Consommation: les distributeurs à l’assaut des centres-villes
(AFP) – Livraison à domicile, restauration sur place, ouverture 24H/24… Dans les centres-villes, et notamment à Paris, les enseignes de grande distribution rivalisent d’initiatives pour se démarquer de la concurrence, avec l’objectif affiché d’être au plus près du consommateur.
La capitale est même devenue le foyer de la bataille que se livrent les distributeurs pour se tailler la part du lion. Lundi, Leclerc y débarquait avec un service de livraison à domicile, quand Monoprix annonçait une alliance inédite avec Amazon pour proposer ses produits alimentaires aux clients du service de livraison express (en moins de deux heures) du géant américain.
« La proximité avec les consommateurs est redevenue pertinente, d’où le retour du commerce dans les centres-villes avec des formats plus réduits (les supérettes et les supermarchés, NDLR) et une offre aussi large que possible », souligne auprès de l’AFP Olivier Salomon, spécialiste de la distribution et directeur au sein du cabinet de conseil AlixPartners.
Une tendance liée selon lui aux évolutions de consommation des Français qui cherchent à optimiser au mieux leur temps.
« C’est particulièrement vrai dans les grandes villes et à Paris », abonde M. Salomon, alors que parallèlement, le modèle de l’hypermarché est de plus en plus remis en question.
Le phénomène parisien est même « spécifique », car la ville a été verrouillée par les deux géants de la distribution que sont Carrefour (avec ses enseignes Carrefour, City, Express, etc.) et Casino (Casino, Franprix, Monoprix…) analyse pour sa part Yves Marin, expert consommation au sein du cabinet Wavestone, interrogé par l’AFP.
Dans ce paysage, la livraison s’affiche comme un marché de plus en plus porteur pour les enseignes. « L’arrivée du numérique et des standards de consommation imposés par Amazon ont changé les attentes des consommateurs », souligne l’expert, en particulier sur la livraison à domicile.
– Lieu de vie –
La livraison express est même devenue un argument pour des citadins pressés, certaines enseignes, comme Carrefour, promettant la livraison à domicile en une heure.
Mais ce type de livraison « va de pair avec les difficultés logistiques », comme trouver une place de parking, ou celles liées au transport de produits frais, « d’où le fait qu’une multitude de solutions ont commencé à émerger », complète M. Salomon.
Comme par exemple les « drive piétons » promis par Leclerc en 2020 à Paris, qui permettent au consommateur ne disposant pas de voiture de récupérer ses courses commandées sur internet dans un magasin de centre-ville.
Pour contrer Leclerc, Carrefour se lance aussi sur ce créneau, en misant début avril sur la ville de Lyon avant de se déployer dans la capitale.
« C’est la logique de la marchandise qui vient le plus près possible du client », analyse Yves Marin, « avec un éclatement du modèle économique basé sur le magasin physique ».
Les réseaux physiques ne sont pas pour autant en reste, et ont misé ces dernières années sur une multitude de services, entre le supermarché et la restauration sur place.
Ainsi, Carrefour a lancé en 2015 son enseigne dédiée au grignotage « Bon App », venue concurrencer les Monop’Daily. Franprix propose quant à lui des espaces pour manger, avec des rôtisseries, des quiches ou encore des pizzas, en mettant à disposition des micro-ondes. L’enseigne a même annoncé lundi l’ouverture 24H/24 d’un de ses magasins parisiens, en laissant la place à partir de 21H00 aux caisses automatiques.
« Quand on est distributeur et qu’on a un actif, notamment par rapport aux acteurs de l’internet, l’objectif est de valoriser au mieux ce réseau et faire en sorte que le point de vente soit un lieu de vie aussi attractif que possible, où le consommateur va pouvoir trouver une multitude de choses », conclut Olivier Salomon.
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