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Flambée des carburants: l’éco-conduite peut adoucir la facture

03
oct
2018

(AFP) – Au moment où les prix des carburants repartent vers les sommets, la pratique de l’éco-conduite permet de limiter les dégâts pour le portefeuille, en réapprenant à manier l’accélérateur sans pour autant adopter un rythme « pépère ».

De nombreuses entreprises entretenant une flotte de véhicules encouragent leurs employés à perfectionner leur technique au volant, avec des bénéfices immédiats: La Poste, l’un des « pionniers en France », affirme économiser ainsi « dix millions d’euros tous les six ans ».

« 80% des problèmes viennent de 20% des conducteurs et le nombre d’accidents importants a diminué de 15% en moyenne » depuis que les employés ont été sensibilisés à l’éco-conduite, précise à l’AFP Delphine Janicot, directrice générale de Bemobi, l’unité d’affaires éco-mobilité de La Poste.

« Notre taux de responsabilité pour les assurances a aussi baissé de 10-12%, et nos amendes de 20%. »

« Conduire de façon souple et fluide », « privilégier le rapport de vitesse supérieur », « utiliser l’élan », « couper le moteur en arrêt prolongé » sont quelques-unes des règles d’or de l’éco-conduite.

D’abord confidentielle, cette pratique s’est démocratisée lors de la dernière décennie. Des assurances proposent des bonus en cas de stage, des applications grand public voient le jour et de plus en plus d’entreprises, par choix ou par contrainte législative, sensibilisent leur salariés.

« En 2007, on a expérimenté tout ce qui existait à l’époque pour caler un programme. On a mis quatre ans à former nos 100.000 facteurs et les commerciaux », rappelle Mme Janicot.

– La bonne technique –
La Poste crée ensuite sa filiale en 2009. Aujourd’hui, elle a formé plus de 60.000 personnes étrangères au groupe, compte environ 500 clients (entreprises et institutionnels), emploie une trentaine de salariés et réalise quatre millions de chiffre d’affaires annuel.

D’autres centres de formation sont apparus, comme la société Beltoise Evolution, qui propose des stages sur son circuit de Trappes (Yvelines). La bonne technique fait toute la différence, comme l’a constaté ce stagiaire qui a consommé 15% de moins sur un tour, tout en le bouclant 21% plus vite que lors de son premier essai.

Des gains qui représenteraient, pour 30.000 km parcourus par an, pas moins de 427 euros d’économie.

« La durée de vie des pièces d’usure, le plus gros budget d’un véhicule devant le carburant, peut également doubler entre deux conducteurs », explique Thierry Giard, responsable Etudes et Conseils de Beltoise Evolution.

« Quand les prix des carburants augmentent, les Français limitent leurs déplacements », constate Christophe Ramond, de la Prévention Routière, au moment où le baril de pétrole est au plus haut depuis 2014.

« C’est une préoccupation, car cela touche au budget. Aujourd’hui, plusieurs facteurs se conjuguent, dont un enjeu écologique. Les constructeurs ont des objectifs en matière de rejet de CO2 », rappelle-t-il.

– Des applis pour rester motivés –
« Certains automobilistes disent qu’ils savent déjà conduire et se demandent pourquoi on les envoie », observe Thierry Giard, mais « à la sortie, il y a 98% de taux de satisfaction ».

« Nos stagiaires sont un peu choqués car ils s’attendaient à une conduite +pépère+ alors que c’est tout le contraire. Elle est active, dynamique, concentrée », s’exclame Olivier Duvert, président de SAS Nouvelle Route, une société formatrice qui prévoit d’augmenter de 50% son chiffre d’affaires en 2018.

Autre porte d’entrée sur l’éco-conduite pour le grand public: les ordinateurs de bord et des applications sur téléphone qui fleurissent.

« Gadgets » à l’efficacité limitée pour les uns, elles sont utiles pour d’autres car elles permettent de continuer à motiver des conducteurs déjà initiés aux bons gestes.

« Un boîtier électronique installé sur le véhicule restitue des diagnostics en +live+ », raconte ainsi Pascal Galacteros, un ancien du groupe PSA qui a fondé Drust en 2014.

« L’appli surveille la vitesse, l’utilisation du frein moteur. Avec des signaux sonores différenciés, elle prévient quand il faut changer de vitesse ».

« Chaque trajet donne un score aux conducteurs. On peut réaliser des classements sur une même voiture, un même déplacement. Ca pousse à faire mieux », ajoute-t-il.

« Au début, l’éco-conduite, c’était un peu mou, on est passé pour des ovnis », se rappelle-t-il. Quatre ans plus tard, sa start-up comptabilise 23 salariés et son futur est « prometteur », assure-t-il.

(Crédits photo : philipimage / IStock.com )


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