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Danone: en 100 ans, le fabricant de yaourts est devenu un géant mondial de l’alimentation

05
mai
2019

(AFP) – Danone souffle ses 100 bougies: fruit de la rencontre entre un fabricant de yaourts de Salonique installé à Barcelone et un verrier français, le géant de l’agroalimentaire est à la croisée des changements majeurs qui bousculent l’alimentation, la santé et l’environnement.

L’histoire débute quand Isaac Carasso, juif séfarade dont la famille a été chassée d’Espagne plusieurs siècles auparavant, quitte Salonique avant la première guerre mondiale pour s’installer à Barcelone.

Il y lance en 1919 la production industrielle de yoghourt, produit courant dans les Balkans mais inconnu en Espagne, en s’inspirant des découvertes en immunologie du prix Nobel de médecine Elie Metchnikoff, de l’Institut Pasteur.

Il nomme son produit Danone, le diminutif de Daniel, prénom de son fils unique.

C’est grâce à Daniel que Danone s’installe en France par la suite. Il crée en 1929 la Société parisienne du yoghourt Danone après être venu se spécialiser à l’Institut Pasteur sur les pratiques bactériologiques.

Pendant la guerre, Daniel Carasso quitte Paris occupé pour se réfugier à New York. Il rachète une fabrique artisanale de yaourts dans le Bronx et créé la société Danone Milk Products en 1942.

C’est également à New York qu’il rencontre Raymond Loewy, designer industriel et graphiste français, qui lui conseille d’américaniser le nom de sa société, qui devient Dannon outre-Atlantique, et lui offre un nouveau logo.

De retour en Europe après la guerre, Daniel Carasso reprend les activités de Danone. En 1967, le groupe laitier se marie avec Gervais pour devenir le premier groupe alimentaire français puis fusionne avec le groupe verrier BSN, présidé par Antoine Riboud.

« Mon rêve était de faire de Danone une marque mondiale. J’en étais à ces réflexions lorsque j’ai rencontré Antoine. Nos stratégies coïncidaient: lui voulait étoffer son offre alimentaire, nous voulions nous développer à l’international », racontait M. Carasso.

– Double projet économique et social –

Antoine Riboud s’est illustré en prononçant en 1972 le discours de Marseille devant les grands patrons du CNPF, ancêtre du MEDEF.

« Il n’est pas possible d’admettre que la croissance abandonne derrière elle autant de laissés pour compte, et surtout les travailleurs. C’est une question de conscience collective », assène-t-il durant ce discours qui installera son image de dirigeant réformateur prônant un double projet économique et social.

Durant les années suivantes, Antoine Riboud se lance dans une boulimie d’achats qui verra BSN, renommé Danone en 1994, s’internationaliser et posséder plus de 300 marques.

Conséquence de cette croissance, le capital du groupe a été fortement dilué et les familles Carasso comme Riboud représentent moins de 1,5% aujourd’hui.

C’est Franck Riboud, un des fils du fondateur, intronisé PDG en 1996, six ans avant la mort de son père, qui va ensuite conduire le recentrage sur les produits laitiers, les eaux et la nutrition infantile.

Danone se sépare alors du champagne Lanson, des biscuits Lu, des pâtes Panzani, de la moutarde Amora, des soupes Liebig, des conserves William Saurin et du mythique Carambar pour préserver l’indépendance du groupe et l’aider à grandir face à Nestlé, Unilever, Kraft ou Coca-Cola.

Mais pour gagner ses galons de patron, Franck Riboud a dû se frotter aux actionnaires activistes réclamant sans cesse plus de productivité et accepter de supprimer de nombreux postes en Europe, notamment en France, alors que le groupe se développe dans le monde entier, notamment dans les pays émergents.

Franck Riboud cède à son tour sa place à son poulain, Emmanuel Faber, fin 2017, après avoir mené le rachat de WhiteWave, roi du bio aux Etats-Unis.

Pour assurer la longévité du groupe dans un monde où les consommateurs commencent à se détourner des produits industriels jugés peu sains, comme le montrent les déboires du géant Kraft Heinz aux Etats-Unis, le nouveau patron de Danone vante aujourd’hui la « formidable capacité d’adaptation » du groupe.

Il entend de miser sur « les liens entre la santé, l’alimentation, l’environnement et les évolutions sociétales », pour orienter la stratégie d’un géant qui emploie 100.000 personnes et a réalisé 24,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018.

(Crédits photo : Istock/Karisssa )


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