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Partie - Moral des européens. le pire est-il passé ?

UN MORAL DES EUROPÉENS QUASI STABLE MAIS TOUJOURS EN BERNE

6 minutes de lecture

L’an dernier, après un rebond « euphorique » post-pandémie, la démoralisation des Européens était générale ! Dans les dix pays étudiés, la note de situation du pays et la note de situation personnelle chutaient. Force est de constater que l’embellie a été de courte durée et que les indicateurs économiques ont assombri le paysage à court et moyen terme.

SITUATIONS DU PAYS ET PERSONNELLE… PAS D’EMBELLIE EN VUE


Dans la lignée du Baromètre Observatoire Cetelem 2023, le moral des Européens ne s’est pas amélioré cette année et les notes sont restées quasiment stables.

Invités à décrire la situation générale actuelle dans leur pays, les Européens ne notent pas d’amélioration notable. Tous pays confondus, ils attribuent une note de 5,1 / 10, soit +0,1 point par rapport à l’année précédente (Fig. 2). Cette évaluation, tout juste au-dessus de la moyenne, ne permet pas de renouer avec le moral d’avant Covid-19 (5,4) et traduit clairement de la part des ménages une inquiétude persistante quant à l’avenir.

Comme d’habitude dans le Baromètre Observatoire Cetelem, ce pessimisme national n’est pas aussi prégnant concernant la note de situation personnelle des Européens. En effet, bien qu’également stable à +0,1 point sur un an, elle renoue avec le niveau d’avant pandémie en s’établissant à 6,0 / 10. Si, comme toujours, le jugement personnel est plus favorable que le jugement global, ce retour à la normale transcrit une adaptation au contexte et un équilibre personnel rétabli bien que sous contrainte économique.

Fig. 2 / Baromètre

LA SITUATION DU PAYS TEND À S’UNIFORMISER ENTRE PAYS EUROPÉENS


On vient de le voir, le moral des Européens concernant leur pays reste en berne. Mais ce résultat masque en réalité des tendances très différentes d’un pays à l’autre (Fig. 3a).
Dans de nombreux cas, la tendance est à l’amélioration sur un an, avec notamment une note en hausse en Pologne (+1,0 point), en Roumanie et en Belgique (+0,5 point), puis dans une moindre mesure au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie (+0,3 point). A l’inverse, deux pays voient leur note décrocher. La Suède et l’Allemagne sont les plus durement sanctionnés avec des évolutions négatives respectives de -0,6 et -0,5 point ! Des perceptions qui font écho à l’activité économique qui se contracte dans ces deux pays. Du fait de l’importance de son économie et de sa population dans l’Union européenne, l’évolution allemande pénalise la moyenne du jugement global des Européens. Dans le même temps, la France continue de faire grise mine avec -0,1 point à 4,9 / 10 pour la note sur la situation du pays. Le Portugal suit la même tendance avec une note de 4,8.

Fig. 3a / Baromètre

En prenant du recul sur les 5 dernières années, on observe que les notes de situation nationale convergent et se rapprochent sensiblement (Fig. 3b). Ainsi, l’Allemagne et la Suède, qui occupaient la tête de classement en 2019 avec des notes respectives de 6,6 et de 6,1 / 10, obtiennent en 2024 des scores équivalents à ceux des autres pays européens de l’étude. A contrario, la Roumanie qui avait la note la moins élevée en 2019 avec 4,4 / 10 rattrape son retard et rejoint la moyenne européenne cette année.

Fig. 3b / Baromètre

Au final, sur les 10 pays étudiés, l’écart entre la meilleure note et la moins bonne n’est plus que de 1 point en 2024 quand il était de 2,2 points en 2019.
Pourquoi cette convergence des notes ? Impossible bien sûr de conclure de façon affirmative mais les crises successives survenues ces dernières années sont mondiales et ne touchent non plus exclusivement un seul pays mais bien toute la planète et notamment le continent européen.
Fort logiquement, les pays qui étaient en meilleure « santé » s’en trouvent, mécaniquement, les plus impactés.

BON GRÉ MAL GRÉ, LA SITUATION PERSONNELLE SE MAINTIENT


Quant au moral personnel dont l’évolution est souvent en phase avec celle de la situation nationale, la plupart des pays ont retrouvé leur score d’avant Covid-19, à +0,1 point près par rapport à cette période (Fig. 4a). Encore une fois, l’Allemagne et la Suède se singularisent avec des reculs respectifs en cinq ans de -0,6 point et -0,5 point. La moitié de ce recul se concentre sur cette vague 2024 du Baromètre Observatoire Cetelem avec des baisses respectives de -0,3 point et -0,4 point. Ils ne sont pas les seuls à voir la note personnelle reculer. Ainsi, Royaume-Uni et Pologne sont eux aussi dans le rouge avec des baisses de -0,3 point pour chacun d’entre eux. Pour le coup, les causes en sont probablement très différentes. Leurs économies sont bien sûr frappées comme le reste des autres économies européennes, par l’inflation et l’augmentation du coût de la vie. Mais pour les Britanniques, le Brexit a aggravé la situation économique outre-Manche.
A tel point qu’une majorité de la population est désormais favorable à un référendum pour le retour dans l’Union Européenne. Du côté de la Pologne, la guerre en Ukraine a détérioré notablement la note de situation personnelle.

Le pire est derrière nous ! C’est peut-être ce que pensent les Européens. Après une crise sanitaire exceptionnelle, les tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine et ses conséquences avec l’envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires avaient suscité de nouvelles craintes. Un an après, les Européens se sont organisés et ont mis en place des stratégies d’adaptation face à cette nouvelle donne. L’amélioration de la note personnelle au Royaume-Uni en est d’ailleurs le reflet. Le plus dur semble ainsi être derrière les consommateurs.

Fig. 4a / Baromètre

ÉVOLUTION DES INDICATEURS CLÉS

Sous-Partie 1
Avant-Propos
Après une année 2022 post pandémie record, les Européens s’étaient démoralisés lors de la vague 2023 du Baromètre Observatoire Cetelem. Logique, les mauvaises nouvelles s’accumulaient et l
Sous-Partie 3
L’INFLATION, OMNIPRÉSENTE DANS LEUR ESPRIT, CONTRAINT LE POUVOIR D’ACHAT DES EUROPÉENS
Lors du précédent Baromètre Observatoire Cetelem, le choc de l’inflation était dans toutes les têtes et son impact sur le pouvoir d’achat était unanimement ressenti par les Européens. Nous