Au coeur de Paris, la voiture électrique « oui, mais pas tout de suite »
(AFP) – Au milieu de l’agitation de la Place de la Concorde, à Paris, des dizaines de voitures électriques sont garées dans l’attente d’un essai. Quelques badauds s’approchent, certains prennent le volant, ravis, mais pas encore prêts à franchir le pas.
« Je vais souvent dans l’Aveyron. Partir avec ça, c’est comme partir à cheval », plaisante Guillaume Magne, 18 ans, en montrant la citadine électrique Citroën C-Zero qu’il vient d’essayer.
Cet étudiant en droit et histoire de l’art vient d’obtenir son permis. « L’électrique… Je ne suis pas déçu. C’est agréable. Mais le problème c’est l’autonomie, insuffisante pour l’instant ». Il est persuadé que « sur l’autoroute, les bornes de recharge sont souvent en panne. Il y a un problème d’infrastructures en France », lance-t-il.
Sous un soleil radieux, au milieu du Paris de carte postale, entre l’Assemblée nationale et l’hôtel de Crillon, on ne se bouscule pas autour des modèles exposés sous une bannière Mondial de l’Auto. Le salon parisien met pourtant les voitures gratuitement à disposition pour 30 minutes d’essai avec un accompagnateur.
L’électrique « c’est franchement bien. C’est l’avenir », assure Marc Fiot, un retraité de 70 ans, passionné d’automobiles et venu de Toulon spécialement pour le salon dont il n’a pas manqué une édition depuis 1966.
Après un essai en Renault Zoe, il se dit intéressé « mais pas tout de suite ». « Ce qui nous arrête c’est le prix, c’est un peu cher pour une petite voiture », explique-t-il. Comme il emménage bientôt en appartement, il pense qu’il y aura « peut-être un problème pour installer une borne de recharge dans le parking ».
Surtout, il craint que la technologie ne soit pas mûre. « Je pense qu’il faut attendre que l’électrique se généralise et que des standards s’imposent pour les recharges ».
Le centre d’essai, qui vise à faire découvrir la voiture électrique au plus grand nombre, accueille le public tous les jours de 10H00 à 18H00 jusqu’au 14 octobre. Selon les organisateurs, 6.000 à 7.000 essais sont prévus, avec 33 véhicules mis à disposition par 11 constructeurs.
Plusieurs modèles ne sont pas disponibles à l’essai, comme cet engin de course, une Formule E de DS, devant laquelle de nombreux touristes s’arrêtent pour prendre des selfies.
– Prix de l’essence –
Olivier Martin, commercial de 50 ans, habite Paris. Il n’a plus de voiture depuis 4 ou 5 ans et « n’envisage pas d’achat bientôt ». Pourtant, il est venu s’asseoir dans une berline hybride, la Lexus LS 500h. « Mon objectif c’est de tout essayer », dit-il, alors qu’il vient de renoncer à prendre le volant à cause du trafic très dense dans le quartier.
Plus loin, un agent d’accueil confie que des provinciaux ont décliné sa proposition d’essai par peur du trafic dans Paris.
Sur la place de la Concorde, on respire les gaz d’échappements et les oreilles bourdonnent après avoir écouté trop longtemps les concerts de klaxon et les motos pétaradantes au milieu du chaos urbain.
« C’est très silencieux, on entend les moteurs des autres voitures », confie Annie Neuder, une retraité parisienne de 71 ans, en sortant d’une Zoe. « J’ai été très surprise de l’accélération », ajoute-t-elle. « C’est très agréable malgré la circulation, si je ne faisais que des trajets en agglomération c’est le genre de véhicule que je prendrais… », assure son mari, Michel, qui tenait le volant.
Mais il ajoute aussitôt: « le problème c’est l’autonomie ». « Je ne me vois pas avoir deux véhicules, un pour Paris et un pour les voyages plus longs. Cette voiture peut parcourir jusqu’à 300 km sans recharge, pas sûr que ce soit suffisant ».
David Kihouba, un pharmacien de 28 ans, qui habite une maison individuelle dans le Val d’Oise, s’est arrêté devant une petite citadine, Smart Fortwo EQ. Lui, envisage de franchir le pas, et va organiser un essai près de chez lui.
Il trouve que l’électrique serait « raisonnable pour faire les trajets domicile-travail, soit 35 km deux fois par jour » et il pense d’abord aux coûts. « Le prix de l’essence ne va faire qu’augmenter. La question se pose de passer à l’électrique ».
(Crédits photo : ERIC PIERMONT / AFP )