Comment les autres pays luttent contre le gaspillage alimentaire ?
(ETX Studio) – Taxer les gaspilleurs, ouvrir des banques alimentaires à partir des invendus des restaurants hôteliers, autoriser la vente de produits alimentaires périmés… Alors qu’un nouveau projet de loi visant à lutter contre le gaspillage alimentaire sera examiné à l’Assemblée nationale en France la semaine prochaine, zoom sur les initiatives à l’étranger pour éradiquer ce fléau mondial.
La France s’apprête à franchir une nouvelle étape dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Jeudi 11 février, le nouveau projet de loi porté par le député de la Mayenne Guillaume Garot, déjà à l’origine d’une loi votée en 2016, sera examiné à l’Assemblée nationale. Dans notre pays, le gaspillage alimentaire représente environ 10 millions de tonnes de nourriture perdue par an, soit 16 milliards d’euros.
Mais loin de se cantonner à nos frontières, le gaspillage alimentaire n’épargne aucune région du monde : chaque année, 1,3 milliard de tonnes de denrées alimentaires consommables seraient jetées à la poubelle. Un bilan qui pourrait s’avérer deux fois plus élevé, si l’on en croit une étude réalisée par des chercheurs néerlandais et publiée en février 2020 dans la revue The Lancet. Le gaspillage alimentaire représente donc un enjeu de taille, que de nombreux pays tentent de contrôler en instaurant des mesures à l’échelle nationale.
À Séoul, le consommateur-gaspilleur doit mettre la main au porte-monnaie
Championne en matière de recyclage de nourriture, la Corée du Sud est fréquemment citée quand il s’agit de lutter contre le gaspillage alimentaire. Il faut dire que ce pays d’Asie a mis en place un système bien rodé : les habitants sont soumis à des impôts supplémentaires en fonction du poids de leurs déchets alimentaires.
Chaque foyer dispose d’une carte à puce, qu’il faudra passer au moment de jeter les ordures dans une poubelle connectée mise à disposition des habitants par les municipalités. Une fois le contenu des sacs à ordure vidé, le poids correspondant aux déchets s’affiche sur un petit écran. Il est ensuite ajouté à la facture du foyer détenteur de la carte. Une mesure obligatoire et payante qui incite les habitants à moins jeter.
En place depuis 2013, ce système aurait permis de réaliser des économies budgétaires de 7 millions d’euros en termes de coups de ramassage des ordures dans la ville de Séoul, capitale de la Corée du Sud. Cette mesure gouvernementale peut sembler radicale, mais semble porter ses fruits.
Ailleurs dans le monde, d’autres initiatives méritent également d’être mentionnées. C’est par exemple le cas à Dubaï, ville des Émirats arabes unis fréquemment pointée du doigt pour l’immense gaspillage liée à son tourisme de masse. En janvier 2017, le cheikh Mohammed Ben Rachid Al Maktoum, Premier ministre et ministre de la Défense des Émirats arabes unis, a lancé un programme de banque alimentaire visant à réduire les gaspillages de nourriture des établissements hôteliers de la ville, en distribuant gratuitement les invendus alimentaires à la population locale dans le besoin.
Autoriser la vente ou les dons de produits périmés
Le Danemark et l’Italie se distinguent aussi par leurs mesures visant à réduire le gâchis de nourriture. À l’origine d’un vaste programme de subvention lancé en 2016, le Danemark a également légalisé la vente de denrées alimentaires périmées, à condition que les produits répondent à un étiquetage strict et ne présentent aucun risque pour la santé.
Quant à l’Italie, le pays a adopté une mesure similaire à la France interdisant aux supermarchés de jeter leurs invendus. La loi a été pensée pour facilite les dons des invendus aux associations et aux entreprises, y compris lorsque la date limite de consommation des aliments est dépassée.
(Crédits photo : Pixavril / IStock.com )