Comment des mesures restreintes peuvent-elles accélérer la transition écologique ? La Norvège et le Royaume-Uni ont un début de réponse
(ETX Studio) – Proposer des voitures électriques à des tarifs identiques ou inférieurs à ceux des modèles classiques, augmenter la taxe carbone sur la production d’énergies fossiles… Deux Britanniques analysent l’efficacité de deux mesures politiques pro-environnement instaurées en Norvège et au Royaume-Uni visant à accélérer la transition écologique.
Publiée dans la revue Climate Policy, l’étude a été rédigée par Tim Lenton, chercheur de l’université d’Exeter (Angleterre), et Simon Sharpe, directeur adjoint du cabinet britannique COP 26. Ces derniers décrivent deux grandes mesures efficaces, selon eux, pour réduire rapidement les émissions de carbone à l’échelle d’un pays.
« Nous avons laissé passer trop de temps pour nous attaquer au changement climatique de manière progressive. Limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2° exige maintenant un changement transformationnel et une accélération spectaculaire des progrès », clame d’emblée le professeur Lenton.
La première mesure citée dans l’article concerne l’industrie du transport routier et les véhicules électriques, qui représentent 2 à 3% des ventes de voitures neuves dans le monde. En Norvège, ce chiffre est supérieur à 50% (soit dix fois plus que dans le reste du monde), grâce à des politiques incitatives mises en place dans le pays proposant des voitures électriques à des tarifs attractifs, parfois inférieurs aux modèles diesel grâce à l’exonération de nombreuses taxes.
D’après les chercheurs, « ce point de basculement positif » (terme volontairement détourné par les auteurs, qui à la base se réfère à des seuils indiquant un épuisement des ressources des écosystèmes) se produira au niveau mondial lorsque les véhicules électriques seront proposés au même prix de fabrication que les voitures conventionnelles.
Toujours selon les auteurs de la publication, des zones géographiques clés pourraient contribuer à ce changement, notamment la Chine, l’Union européenne et la Californie, toutes trois responsables de la moitié des ventes de voitures dans le monde. Les batteries seront alors plus performantes et moins chères, ce qui favoriserait la décarbonisation du secteur de l’électricité.
Augmenter la taxe carbone pour favoriser le développement des énergies renouvables
La deuxième mesure identifiée comme « un point de basculement positif » dans cet article s’applique cette fois au domaine des énergies renouvelables. L’article mentionne l’exemple du Royaume-Uni, qui en instaurant une taxe sur le carbone le 1er avril 2013, est parvenu à rendre le gaz moins cher que le charbon.
Combiné à une production croissante d’énergie renouvelable, cela a fait basculer le charbon dans la non rentabilité et a conduit à la destruction irréversible des centrales à charbon. Selon la publication, les énergies renouvelables produisent déjà de l’électricité moins chère à échelle mondiale que les combustibles fossiles dans de nombreux pays. « Un point de basculement pourrait être donc atteint lorsque le coût du capital des centrales à charbon sera inférieur à celui de l’énergie éolienne et solaire dans tous les pays », suggère l’étude.
« Si l’un ou l’autre de ces efforts – dans le domaine de l’énergie ou du transport routier – réussit, l’effet le plus important pourrait être de faire basculer les perceptions du potentiel de coopération internationale pour lutter contre le changement climatique », estime le professeur Lenton.
(Crédits photo : Kadek Bonit Permadi / IStock.com )