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Comment la monnaie locale favorise « le lien humain et la relation de confiance »

27
mai
2021

(ETX Studio) – Engagés dans une démarche citoyenne et participative, les Français deviennent plus sensibles aux monnaies locales. Mais bien qu’elles favorisent la solidarité, les dynamiques territoriales, et un nouvel espace de citoyenneté, le temps est l’investissement le plus important et le plus difficile à maintenir chez les bénévoles et  les adhérents.

Payer autrement qu’en euro ou avec la devise propre à son pays, c’est parfois possible grâce aux monnaies locales complémentaires (MLC). Développées dans le monde entier, ces monnaies existent dans des territoires géographiques précis, comme les régions, communautés d’agglomération, ou les communes. 

D’après le rapport sur l’utilité sociale des MLC réalisé par le Mouvement SOL et publié en avril 2021, les MLC ont des retombées positives sur l’environnement, l’engagement citoyen, renforçant la solidarité entre les acteurs des territoires.

Les Français de plus en plus sensibles aux MLC 

En France, il en existe 82, ce qui fait de l’Hexagone, « le pays européen accueillant le plus grand nombre de monnaies locales en circulation ». 

Et les nombreuses associations porteuses de ces monnaies travaillent à l’éducation de cette économie locale autour d’elles, à travers des réunions d’information publiques et des actions de vulgarisation. En 2019, les associations ont organisé une quinzaine de réunions en moyenne. De plus en plus d’adhérents se rendent à ces réunions et participent aux événements organisés par leurs monnaies locales.

Grâce à ces vulgarisations, les Français s’intéressent de plus en plus aux économies alternatives, comprennent les enjeux environnementaux, sociaux et démocratiques et ne voient plus d’un mauvais œil les pratiques économiques. 

Selon le sondage publié dans le rapport, deux tiers des adhérents aux MLC ne considèrent plus « le sujet [financier] comme obscur », alors qu’un Français sur deux déclare être à l’aise sur les questions économiques en règle générale (selon un sondage IFOP de 2017). « C’est donc 20% de plus que dans la population générale, ce qui confirme le travail de démocratisation des savoirs économiques et financiers entrepris par les associations de monnaies locales », se félicitent les auteurs de l’étude.

L’émancipation individuelle et collective

Le développement du territoire, les principes de démocratie participative, la solidarité qui en découle… Les axes de la monnaie locale passent par le collectif, « le faire et décider ensemble ».

La plupart des associations naissent grâce à des collectifs de citoyens et citoyennes voulant se « réapproprier l’outil monétaire en le réinventant par le bas ». Les citoyens s’épanouissent individuellement dans le collectif et favorisent le développement d’un groupe. 

« Les discussions se font en utilisant des processus démocratiques qui permettent au groupe de collaborer et de fonctionner efficacement en garantissant la liberté, mais aussi la responsabilisation de chacun », explique le rapport.

Ainsi cette philosophie de l’intelligence collective, permet aux adhérents de s’émanciper : 80% des bénévoles ont le sentiment d’avoir développé de nouvelles compétences dans divers domaines. 

Investir du temps

« Ensemble, on va plus loin », est finalement le proverbe qui pourrait qualifier l’idéologie des monnaies locales. Mais quelques limites se dessinent. La première étant les frontières géographiques : les MLC se concentrent dans de petits territoires et ne devraient pas -du moins demain- s’imposer comme le principal mode de paiement puisqu’elles sont complémentaires. 

La mise en place d’une telle initiative demande du temps à investir dans les premiers temps, pour réunir la population et des partenaires autour du projet. 

Sur le site de ressources documentaires CITEGO, Miguel Iturra, consultant dans la création d’entreprises de l’économie sociale et solidaire, revient sur le projet de Bou’Sol, la monnaie locale créée à Boulogne-Sur-Mer (Pas-de-Calais) : « Ce temps est difficile à valoriser car c’est du temps bénévole et il faut réussir à mettre autour de la table différents partenaires. A Boulogne-sur-Mer, le crédit municipal de Boulogne est devenu la banque de Bou’Sol, tandis que la Communauté d’Agglomération a fait le soutien technique puis financier du projet ».

(Crédits photo : Kadek Bonit Permadi / IStock.com )

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