Et si on utilisait le nylon de nos vêtements pour recharger nos téléphones portables ?
(ETX Studio) – Recharger son smartphone uniquement grâce à nos vêtements et nos mouvements ? C’est l’idée de plusieurs ingénieurs européens, qui ont réussi à reproduire des fibres textiles « source d’énergie » à partir de nylon. Ce plastique de la famille des polyamides se trouve dans bon nombre de nos accessoires du quotidien, tels que les collants, les vêtements de sport et même certaines brosses à dents.
Réalisée en collaboration avec l’Institut Max Planck pour la recherche sur les polymères (Allemagne) et l’université de Coimbra (Portugal), cette étude se base sur la méthode de la piézoélectricité, phénomène par lequel l’énergie mécanique est transformée en énergie électrique par le mouvement. Si vous portez des collants, le simple fait de balancer vos jambes pourrait par exemple générer suffisamment de distorsions dans les fibres du vêtement pour produire de l’électricité.
Toutefois, et ce bien que ses propriétés piézoélectriques soient connues depuis les années 1980, le nylon reste un matériau « très difficile à manipuler », expliquent les scientifiques. Sous sa forme de polymère brut, le nylon prend l’aspect d’une poudre blanche pouvant être mélangée à d’autres matériaux (naturels ou artificiels). Lorsqu’il est fondu, refroidi, puis étiré jusqu’à obtenir une forme cristalline spécifique, le nylon devient piézoélectrique.
Si ce procédé permet de créer des films aux propriétés piézoélectriques, cette forme de nylon ne convient pas aux vêtements, car trop épaisse. Pour y remédier, les ingénieurs ont testé plusieurs méthodes, jusqu’à trouver la solution. Au lieu de la faire fondre, les chercheurs ont dissous la poudre de nylon dans un solvant acide et ont ensuite libéré (grâce à de l’acétone) les molécules de solvant piézoélectriques, qui étaient bloquées à l’intérieur des films.
Maintenant qu’ils détiennent la clé pour produire des fibres de nylon piézoélectriques, les scientifiques souhaitent l’utiliser pour concevoir des vêtements électroniques. Le but serait d’intégrer des capteurs dans le tissu de l’habit permettant de produire de l’énergie pendant que nous sommes en mouvement. L’électricité émise grâce aux fibres du vêtement serait stockée dans une batterie de poche, que l’on pourrait relier à un appareil par un câble (voire un système sans fil pour plus de confort).
Si l’idée surprend par son originalité, rappelons tout de même que le nylon constitue un matériau hautement polluant. Sa production, issue de la pétrochimie, génère en effet des quantités importantes de CO2. Sa désintégration pose également problème, puisque des particules de microplastique contenues dans les vêtements en nylon sont libérées lors d’un lavage en machine, dont une partie finit généralement dans la mer ou les océans…
(Crédits photo : lnzyx / IStock.com )