L'incroyable année du e-commerce en France pendant la pandémie
(AFP) – Plusieurs années de croissance en une seule: la Fédération de l’e-commerce et de la vente à distance (Fevad) a révélé jeudi, à quel point le commerce en ligne était devenu omniprésent dans la vie des Français en 2020, à la faveur des confinements et de l’épidémie de Covid-19.
. 13,4% du commerce de détail
Jusque là, la part des ventes en ligne ne pesaient pas plus de 10% du commerce de détail dans son ensemble, et progressait de manière régulière, d’environ 1 point par an. « Là, la progression est pratiquement de 4 points, de 9,8% à 13,4% », observe Marc Lolivier, le délégué général de la Fevad. Soit « trois ou quatre ans de croissance en une année ».
Cet essor est notamment le fait « de la digitalisation des magasins », explique-t-il. Selon la Fevad en effet, la ventes des produits a été « boostée par les commerces physiques qui ont eu largement recours à la vente en ligne depuis le début de la crise ».
La vente en ligne n’est donc pas le fait uniquement d’Amazon et autres géants du e-commerce, mais aussi de magasins physiques, très grands comme plus petits, qui y ont vu un moyen d' »amortir la fermeture de leurs magasins » du fait des confinements et autres restrictions sanitaires, estime François Momboisse, le président de la Fevad.
Attention toutefois: l’augmentation de ce poids dans le total des ventes tient aussi au fait que les ventes physiques ont fortement baissé à cause de ces restrictions. En outre, une autre fédération, Procos, représentante du commerce spécialisé, a récemment expliqué dans son bilan de 2020 que, pour ses adhérents, les ventes web n’avaient compensé « que 2 à 4% des pertes d’activités en magasins ».
. Un site chaque demi-heure
« Un nouveau site marchand toutes les demi-heures » en 2020: c’est ainsi que Marc Lolivier a imagé jeudi la progression du nombre de sites marchands lors de cette année extraordinaire. Concrètement, le nombre de sites tous produits et services confondus, est passé de 165.000 au dernier trimestre 2019, à 182.500 à fin 2020 (+17.400). Ils ont enregistré 1,84 milliards de transactions (+5,8%).
En outre, « l’achat en ligne est l’affaire de tous », note Jamila Yahia-Messaoud, directrice du département « Consumer Insights » de Médiamétrie. Selon l’Observatoire des Usages internet de Médiamétrie, 81,4% des Français ont acheté en ligne, une proportion qui monte à 91,6% pour les 35-49 ans, et 93,6% pour les CSP+. Les seniors ne sont pas en reste: 73,8% des 65 ans et plus ont déjà commandé en ligne.
Plus de 37% d’entre eux disent avoir « renforcé » leurs achats en ligne depuis le début de la crise sanitaire, notamment pour éviter « le risque sanitaire » en se rendant en magasin. Dans certains cas, commander en ligne a en outre été l’unique possibilité de se procurer certains produits.
. 112 milliards d’euros en ligne
Au global, les ventes de produits et services en lignes pour 2020 s’élèvent à 112,2 milliards d’euros sur 2020, en hausse de 8,5%, selon la Fevad. Élément a priori surprenant: c’est moins que les 115 milliards attendus par la fédération.
C’est qu’elle inclut dans son calcul des chiffres du commerce en ligne les services, dont une large part correspond aux transports, tourisme et loisirs. Avec les fermetures de frontières, les restrictions de déplacements et les incertitudes sanitaires persistantes, ce volet du e-commerce s’est logiquement effondré en 2020, de -41% selon la Fevad.
La catégorie services dans son ensemble a baissé de 10%, tandis que la vente de produits a progressé de 32%. Cela a déplacé le « centre de gravité » du e-commerce français, puisque les produits pèsent désormais 54% des ventes en ligne, contre 46% l’année précédente.
Est-ce durable? La Fevad n’a pas donné de perspectives chiffrées pour 2021, car « trop dépendantes de la situation sur les services », explique Marc Lolivier.
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(Crédits photo : filadendron / Getty images )