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Le futur du commerce sera-t-il Dark ?

12
oct
2020
Vu dans le monde entier et déjà à Paris

Alors que de nombreux restaurants traditionnels sont contraints de fermer leurs portes, conséquence de la crise sanitaire, les restaurants fantômes (ou Dark Kitchen) rencontrent un succès grandissant au point d’incarner, selon les experts, un des modèles pour la restauration du futur. Les restaurants fantômes sont des restaurants sans salle, qui ne cuisinent que pour les plateformes de livraison telles que Deliveroo, Takeaway ou Uber Eats. La majorité de ceux-ci se trouve actuellement en Chine, en Inde et aux Etats-Unis, mais ils connaissent une forte croissance sur le vieux continent (5% du marché et une croissance annuelle de 20% depuis 2018). Aux Etats-Unis, pendant la crise sanitaire, Amazon et Whole Foods avaient reconverti leurs supermarchés fermés en Dark Stores pour réduire les délais de livraison des produits achetés en ligne.

Qu’en penser ?

Personne n’aurait pu imaginer que le modèle du restaurant, sans salle et sans personnel, réduit à une seule cuisine, puisse un jour devenir une réalité. La crise sanitaire, comme toutes les crises, n’a pourtant fait que révéler et amplifier une mutation qui était à l’œuvre. De plus en plus de consommateurs préféraient déjà se faire livrer à domicile (pour ne pas avoir à lâcher leurs séries sur Netflix…) plutôt que se rendre au restaurant. Selon une étude Kantar, en 2019, près de 30% des foyers français se faisaient régulièrement livrer des repas à domicile et les experts parlent de « rentrisme » pour qualifier ce phénomène qui toucherait plus particulièrement les trentenaires. Les restaurateurs, eux, se plaignaient souvent des charges croissantes dont ils devaient s’acquitter (loyer et personnel) ainsi que des mises aux normes toujours plus exigeantes. Les entreprises de livraisons à domicile n’avaient-elles pas commencé à installer leurs propres cuisines en périphérie pour y effectuer plus rapidement leurs livraisons ? (cf. l’Œil de sept. 2016 + l’Œil de fév. 2020). Privés d’une partie de leur capacité d’accueil, les restaurateurs ne vont pas manquer de réinventer leurs manières de faire. Certains proposeront à la vente les produits de leurs fournisseurs et automatiseront des tâches, d’autres porteront toute leur attention sur leurs livraisons par des emballages soignés, de petites attentions, la mémorisation des habitudes de leurs clients, des mises en avant de leurs fournisseurs et, pourquoi pas, des partenariats avec des marques… comme autant de nouvelles expériences clients. De la contrainte nait la créativité.


En bref

Depuis le 15 septembre, C&A est présente sous forme de shop-in-shop dans sept hypermarchés Géant Casino (Villefranche-sur-Saône, Aix-en-Provence, Annemasse, Saint-Etienne, Nîmes…). Une manière pour l’enseigne de maintenir sa présence en dépit de la fermeture de 44 magasins en France.


En bref

Six magasins Kiabi intègrent désormais un rayon de seconde main. Les clients peuvent y acheter des articles d’occasion, mais aussi y déposer les vêtements dont ils veulent se séparer. De la marque Kiabi ou non.


En bref

Le denier Apple Store est une sphère de 1 500 mètres carrés flottant sur l’eau dans la baie de Singapour. C’est le troisième magasin Apple de la ville et aussi le plus spectaculaire.


Le mot du mois

Revenge shopping : le mot est apparu en Corée du Sud (un des premiers pays touchés par le virus) et sur les réseaux sociaux, sitôt le déconfinement amorcé. Il décrit le comportement de rattrapage des consommateurs après une période de frustration. Ce terme s’applique aussi bien aux achats en magasins qu’aux voyages et aux parcs d’attraction. En France, le phénomène n’a pas eu les effets escomptés puisque, selon l’INSEE, si les dépenses d’habillement ont retrouvé leur niveau d’avant confinement, elles n’ont pas compensé le manque à gagner enregistré en mars et avril.


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