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Pour le roi du bricolage Kingfisher, le règne des magasins n'est pas terminé

28
mar
2021

(AFP) – Malgré la pandémie, les faillites en série dans le commerce et le boum des achats en ligne, le patron du groupe de bricolage Kingfisher, connu pour ses marques Castorama ou Brico Deco, croit en l’avenir des magasins traditionnels.

Thierry Garnier, Français de 55 ans, est directeur général depuis 2019 et a été l’artisan du redressement du groupe britannique.

Si tant de groupes ont souffert de la pandémie notamment les magasins « non essentiels » forcés de fermer pendant des mois, Kingfisher a, lui, largement bénéficié de la crise sanitaire qui a poussé de nombreux consommateurs à soigner l’intérieur de leur maison, comme l’ont montré les résultats annuels cette semaine.

Et M. Garnier reste convaincu que les magasins ayant pignon sur rue n’ont pas dit leur dernier mot, malgré l’essor des ventes en ligne, comme il l’explique dans un entretien à l’AFP.

« Les magasins vont retrouver de l’attractivité à condition d’avoir des emplacements, même en centre-ville, pour faire de la livraison rapide ou du click and collect (retrait sur-place de commandes en ligne, ndlr) ».

La clé c’est la « vitesse » pour répondre au souhait des clients, en particulier des jeunes générations, explique celui qui a passé de nombreuses en Chine pour le groupe Carrefour et s’inspire de ce qui passe aux Etats-Unis.

C’est ce que met en pratique Kingfisher qui prévoit même d’ouvrir des magasins, y compris en France, mais de plus petite taille.

L’objectif est d’utiliser, plutôt que des entrepôts lointains, le réseau de magasins pour proposer une vaste offre en ligne et préparer les livraisons et l’expédier chez le client dans la journée.

Surtout que « quand vous êtes chez vous en train de bricoler et que vous avez besoin d’une pièce ou du pinceau, vous ne pouvez pas toujours attendre huit jours », prévient-il.

– De jeunes bricoleurs –

Kingfisher est une multinationale qui emploie 80.000 personnes et compte près de 1.400 magasins dans 8 pays, dont le Royaume-Uni et la France, ses deux principaux marchés.

Au Royaume-Uni, il possède B&Q, réservée aux bricoleurs et jardiniers amateurs, et Screwfix, destinée aux professionnels. En France, Castorama s’adresse à une clientèle généraliste, tandis que Brico Dépot propose des produits bon marché.

M. Garnier reconnaît que « la crise nous a poussé à accélérer », dans la stratégie mise place depuis fin 2019, avec l’accent mis sur les ventes en ligne, la différenciation entre nos enseignes et les réductions de coût.

Lors de l’exercice achevé fin janvier, ses résultats ont été dopés par la pandémie, avec un bond du chiffre d’affaires à plus de 12 milliards de livres, des gains de parts de marché et des ventes en ligne en expansion.

Il a dû régler de lourds problèmes opérationnels chez Castorama et Brico Dépôt qui étaient en perte de vitesse et ont désormais retrouvé du dynamisme.

Et si la croissance des ventes du groupe pourraient ralentir un peu d’ici fin 2021, surtout si les vaccins permettent un retour à la normale, « davantage de télétravail va perdurer et va soutenir le secteur de l’aménagement de la maison », estime M. Garnier.

– Pas d’effet Brexit –

S’ajoute à cette tendance l’émergence de nouveaux bricoleurs, des jeunes de moins de 35 ans.

Les tendances elles sont à peu près les même des deux côtés de la Manche. « La seule nuance notable en Angleterre, c’est l’importance accordée au jardin », selon lui.

Pour un groupe implanté à la fois au Royaume-Uni et en Europe continentale, le Brexit n’a pas eu d’impact sur l’activité.

« Nous étions bien préparés ». Nous avons eu des ajustements pendant une ou deux semaines juste au démarrage », explique-t-il.

M. Garnier est davantage préoccupé par la concurrence des géants comme Amazon.

Il a été signataire, aux côtés d’autres dirigeants, d’une lettre en début d’année demandant au ministre des Finances Rishi Sunak de baisser la taxe sur les biens commerciaux afin d’être plus compétitifs.

D’après lui, « les systèmes de taxation dans de nombreux pays ne sont pas adaptés à l’importance prise par internet dans le monde moderne, et à l’émergence du commerce en ligne ».

(Crédits photo : Philippe HUGUEN / AFP )


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