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Distribution: les « drive piétons » tissent leur toile en France

18
jan
2019

(AFP) – Les « drive piétons », qui permettent de récupérer gratuitement ses courses commandées sur internet dans un magasin de centre-ville au prix d’un hypermarché, essaiment partout en France, une alternative à la livraison à domicile.

Le premier « retrait piéton » en France a ouvert en septembre 2016 à Metz, une idée de l’enseigne Cora, essentiellement présente dans l’est de la France.

A l’origine, racontait à l’automne à l’AFP son directeur informatique, Philippe Courqueux, c’était pour « combiner deux attentes: celle des collaborateurs des +drives+ qui se plaignaient de ne plus voir le client et celle des consommateurs désireux de davantage de contact ».

Depuis, l’enseigne en a ouvert deux autres, ainsi que 13 « points de retrait CoraDrive », installés chez des commerçants indépendants.

Selon une étude du magazine spécialisé Linéaires, les « drive piétons », installés dans des petits locaux (environ 50 m2), sont désormais au nombre de 111 dans l’Hexagone.

« Le parc a été multiplié par quatre depuis la fin du premier semestre 2018, date du précédent recensement » effectué par le mensuel, ce qui montre l’engouement de la grande distribution pour ce concept original, malgré une dénomination en forme d’oxymore.

– Conciergerie –
En quelques mois, Carrefour, qui a ouvert ses premiers « drive piétons » en avril à Lyon et Saint-Etienne, est devenu le leader de ce nouveau format, avec 42 implantations désormais, dont 31 rien qu’à Paris.

« Notre atout, c’est notre maillage du territoire, chaque Français étant distant à moins de huit minutes d’un de nos magasins », avait affirmé en avril Marie Cheval, alors directrice en charge du numérique chez Carrefour.

Interrogée par l’AFP sur le nombre de personnes fréquentant ces points de retrait, l’enseigne répond qu’il est encore « trop tôt » pour communiquer.

Ces « drive piétons » s’appuient sur de grands entrepôts mécanisés, intitulés « plateformes de préparation de commandes », (PCC), installés en périphérie des grandes villes et qui servent également à assurer la préparation des commandes faites pour les « drives » classiques.

Intermarché, qui a mis en place un service un peu similaire via 28 casiers automatiques, alimentés par un « drive » des environs, a ouvert son premier « drive piéton » à Paris en octobre.

Un service que propose également Auchan qui, outre un « drive piéton » dans le centre de Lille, ouvert également en octobre, dispose de six casiers automatiques implantés à côté d’entreprises, recense Linéaires.

Ce service répond de manière « pertinente aux besoins sociétaux » des consommateurs urbains, une sorte de « conciergerie qui réanime les quartiers », analyse pour l’AFP Jean Cailliau, expert au sein de la banque d’affaires Bryan, Garnier and Co.

De plus, « c’est la réponse gagnante, économiquement parlant, de la grande distribution à la livraison à domicile: des loyers moindres, peu de personnel et c’est le client qui assure lui-même la livraison », au lieu d’être confiée à un prestataire, souligne M. Cailliau.

– adaptation aux « aléas » –
Le groupe Casino est plus circonspect: « je n’y crois pas une seconde » affirmait ainsi récemment aux Echos, Régis Schultz, le président de Monoprix.

« Cela ne répond pas aux besoins des urbains (…) nécessite de retransporter des courses alimentaires, par définition lourdes et volumineuses (…) ce n’est pas bon pour l’environnement et cela encombre l’espace public ».

Leader en termes de parts de marché sur le secteur des « drives » classiques, les centres E.Leclerc se sont engouffrés dans la brèche: la semaine dernière, leur président, Michel-Edouard Leclerc, inaugurait son premier « Leclerc-relais » de la capitale, avec l’ambition d’en ouvrir « à terme 3 à 4 par arrondissement ».

« En 2019, une dizaine de nouveaux E.Leclerc Relais parisiens ouvriront leurs portes », ajoute l’enseigne, qui en compte pour l’instant 13 en France.

Le groupement cible « des paniers à 50 euros en moyenne, donc plutôt des étudiants ou des mono-foyers », qui trouveraient son principal concurrent, Monoprix, « trop cher », explique à l’AFP Sébastien Macherey, directeur général de sa filiale Parisnordis.

« Pour l’instant, on découvre le +business+, les clients aussi, il y aura sûrement des adaptations à faire vers plus de flexibilité », a-t-il expliqué, notamment face « aux aléas de la vie parisienne », en terme de temps de transports et d’horaires.

(Crédits photo : AFP PHOTO / ERIC PIERMONT )


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