Champion de l’électricité verte, le Costa Rica veut mettre les voitures au courant
(AFP) – Le Costa Rica, qui se vante d’être champion de l’électricité renouvelable (98,5% de sa consommation), mais dont les rues sont encombrées de voitures polluantes à essence ou diesel, veut verdir son parc automobile et développer le rail.
Pour l’heure, sur 1,4 million de véhicules privés, seules 600 voitures électriques circulent dans ce pays où les automobilistes affectionnent le 4×4 ou le gros pick-up. Mais les experts assurent que la tendance à l’électrique est en train d’émerger.
Ces six cents véhicules, c’est déjà le double en un an, et selon une étude de l’Université du Costa Rica, « en cinq ans, nous pourrions avoir 40.000 véhicules électriques » dans le pays, fait valoir Bernal Muñoz, directeur pour la mobilité électrique de la compagnie publique d’électricité (ICE).
L’ICE, qui détient le monopole de la production et de la distribution électriques, a montré l’exemple en remplaçant une centaine de ses véhicules à moteur thermique par des électriques.
– Nouveau président, nouveau cap –
« L’objectif, c’est de démontrer que le véhicule électrique est parfaitement adapté aux conditions du pays, avec sa topographie accidentée, montagneuse », explique Bernal Muñoz à l’AFP.
L’administration postale s’est mise dans la roue de l’ICE, en mettant en circulation une trentaine de motos électriques pour ses facteurs.
Le cap a été fixé par le nouveau président Carlos Alvarado lui-même, dès sa prise de fonction en mai dernier. Il a comparé le défi de la « décarbonisation » de l’économie du Costa Rica à l’abolition historique de l’armée par ce petit pays centroaméricain en 1948.
Le Costa Rica a mis à profit les caractéristiques d’un pays tropical montagneux et volcanique, entre éolien, hydroélectricité, solaire et géothermie. Cela lui permet d’être depuis quatre ans à un petit 1,5% de l’autosuffisance totale en électricité renouvelable.
Ce pays de cinq millions d’habitants, qui veut notamment son image de destination touristique verte, est ainsi particulièrement bien placé pour mettre le transport au courant électrique, relève l’économiste Carlos Echeverria, spécialiste de l’énergie pour la Banque interaméricaine pour le développement (BID).
Actuellement, le transport compte pour 66% de la consommation d’hydrocarbures au Costa Rica, et pour 54% des émissions de CO2 (1,7 tonne de CO2 par an et par habitant entre 2011 et 2015), selon le ministère costaricien de l’environnement.
L’épouse du président Alvarado, Claudia Dobles, a été chargée de superviser la mise en oeuvre de cette orientation stratégique. Architecte de formation, la « Première dame » s’est en effet vu confier le dossier de la rénovation urbaine, dont le transport est l’un des gros morceaux.
– « Laboratoire de la décarbonisation » –
« Le gouvernement veut faire du Costa Rica un laboratoire de la décarbonisation de l’économie et, pour cela, le transport est un enjeu fondamental », souligne M. Echeverria, pour qui le pays centroaméricain a conquis une position de leader régional pour la mobilité électrique.
Pour favoriser la conversion du parc automobile, une loi prévoit désormais des exemptions fiscales pour l’achat de voitures électriques par les particuliers. Des pourparlers sont également en cours avec les entreprises privées de transport routier de passagers pour les inciter à s’équiper en bus électriques.
De même, l’État projette de créer une ligne ferroviaire électrifiée pour le transport de passagers entre les principales villes du pays, et une autre pour le fret pour desservir la zone portuaire de Limon (côte caraïbe), principal point de passage pour l’importation et l’exportation de marchandises.
Nissan, Hyundai et BMW sont les trois constructeurs automobiles qui proposent des véhicules électriques neufs au Costa Rica, à des prix allant de 30.000 à 50.000 dollars. Elles sont souvent hors de portée de la classe moyenne, en dépit des économies en carburant et maintenance – environ 130 dollars par mois, selon un costaricien converti à la voiture électrique consulté par l’AFP.
Aussi, les avantages fiscaux ont-ils été étendus à l’achat de véhicules d’occasion, vendus à moitié prix.
Mariano Avalos, un importateur de voitures électriques d’occasion des États-Unis se frotte les mains. D’un véhicule vendu en cinq mois il y a un an et demi, il est passé à quatre ventes par mois, et table sur une dizaine par mois en 2019.
(Crédits photo : 3alexd / IStock.com )