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Partie - Conscience de crises

Inflation et pouvoir d’achat : les européens encaissent le choc

6 minutes de lecture
Nous concluions le précédent Baromètre Cetelem par ces quelques phrases. « Il va de soi que l’impression d’une augmentation des prix est partagée dans de nombreux pays. La concomitance avec une impression d’une stabilité du pouvoir d’achat soulignée par les Européens met en évidence une perception et une rationalité économiques plus fines qu’il est souvent accordé aux consommateurs entre ce qui a été et ce qui sera. Prenons le pari, sauf à une inversion brutale de la courbe des prix l’année prochaine, ce qui semble improbable, que les Européens seront beaucoup plus nombreux à estimer que leur pouvoir d’achat aura alors baissé. »

L’évidence de l’inflation

Ce nouveau Baromètre vient confirmer ce qui était pressenti il y a un an. En matière d’inflation, après avoir joué les pythies, difficile de faire seulement passer les Européens pour des cassandres, tant leurs impressions rejoignent la réalité. Pour 9 Européens sur 10, la hausse des prix est une réalité constatée. Mieux encore, 7 sur 10 estiment que les prix ont nettement augmenté. À de telles hauteurs, ce n’est pas la peine de chercher des différences nationales qui n’existent pas. Tous les pays de l’étude sont au diapason quant à la hausse de l’inflation. En revanche, les pays du Nord et de l’Ouest de l’Europe soulignent plus volontiers
une nette hausse des prix par rapport à l’an dernier.
En Suède, ce score progresse de 42 %, en Italie et au Portugal de 37 % et 35 %, alors que la moyenne générale s’établit à 22 %. Avec 25 %, la France se situe dans cette moyenne.
À l’inverse, la Roumanie et la Pologne affichent les plus faibles progressions (7 % et 9 %).

Les pays du Nord et de l’Ouest confrontés à la réalité

Si l’on rapporte ces différents scores aux taux réels d’inflation, les pays du Nord et de l’Ouest semblent avoir été brusquement plongés dans un monde économique où l’inflation, endormie depuis des années, aurait été réveillée par un prince charmant maléfique. Dans les pays de l’Est européen, les taux étaient déjà élevés, le sentiment d’une progression est par conséquent moins spectaculaire.
Et si c’est en France que le pourcentage de personnes constatant une nette augmentation des prix est le moins élevé, c’est sans doute dû au plus faible taux d’inflation 2022 de tous les pays de ce cette étude.

Fig. 02 / Contexte

Des critères socio-économiques qui comptent

Sur cette question de l’inflation, il convient aussi de souligner quelques marqueurs socio-économiques mis en évidence par le Baromètre Cetelem. En termes de genre, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à souligner la progression nette de la hausse des prix (10 points d’écart). Sans doute car ce sont encore elles qui, principalement, effectuent les courses au quotidien et règlent les factures du ménage et sont donc confrontées à l’inflation concrète. En termes d’âge, les plus de 50 ans s’inquiètent davantage de cette hausse que leurs cadets (20 points d’écart entre les 50-64 ans et les 18-24 ans). En revanche, les différences sont moins marquées en fonction des revenus et du lieu d’habitation. Concernant ce dernier item, les habitants des agglomérations les moins peuplées témoignent plus fortement de leur ressenti.

Une baisse de pouvoir d’achat parallèle à la hausse de l’inflation

Nous l’avons souligné précédemment, la pertinence économique des Européens n’est plus à démontrer.
Ainsi, dans une sorte d’effet miroir par rapport à l’inflation, le sentiment d’une baisse sensible du pouvoir d’achat augmente dans une même proportion, traçant deux courbes d’évolution quasi parallèles. Plus d’1 Européen sur 2 estiment que leur pouvoir d’achat a régressé, un résultat en augmentation de 19 points en moyenne par rapport à l’an dernier. Cet effet miroir est même double puisque ce sont à nouveau les pays du Nord et de l’Ouest de l’Europe qui se montrent les plus sensibles à cette dégradation. L’Italie, la Suède et le Portugal occupent encore les premières places de ce classement, rejoints cette fois par l’Allemagne et la Grande-Bretagne. À l’opposé, les pays de l’Est européen en font une fois encore moins état, pays où les inégalités sont moins fortes que dans ceux de l’Ouest européen. Soulignons cependant que, dans l’ensemble, les écarts concernant la baisse du pouvoir d’achat sont sensiblement moindres que par rapport à l’inflation.

Fig. 03 / Contexte

La finesse du jugement économique des Européens

La réalité des chiffres concernant l’évolution du pouvoir d’achat vient conforter la pertinence des Européens. Si sa croissance reste positive dans tous les pays de l’étude, il connaît une contraction généralisée, hormis en Roumanie et au Portugal, marquée par le contre-coup du choc inflationniste et du rebond enregistré en 2021 avec l’impact atténué de la crise sanitaire.

Fig. 04 / Contexte

L’année à venir se présente sous des augures encore plus sombres, la récession faisant elle aussi son grand retour dans le vocabulaire économique, touchant de façon quasi certaine des pays majeurs comme l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Il est donc à craindre que le prochain Baromètre Cetelem reflètera cette réalité. Afin d’enrayer cette spirale, des plans de soutien et autres boucliers ont été déployés dans de nombreux pays, notamment pour permettre aux ménages de supporter les chocs énergétiques (plan d’aides de 200 milliards d’euros en Allemagne, 66 milliards en Italie, 150 milliards au Royaume-Uni, 44 milliards de bouclier tarifaire en France en 2023, après les 24 milliards en 2022). Sans compter les prestations sociales parfois importantes, comme en Italie et en France, qui contribuent à soutenir le pouvoir d’achat.

Fig. 05 Contexte

Les mêmes différences socio-économiques

Les critères socio-démographiques confortent eux aussi l’effet miroir entrevu. Ce sont à nouveau les femmes et les plus de 50 ans qui sont les plus nombreux à juger que leur pouvoir d’achat a baissé, avec un écart qui s’accentue par rapport aux hommes d’une année sur l’autre. Les habitants des villes moyennes sont aussi plus nombreux à faire le même constat. La variable « revenus » n’a toujours pas de véritable incidence sur les résultats. Alors que l’écart entre revenus élevés et revenus modestes était précédemment de 8 points, il n’est désormais plus que de 1 point.

Infographie N°3

Infographie N°4

Sous-Partie 2
Démoralisation générale
L’an dernier, nous avions quitté des Européens presque euphoriques, qui n’avaient jamais vu la situation de leur pays et leur situation personnelle sous un aussi beau jour. La note donnée à l
Sous-Partie 4
L’épargne régresse, la consommation résiste
Dans un tel contexte d’incertitudes, avec une inflation qui pèse comme cela n’a plus été le cas depuis des décennies et un pouvoir d’achat qui se contracte, on aurait pu attendre de voir les