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En attendant la voiture volante

16
mai
2019

(AFP) – VivaTech à Paris ne fait pas exception: comme souvent dans les salons automobiles ou d’innovations, des maquettes et projets de voiture volante seront là pour en mettre plein les yeux. Mais la mise en circulation semble encore lointaine, entre réglementations rigoureuses et interrogations sur la sécurité.

La voiture volante est un vieux rêve, régulièrement présentée « comme la représentation d’un futur inatteignable », explique Patrick Gyger. Le directeur du Lieu Unique à Nantes a écrit deux ouvrages sur le sujet, dont le second est à paraître fin mai (éditions Favre). 

« Quasiment à partir du moment où il y a eu des voitures et des avions, il y a eu des voitures volantes », rappelle-t-il, avant que le développement des vols commerciaux à bas prix et l’essor de la location de voitures ne rendent ce modèle « d’emmener sa voiture dans l’avion » moins pertinent.

– « Avions multi-rotors » –

Aujourd’hui, géants des transports, automobiles, aéronautiques, taxis, s’intéressent à nouveau au sujet: mi-février, la revue technologique du prestigieux Massachusetts Institute of Technology dénombrait au moins 20 voitures volantes en projet, émanant pour certains de groupes comme Airbus, qui a annoncé mercredi analyser avec la RATP « les conditions d’un développement » d’une offre de services de véhicules volants « à coût maîtrisé », ou Uber, très ambitieux sur son projet « Elevate ».

Mais s’agit-il encore de « voitures volantes »? « Ce à quoi ce terme fait référence la plupart du temps, c’est à une nouvelle génération d’avions multi-rotors conçus pour transporter une ou plusieurs personnes », nuance Levi Tilleman, analyste spécialisé en véhicules autonomes pour Valence Strategic.

Ce sont notamment des véhicules VTOL, pour « vertical take-off & landing » (décollage et atterrissage verticaux), dont la plupart ont des ailes fixes, comme le Vahana d’Airbus. 

Début avril, un journaliste de l’AFP avait aussi testé en Autriche le taxi-drone développé par la société chinoise Ehang, un véhicule sans pilote qui, avec ses huit paires d’hélices horizontales, tient plus de l’hélicoptère que de l’avion ou de la voiture.

« Ce ne sont pas des objets de libération ou de liberté » comme avait été pensée la voiture volante à l’origine, mais « plus des taxis automatisés », commente Patrick Gyger.

Romuald Ferriol, de la société HoverTaxi installée au Castellet, dans le Var, défend quand même la « pléthore d’applications » imaginable pour son propre prototype, un véhicule VTOL à propulsion « 100% électrique », mais avec un pilote, et qui sera présenté lors de VivaTech.

« Proposer des trajets d’un point A à un point B, offrir un réseau global avec par exemple la couverture d’une région, des opportunités touristiques, ou encore dans l’évènementiel », détaille-t-il, en promettant avoir « la certitude qu’en 2022 on devrait faire nos premières lignes », avec un coût de course « équivalent à celui d’un taxi classique ».

– Horizon 2023 pour Uber? –

De son côté, Uber s’est fixé 2023 comme horizon pour « développer une offre aérienne qui soit sécurisée, discrète et environnementalement consciente ». Des tests sont annoncés pour 2020 par l’entreprise qui « travaille étroitement avec les législateurs locaux et fédéraux ». 

Ce genre de taxi volant « va faire partie du futur des transports », concède Levi Tillemann, mais le spécialiste américain nuance: « à moins de changements significatifs, ils ne vont pas jouer un rôle majeur avant longtemps ». « Ces véhicules sont lourds, bruyants, des gouffres énergétiques et potentiellement très dangereux par rapport aux voitures qu’on utilise aujourd’hui », détaille-t-il. L’accès aux airs est en outre très réglementé.

« Ca ne veut pas dire qu’il n’y aura pas des formes de voitures volantes, mais ce ne sera en tout cas pas des objets qu’on pourra utiliser comme bon nous semble », abonde Patrick Gyger.

Des prototypes font quand même perdurer le rêve. La start-up slovaque Aeromobil doit exposer samedi porte de Versailles un modèle STOL, pour « short take-off and landing », dont les ailes escamotables le rapprochent bien plus de la voiture volante.

Le modèle 4.0 est disponible en pré-commande, mais le prix unitaire est supérieur au million d’euros, et l’entreprise indique à l’AFP qu’il « sera testé pour le vol plus tard cette année »… En affirmant que la voiture volante « est sans aucun doute en train d’arriver dans les deux ou trois prochaines années ». 

(Crédits photo : JOEL SAGET / AFP online only)

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