Jambon: des éleveurs pointent du doigt un étiquetage trompeur pour le consommateur
(AFP) – Des éleveurs pointent du doigt certains jambons commercialisés par des industriels agroalimentaires installés en France, qu’ils accusent de « contourner » la législation en matière d’étiquetage, une manière de faire pression pour une meilleure information des consommateurs avant le vote de la loi Alimentation.
La FDSEA de la Mayenne et la FRSEA des Pays-de-Loire ont ainsi reproché ces dernières semaines, dans plusieurs publications sur Twitter, au groupe Fleury Michon d’avoir apposé un autocollant avec une photo d’éleveurs français sur des emballages de jambon d’origine espagnole, ou au groupe Herta de ne pas préciser l’origine de sa viande de porc sur du jambon fabriqué en France.
Concernant la campagne de Fleury Michon, les éleveurs français qui ont participé au lancement d’une gamme de jambon d’origine France sans OGM et sans antibiotiques ont eu la désagréable surprise de trouver leur photo de groupe sur l’étiquette d’un sachet qui renfermait du jambon venant d’Espagne, précise Philippe Jehan, éleveur et président de la FDSEA de Mayenne et administrateur de la FNSEA.
Une rencontre a eu lieu juste avant l’été avec le groupe Fleury Michon, auquel le syndicat a fait part de ses griefs.
« On a eu une concertation avec la répression des fraudes qui diligente une enquête, dont on n’a pas les conclusions encore », a aussi affirmé M. Jehan. Contactée par l’AFP, la DGCCRF n’était pas en mesure dans l’immédiat de confirmer cette enquête.
« On peut comprendre que ça ait été mal compris ou mal interprété par les éleveurs qui sont à fleur de peau par rapport aux cours des matières premières », a répondu à l’AFP David Garbous, directeur stratégie innovation du groupe Fleury Michon, qui évoque une « action pour faire la promotion de la filière ».
« Ce n’est pas un sticker d’origine, mais qui indique +venez découvrir une nouvelle gamme+ », ajoute-t-il: « On s’est accordé avec eux pour dire que l’année prochaine, on ne le mettrait que sur les emballages des produits +J’aime+ », soit les produits directement concernés.
Selon le groupe, les sachets de jambon incriminés ne représentaient que 1% de la production hebdomadaire de l’usine concernée, soit 6.900 sachets.
Pour la FDSEA, la publication de ces griefs vise aussi à « peser sur l’importance de l’étiquetage », dans une « période de décision » avant le vote de la loi Alimentation prévu à la rentrée.
« Le texte, tel qu’il se présente, n’est pas suffisant », a souligné M. Jehan, pour qui « fabriqué en France, ne veut pas dire produit en France »: il cite d’autres produits que le jambon, comme l’aubergine ou le melon charentais.
Il souhaite permettre aux consommateurs « d’identifier le produit français, pas de dire qu’il est meilleur mais permettre aux consommateurs de choisir ».
Même chose pour l’enquête réclamée à la DGCCRF, qui doit « faire réfléchir les parlementaires sur l’opportunité de renforcer l’étiquetage », selon M. Jehan.
Le projet de loi Agriculture et Alimentation doit être à nouveau examiné à l’Assemblée nationale à compter du 12 septembre prochain.
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