Retour chez les parents : la crise sanitaire a-t-elle rapproché les générations ?
(ETX Studio) – Avec la crise sanitaire et la période de confinement, le retour des enfants chez les parents a été massif. Pas à tout à fait sortis d’affaire, beaucoup de jeunes ont décidé de rester chez leurs parents, par choix ou par obligation, pour démarrer les cours. Mais cette tendance au regroupement intergénérationnel ne date pas d’aujourd’hui.
Depuis le 7 août, Arthur, 22 ans, a repris les cours de son école de commerce à Singapour. Trop incertain de l’évolution de la situation sanitaire dans le monde, il a préféré suivre son année scolaire depuis la France. Ce qui n’est pas toujours facile. « Suivre les cours, c’est difficile à distance avec le décalage horaire. En plus, je n’ai rien fait depuis quelques mois et mon cerveau est à l’arrêt. »
En France, les universités reprennent les cours en présentiel, mais pensent à aménager les cours en ligne en fonction de la situation. À l’Université Paris 8 par exemple, des modules de formation sont proposés aux enseignants à partir du vendredi 4 septembre pour préparer au mieux la transition entre les cours en présentiel et les cours en ligne.
Aux États-Unis, plus d’un quart des universités ont choisi de donner cours en ligne, limitant le nombre d’étudiants sur les campus à des catégories spécifiques (étudiant travaillant sur le campus par exemple). « Avec la pandémie, je suis rentrée chez mes parents, tout en suivant mes cours à l’université à distance. C’était vraiment étrange, j’avais l’impression d’être de retour dans mes années lycée. Je ne sais pas comment la rentrée va se dérouler », confie Daphné, étudiante au Canada.
Un phénomène pas si récent
« On n’a plus l’habitude de cohabiter ensemble. On ne se croise pas beaucoup. Depuis que je suis à l’université dans un autre pays, on a pris l’habitude de ne plus trop se voir, donc c’est resté un peu comme ça. Je dois me réhabituer alors on essaye de se voir lors des déjeuners ou des dîners », explique Daphné. Chez Arthur, « le retour à la maison se passe plutôt bien ». Habitué à vivre tout seul depuis quatre ans, ce changement ne semble pas le gêner. « je rigole bien avec mes parents », conclut-il.
Cette tendance, qui pourrait prendre racine dans la crise sanitaire, est un phénomène remarqué depuis quelques années. Dans un dossier de la Direction de Recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS) intitulé « Vivre chez ses parents ou chez une autre personne à l’âge adulte » (2020), 70% des individus qui vivent chez leurs parents ou une autre personne sont en réalité de jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans, soit 3,3 millions de personnes. Ces données, elles-mêmes tirées d’une enquête de l’Insee en 2013, révèlent que la cohabitation entre parents et enfants plus grands augmente depuis les années 2000.
D’autres causes entrent en jeu
Si la crise sanitaire apparaît comme la cause la plus récente de ce retour express au domicile familial, des chercheurs américains de l’Université d’Austin au Texas et de l’Université du Michigan ont démontré à travers une étude sur dix ans parue en janvier 2020 que les rapports intergénérationnels devenaient une norme dans notre société. D’après eux, les causes sont multiples : l’apparition des technologies permet de garder un lien constant avec ses pairs, les tensions financières liées au climat économique favorisent la corésidence intergénérationnelle et les évènements de la vie comme les divorces ou les addictions peuvent encourager les retours et freiner les départs.
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