindres développe 285 chevaux en version essence et 249 en version Diesel. Il consomme 14 litres au 100 toujours en version essence pour 336 grammes d’émission de CO2 au kilomètre. Et pourtant, il pourra rouler en France dans les ZFE, avec une vignette Crit’Air 1 en version essence, et Crit’Air 2 en version Diesel. C’est le 4×4 Grenadier Ineos.