Une pratique plus que jamais d’actualité, une image qui laisse à désirer
Depuis toujours, la consommation occupe une place centrale dans les débats économiques. Qu’elle progresse ou qu’elle décline, elle influence de façon directe la santé économique d’un pays. Face au réchauffement climatique et aux mesures nécessaires pour y faire face, elle devient un sujet de plus en plus controversé, allant jusqu’à être ouvertement critiquée. Toutefois, en tant que réalité profondément ancrée dans le quotidien des individus, elle reflète des choix et des comportements en constante évolution. Mais alors, quelle perception les Européens ont-ils aujourd’hui de la consommation ? Une vision avant tout marquée par de nombreux paradoxes.
TOUJOURS PLUS DE CONSOMMATION…
Certains débats, notamment liés à la meilleure façon de lutter contre le réchauffement climatique, sont centrés autour d’une nécessaire décroissance de la consommation. Interrogés dans le cadre de ce nouvel Observatoire Cetelem, les Européens s’accordent pour dire que celle-ci n’est pas d’actualité. 7 sur 10 estiment, en effet, que depuis 10 ans la consommation s’inscrit de façon générale à la hausse (Fig. 1).
Ce point de vue est partagé dans tous les pays, avec des Portugais très affirmatifs (87 %) et des Polonais, voire des Français et des Allemands, un peu plus réservés (66 %, 69 % et 69 %). Il faut aussi s’orienter à l’Est pour trouver des personnes aux faibles revenus plus circonspectes (58 %).
Fig 1 – Perception sociétale du niveau de consommation
Télécharger cette infographie pour vos présentations
Contexte :
Question : « Aujourd’hui, diriez-vous que d’une manière générale, dans la société, on consomme… ? »
Trois catégories :
Plus qu’il y a 10 ans
Ni plus ni moins
Moins qu’il y a 10 ans
Données :
Allemagne : 69 % plus / 11 % stable / 20 % moins
Belgique : 75 % plus / 9 % stable / 16 % moins
Espagne : 76 % plus / 9 % stable / 15 % moins
France : 69 % plus / 14 % stable / 17 % moins
Italie : 76 % plus / 8 % stable / 16 % moins
Pologne : 66 % plus / 18 % stable / 16 % moins
Portugal : 87 % plus / 3 % stable / 10 % moins
Roumanie : 72 % plus / 11 % stable / 17 % moins
Royaume-Uni : 78 % plus / 11 % stable / 11 % moins
Suède : 78 % plus / 9 % stable / 13 % moins
Ensemble : 73 % plus / 11 % stable / 16 % moins
Enseignement principal :
La perception dominante est largement celle d’une hausse de la consommation.
Source : L’Observatoire Cetelem 2025.
…SURTOUT POUR LES AUTRES
Les points de vue deviennent plus timides lorsqu’on invite les Européens à s’interroger sur l’évolution de leur propre consommation. Ils sont à peine 4 sur 10 à estimer qu’elle a augmenté ces 10 dernières années (Fig. 2). Et cette fois, les variations d’un pays à l’autre sont beaucoup plus marquées. Plus de 50 % des Portugais et des Roumains affichent ce sentiment alors qu’à nouveau Allemands et Français, un duo que nous évoquons plus en détail dans le Baromètre, font profil bas avec environ 30 % d’opinions allant dans ce sens. Et de façon générale, les plus de 50 ans et les personnes aux plus faibles revenus sont les plus nombreux à considérer que leur consommation personnelle a peu évolué.
On peut faire au sujet de ce décalage entre la perception personnelle et celle de la société dans son ensemble une double analyse. Considérer que l’on résiste à l’idée de consommer plus renvoie à afficher une image vertueuse dans une optique de développement durable. L’enfer, ou plutôt les sur-consommateurs, c’est forcément les autres. Une posture vertueuse qui n’exclut pas un sentiment de culpabilité qui empêcherait de déclarer une consommation personnelle en croissance.
Fig 2 – Niveau de consommation personnelle comparé à il y a dix ans
Télécharger cette infographie pour vos présentations
Contexte :
L’infographie présente la question :
« Personnellement, diriez-vous que vous consommez globalement… ? »
Trois réponses possibles :
Moins qu’il y a 10 ans
Ni plus ni moins qu’il y a 10 ans
Plus qu’il y a 10 ans
Éléments visuels :
Graphique en barres verticales empilées pour 10 pays + une barre « Ensemble ».
Chaque barre est divisée en trois segments colorés avec pourcentage.
Données :
Allemagne : 29 % plus / 28 % stable / 43 % moins
Belgique : 37 % plus / 30 % stable / 33 % moins
Espagne : 44 % plus / 25 % stable / 31 % moins
France : 32 % plus / 31 % stable / 37 % moins
Italie : 43 % plus / 21 % stable / 36 % moins
Pologne : 44 % plus / 29 % stable / 27 % moins
Portugal : 51 % plus / 18 % stable / 31 % moins
Roumanie : 52 % plus / 19 % stable / 29 % moins
Royaume-Uni : 40 % plus / 30 % stable / 30 % moins
Suède : 37 % plus / 23 % stable / 40 % moins
Ensemble : 38 % plus / 27 % stable / 35 % moins
Enseignement principal :
Les réponses varient fortement selon les pays, avec des proportions élevées de « plus qu’il y a 10 ans » en Portugal, Roumanie et Espagne.
Source : L’Observatoire Cetelem 2025.
Fig 3 – Évolution des dépenses totales des ménages
Télécharger cette infographie pour vos présentations
Contexte :
Graphique en lignes montrant les dépenses totales des ménages (en millions d’euros) de 2014 à 2023.
Pays : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Suède.
Tendances principales :
Hausse générale dans l’ensemble des pays.
Allemagne au-dessus de 1 600 000 M€ puis proche de 1 900 000 M€ en 2023.
France : progression de ~1 100 000 à ~1 300 000 M€.
Royaume-Uni : entre 1 400 000 et 1 600 000 M€ environ.
Espagne, Italie : évolutions modérées.
Portugal, Pologne, Roumanie présentent des niveaux plus faibles mais en hausse continue.
Enseignement principal :
Les dépenses augmentent dans tous les pays, malgré un creux en 2020.
Source : Eurostat, extraction décembre 2024.
UNE RÉALITÉ QUI SE TEINTE D’IMPRESSIONS NÉGATIVES…
Faut-il y voir un lien avec le sentiment de culpabilité qu’elle pourrait générer, la consommation est porteuse pour 6 Européens sur 10 d’impressions négatives (Fig. 4). Ces impressions sont majoritaires dans tous les pays, excepté en Pologne où seulement 4 personnes sur 10 ont ce sentiment de culpabilité. Les pays latins, dont le Portugal, la France, la Roumanie et l’Italie, font perdurer l’idée que ces impressions sont aussi d’ordre culturel, rapport à l’argent oblige et donc à sa dépense. À noter aussi que les habitants des grandes villes ont une vision globalement moins négative.
Fig 4 – Perception négative du mot consommation par pays
Télécharger cette infographie pour vos présentations
Contexte :
Question : « Quand vous entendez le mot consommation, diriez-vous que cela vous inspire des choses plutôt positives ou plutôt négatives ? »
Valeurs : pourcentage de réponses « négatives ».
Données :
Belgique : 61 %
Royaume-Uni : 54 %
Allemagne : 60 %
France : 70 %
Portugal : 76 %
Espagne : 60 %
Suède : 56 %
Pologne : 41 %
Roumanie : 67 %
Italie : 66 %
Enseignement principal :
La perception négative dépasse 60 % dans la majorité des pays.
Source : L’Observatoire Cetelem 2025.
…SYNONYMES DE GASPILLAGE ET D’EXCÈS
Les mots associés à la fonction macroéconomique de la consommation actuelle sont un écho direct, clair et net, au ressentiment des Européens. Avant tout, elle renvoie au gaspillage et à l’excès. Les thuriféraires d’une déconsommation y trouveront sans doute un motif d’espoir tout comme les moralistes. Des vocables plus positifs sont ensuite avancés, mais dans des proportions beaucoup moins affirmées (Fig. 5).
Fig 5 – Mot décrivant le mieux la consommation actuelle
Télécharger cette infographie pour vos présentations
Contexte :
Question : « Quel mot parmi les suivants désigne le mieux votre vision de la consommation telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui ? »
Une seule réponse possible.
Données :
Le gaspillage : 23 %
L’excès : 16 %
L’hyper choix : 10 %
Les bons plans : 8 %
La praticité / le confort : 7 %
Le luxe : 6 %
Respect de l’environnement : 5 %
Respect de la qualité : 5 %
Sobriété : 4 %
Respect de la santé : 4 %
Immediateté : 3 %
Naturalité : 2 %
Sophistication : 2 %
Rareté : 2 %
Exclusion : 2 %
Avant-gardisme : 1 %
Enseignement principal :
« Gaspillage » et « excès » sont les deux mots majoritairement retenus.
Source : L’Observatoire Cetelem 2025.