Concept américain, « l’homme à tout faire » arrive en France dans les enseignes de bricolage
(AFP) – Plusieurs enseignes de bricolage lancent à quelques jours d’intervalle des services d’aide aux « petits travaux à domicile » à destination de leurs clients, en important le concept américain du « handyman », l’homme à tout faire, via des plateformes numériques en plein développement.
Leader sur le marché français, Leroy-Merlin (groupe Adeo) a tiré le premier en choisissant depuis 2015 le site Frizbiz comme partenaire.
Depuis le 21 juin, Castorama, associé à Needelp, propose dans ses 101 magasins ce nouveau service, déjà testé depuis un an chez une autre enseigne du groupe Kingfisher, Brico Dépôt, où il a déjà « convaincu plus de 30.000 clients », bricoleurs comme demandeurs.
Et jeudi matin, ce sont les trois enseignes du groupement les Mousquetaires – Bricomarché, Brico Cash et Bricorama – qui ont annoncé leur partenariat avec Youpijob, qui se présente comme « l’unique plateforme accréditée +services à domicile+ permettant de recruter, payer et déclarer » un homme à tout faire.
Ces enseignes sont parties d’un constat simple: on laisse tous « traîner » de petits travaux de rénovation, comme réparer un joint ou poser une étagère, faute de temps, par manque d’outils adaptés ou, plus souvent, parce qu’on ne « sait » pas faire.
Or, ces petits travaux ont du mal à trouver preneurs du côté des artisans, qui souvent rechignent à se déplacer pour une heure ou deux.
C’est là qu’entre en jeu l’homme à tout faire, « le Tony Micelli de la série télévisée américaine star des années 80, +Madame est servie+ », explique à l’AFP Bertrand Tournier, le fondateur de Youpijob.
– « combler un manque » –
En important « le modèle américain du deuxième ou troisième job », complémentaire à l’emploi officiel, la plateforme, créée en 2012, espère « structurer ce marché, en l’installant dans un cadre légal et autorisé », explique-t-il.
Chez Youpijob, il faut compter entre 20 et 29 euros de l’heure pour un service de bricolage/rénovation, tout compris. Chacune des plateformes propose en sus de la prestation une assurance (Axa pour Frizbiz et Youpijob, la Maif chez Needelp).
En moyenne, ces bricoleurs occasionnels gagnent entre 400 et 500 euros par mois, « ce qui leur fait jusqu’à 30% de revenus supplémentaires », d’où une hausse de leur pouvoir d’achat, et même, pour certains, une sortie de la précarité, insiste M. Tournier.
Et en acceptant d’être déclarés via l’Urssaf, ajoute-t-il, ces personnes cumulent droits au chômage et à la retraite, couverture santé et accident.
Pour les enseignes de bricolage, apporter ce nouveau service à leurs clients « vient véritablement combler un manque », selon Frédéric Boullé, responsable des services et de la relation client chez Castorama.
C’est surtout une façon pour elles de coller au plus près des attentes des consommateurs, à qui certaines, comme Mr Bricolage, proposaient déjà des comptoirs « d’entraide » réunissant vendeurs et experts, clients et artisans.
– phénomène « marginal » pour les pros –
Selon la Fédération française du bâtiment (FFB), qui a publié il y a un an une étude sur ces plateformes numériques dans le secteur, elles étaient début 2017 plus de 150, un marché dynamique à « l’évolution très rapide ».
« Aujourd’hui, notamment sur les plateformes de travaux, aucun acteur ne domine le marché et aucun modèle n’émerge comme étant le plus pertinent », affirme néanmoins la FFB.
Pour l’instant, la Fédération ne relève pas de risque concurrentiel majeur pour les artisans et les PME du secteur, « le phénomène (étant) marginal et très lié aux types de métiers et de prestations ». Ainsi, les travaux nécessitant une qualification professionnelle (électricité, plomberie, ramonage, construction) ne sont pas concernés.
Selon cette étude, les plateformes captent 11% des petits travaux et environ 10% d’entre eux sont effectués par des particuliers-bricoleurs.
Les conséquences majeures devraient se faire plutôt sentir sur les prix et les marges pratiqués par les artisans, note la FFB, son président, Jacques Chanut, craignant à terme « une forme d’ubérisation du bâtiment ».
Sachant qu’un autre danger guette le secteur: Amazon a lancé en 2015 aux Etats-Unis un service d’aide à domicile, « Amazon Home Services », proposant notamment des prestations d’artisans du bâtiment.
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