Conduire à 17 ans, passer le permis durant le SNU: des pistes pour un permis plus « accessible »
(AFP) – Pouvoir passer son permis dès 17 ans ou durant le futur service national universel (SNU): un rapport parlementaire remis mardi au Premier ministre propose des pistes pour réformer le permis de conduire, examen jugé trop coûteux et long à obtenir.
Ce rapport de la députée du Gard (LREM) Françoise Dumas préconise également une réforme de l’agrément des auto-écoles, mesure dénoncée par les organisations professionnelles qui y voient une « uberisation » au profit des plateformes en ligne de mise en relation d’élèves et de moniteurs.
Matignon a appelé dans un communiqué à « poursuivre et élargir » le débat sur ce sujet, qui « pourra notamment être discuté dans le cadre du grand débat national ». « Le gouvernement entamera également un cycle d’échanges à son niveau avec les parties prenantes », notamment les responsables d’auto-écoles, avant de « se prononcer de façon complète », a-t-il précisé.
Premier examen de France (1,51 million de candidats en 2017, 57,2% de réussite), le permis de conduire revient régulièrement au coeur d’un débat mêlant sécurité routière et enjeux économiques.
« La route est la première cause de mortalité chez les jeunes, un quart des jeunes renoncent à un emploi faute de permis, les délais – même s’ils ont été rabaissés – restent d’au moins un mois ou deux et entraînent des surcoûts, il y a de fortes disparités régionales… », énumère Françoise Dumas à l’AFP.
« Nous voulons garantir dans le temps et sur tout le territoire une formation de qualité et accessible, en termes de coûts et de délais », résume-t-elle.
Patrice Bessone, président du principal syndicat d’auto-écoles (CNPA-Education routière), dénonce, lui, « un rapport qui passe totalement à côté du sujet ». « Pour avoir un permis accessible et de qualité, il faut avant tout trouver des financements », affirme-t-il à l’AFP, en suggérant de puiser dans les recettes générées par les radars.
Un des leviers préconisés est d’encourager la conduite accompagnée, « qui fait l’unanimité » selon Mme Dumas avec un taux de réussite de 74,24% mais qui ne représente qu’un quart des permis délivrés.
Pour cela, la parlementaire propose d' »expertiser l’abaissement à 17 ans de la limite d’âge pour la délivrance d’un permis B, valable uniquement sur le territoire national » pour les apprentis ayant validé ce dispositif. Aujourd’hui, un jeune qui a suivi la conduite accompagnée peut obtenir le permis à 17 ans et demi, mais ne peut conduire seul avant sa majorité.
Les modalités restent encore à définir, avec notamment de possibles restrictions sur la conduite de nuit ou pour certaines routes, selon Mme Dumas.
Pour pallier le manque de disponibilité des familles pour encadrer les apprentis conducteurs, il faut également développer un « vivier d’accompagnateurs », « des jeunes issus du service civique ou des professionnels à la retraite », suggère-t-elle.
– « Une place pour tout le monde » –
Pour financer le passage de l’examen, dont le coût moyen s’élève entre 1.600 et 1.800 euros, le rapport propose de l’intégrer au SNU, qui sera lancé en juin.
Ce SNU se décomposera en deux parties: une obligatoire, d’une durée de trois semaines, et une facultative, de trois à 12 mois.
Dans le cadre du volet obligatoire, les jeunes auraient la possibilité de passer le code, avec un coût « pris en charge par l’État ».
Ceux qui suivent le SNU « volontaire de longue durée », tout comme ceux qui s’engagent dans la réserve nationale et le service civique, auraient la possibilité de « passer l’épreuve pratique du permis de conduire, pendant cette période, à titre gratuit ».
Le rapport veut également réviser l’agrément des auto-écoles, pour lui donner une portée nationale et non plus départementale.
Cette disposition suscite une farouche opposition des auto-écoles, qui ont manifesté lundi contre ce qu’ils considèrent comme une porte ouverte aux plateformes en ligne, synonymes d' »uberisation » et de « dumping social ».
« Avec un système hors-sol (en ligne), on confisque l’accès au permis de conduire dans la France moyenne et la France profonde, là où on a le plus besoin de mobilité », déplore Patrice Bessone.
« Il y a une place pour tout le monde », assure Françoise Dumas: « Les auto-écoles ont un maillage sur le territoire qu’il faut absolument préserver (…) mais qui doit être plus structuré ».
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