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Le commerce électronique en plein boom en Amérique latine

04
oct
2020

(AFP) – Coincés chez eux par la pandémie, des millions de Latino-Américains ont mis de côté leurs appréhensions à acheter en ligne, faisant ainsi prospérer le commerce électronique.

Ce boom est tel qu’il a contraint des petites entreprises et des magasins de quartier à intégrer des technologies ou à user des outils modernes de communication pour conserver leur clientèle.

« Le Covid-19 a été un accélérateur de tendances, et dans le domaine du commerce électronique il a été décisif. Plus de 10 millions de Latino-Américains qui n’avaient jamais fait d’achats en ligne le font désormais régulièrement », explique à l’AFP Oscar Silva, expert en stratégie globale de la société de conseil KPMG au Mexique.

Avec une présence dans 18 pays et un modèle commercial similaire à celui d’Amazon ou d’eBay, Mercado Libre est le grand acteur régional de ce commerce en ligne.

Alors que l’économie latino-américaine s’effondrait, la plateforme argentine a doublé ses ventes au deuxième trimestre. Le nombre d’acheteurs a augmenté de 45,2% pour atteindre 51,1 millions.

Entretemps, sa capitalisation boursière a atteint 55 milliards de dollars, ce qui la place au même niveau que la société brésilienne Vale, première entreprise d’Amérique latine.

« Les gens craignaient les fraudes ou que le produit ne soit pas comme ils l’attendaient. Il est très probable qu’un fort pourcentage de ces clients resteront après avoir vu combien le commerce en ligne est facile et efficace », prédit Oscar Silva.

– Survie –
David Geisen, directeur de Mercado Libre Mexico, la branche mexicaine de la plateforme, observe que « les utilisateurs fidèles achètent maintenant en 12 jours ce qu’ils achetaient en 17 jours avant l’épidémie, les utilisateurs fréquents en 24 jours ce qu’ils achetaient en 79, et les utilisateurs sporadiques en 29 jours ce qu’ils achetaient en presque un an ».

Au début de la quarantaine, les ventes se sont concentrées sur les masques chirurgicaux, les gels antibactériens, les thermomètres et les oxymètres. Mais peu à peu, elles se sont élargies aux biens et services.

La fièvre de consommation en ligne, alimentée par la crainte de la contagion, s’est même propagée à des économies très restreintes comme celle de Cuba, avec des ventes en hausse sur la plateforme gouvernementale « tuenvio.com ».

Le spécialiste de KPMG avertit que de nombreuses entreprises ont fait faillite parce qu’elles ne proposaient pas de vente en ligne ou étaient incompétentes.

« Les grandes plateformes sont les gagnantes, mais nous voyons aussi des entreprises de quartier qui gardent leurs clients ou en ont de nouveaux en utilisant quelque chose d’aussi simple que WhatsApp », explique-t-il.

– Allègement fiscal –
Selon la société Appsflyer, le téléchargement d’applications de « commerce électronique » a augmenté de 93% au cours du deuxième trimestre en Amérique latine, le Brésil et le Mexique étant les premiers à s’y intéresser.

La première économie régionale a vu le commerce en ligne croître de 56,8% entre janvier et août, avec un réseau de 135.000 nouveaux magasins, ce qui a été essentiel pour stimuler la reprise commerciale, selon l’Association brésilienne du commerce électronique.

Certains gouvernements cherchent à tirer profit de ce nouveau marché afin d’atténuer l’augmentation des dépenses publiques générées par le nouveau coronavirus.

Au Brésil, le ministère de l’économie cherche à appliquer une taxe de 0,2% sur les transactions électroniques. Au Mexique, il a également l’intention de taxer les ventes en ligne.

Cette quête de nouvelles ressources s’étend aux plateformes audiovisuelles en ligne ou à la demande, comme Netflix, également sorties renforcées de la crise.

L’Équateur, par exemple, leur a imposé une TVA de 12% en septembre. Les bénéfices nets globaux de Netflix ont eux augmenté de 166% au deuxième trimestre, par rapport à la même période en 2019, pour atteindre 720 millions de dollars.

Alors que le chômage touche des millions de personnes en Amérique latine, Sergio Garcia, 60 ans, garde son optimisme quant à son avenir après un an comme livreur pour un géant mondial du commerce électronique.

« Avec la pandémie, la demande a beaucoup augmenté. Si elle double (à la fin de la saison), nous allons voir une augmentation de 50% des salaires », espère-t-il.

Il gagne environ 0,30 dollar par colis livré. « Cela ne semble pas beaucoup, mais c’est plus que dans n’importe quel autre travail ».

(Crédits photo : Konstantin Kolosov / Shutterstock )


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