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Chine : plus l’air est pollué, plus les travailleurs consomment du plastique !

25
oct
2020

(ETX Studio) – Les Chinois font partie des plus gros consommateurs de repas livrés du monde. Or, cette habitude de consommation génère beaucoup de pollution plastique. Une nouvelle recherche suggère une corrélation entre la propension des employés de bureau à se faire livrer et la pollution de l’air extérieure en Chine. 

Il fait gris, froid, et le restaurant le plus proche de votre bureau nécessite au minimum dix minutes de marche. Si vous n’avez pas de cafétéria sur votre lieu de travail, la tentation de vous faire livrer votre déjeuner au bureau est grande. En Chine, ce n’est pas une météo morose, mais la forte pollution extérieure qui inciterait les employés à opter pour le service livraison.

Or, répétée sur plusieurs jours, cette habitude augmenterait considérablement les déchets plastiques générés par les emballages alimentaires, selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’université nationale de Singapour (NUS). 

Publiée dans la revue Nature Human Behaviour, la recherche s’est concentrée sur la Chine, qui compte parmi les plus grands utilisateurs de plateformes de livraison de nourriture en ligne, avec environ 350 millions consommateurs enregistrés et 65 millions d’emballages alimentaires jetés quotidiennement. Les employés de bureau contribuent à plus de la moitié de la demande, souligne l’étude.

Réalisée entre janvier et juin 2018, l’étude a passé en revue les choix de repas de 251 participants sur leur lieu de travail à partir de photographies envoyées par ces derniers (soit environ 3000 plats commandés) dans trois villes chinoises fortement polluées : Pékin, Shenyang et Shijiazhuang. 

Les données 2016 de commandes effectuées sur une plateforme de livraison de nourriture en ligne basée à Pékin (3,5 millions de plats livrés et environ 350 000 utilisateurs) ont également été analysées. Ces éléments ont ensuite été comparés aux mesures de PM2,5 (particules fines) effectuées pendant les heures de déjeuner par le réseau de surveillance de l’air des trois villes chinoises. 

43% des participants ont opté pour la livraison en cas de forte pollution

Selon les résultats de l’enquête, les informations obtenues auprès de la plateforme de livraison à Pékin ont révélé qu’une augmentation de 100 μg/m³ des PM2,5 dans l’air accroissait les commandes de repas de 7,2%. Quant aux participants, une augmentation de 100 μg/m³ de PM2,5 les inciterait six fois plus à se faire livrer au bureau. 

D’après les chercheurs, si toute la Chine était exposée un jour donné à une augmentation de 100 μg/m³ de PM2,5 (comme cela se produit fréquemment à Pékin), 2,5 millions de repas supplémentaires seraient livrés, ce qui pourrait potentiellement entraîner l’utilisation du même nombre de sacs en plastique. 

« Nos conclusions s’appliquent probablement à d’autres villes de pays en développement typiquement pollués, comme le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie et le Vietnam », alertent les chercheurs. 

Voilà qui peut inciter à débarquer au bureau le matin les bras chargés de tupperwares… Ou à défaut, de braver les dix-quinze minutes de marche qui séparent le restaurant de son lieu de travail et de s’octroyer de temps à autre le plaisir de partager un repas hors-bureaux entre collègues ou en solo. 

(Crédits photo : SetsukoN / IStock.com )


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