Édito
Pendant des années, presque depuis son origine, le secteur automobile s’est développé sans que rien ou presque ne vienne contrarier sa croissance et son succès. Les crises, comme celle du pétrole au début des années 70, étaient surmontées avec une relative douceur. Les innovations successives, qui avaient fait passer l’automobile de la Ford T au SUV, n’avaient pas pour autant fait baisser son coût, seul bien de « grande consommation » à se distinguer de la sorte : toujours plus chère. Pour autant, le prix restait le critère principal qui conditionnait son achat.
Et puis les contraintes, notamment environnementales au sens large du terme, ont pris de l’épaisseur. Et puis l’électricité a été choisie par les pouvoirs publics comme énergie unique pour faire rouler la voiture de demain.
Et puis les crises financière, économique et géopolitique se sont superposées en un rien de temps.
Alors que les ventes d’automobiles devenaient hésitantes, c’est le secteur automobile dans son ensemble qui se retrouvait mis en question et subissait des pressions comme rarement.
Ces pressions se sont traduites concrètement par une multitude de réglementations nouvelles dans un laps de temps très court.
Toujours avec la volonté de trouver du sens et d’indiquer le sens dans lequel se dirige le secteur automobile, il nous a semblé pertinent de nous interroger sur les raisons profondes de ce moment, sans doute décisif pour l’automobile. Un moment où l’on voit les automobilistes en pertes de repères, ne plus savoir vraiment à quelle marque se vouer, soupeser la pertinence du passage à l’électricité. Ce que nous avons désigné par le mot brouillard, une métaphore climatique dans l’air du temps.
Cet Observatoire Cetelem 2024 révèle une fois de plus des points de vue contrastés, parfois
étonnants, parfois inquiétants, qui ne manqueront pas de faire réagir l’ensemble des acteurs du secteur automobile, particulièrement les marques. Mais s’il est une chose qui fera sans nul doute l’unanimité, c’est la nécessité de voir se dissiper au plus vite ce brouillard qui pourrait à terme pénaliser tout le monde.
Flavien Neuvy
Directeur de l’Observatoire Cetelem