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Handicap: semaine de mobilisation pour l'emploi, miné par le coronavirus

15
nov
2020

(AFP) – Deux fois plus au chômage, plus souvent discriminées au travail: une semaine de mobilisation pour l’emploi des personnes handicapées s’ouvre lundi dans un contexte miné par la crise sanitaire, tandis que les ministres se réunissent à Matignon pour évoquer notamment cette question.

La 24e Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), créée en 1997 par l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Ladapt), se déroulera jusqu’au 22 novembre et sera marquée par des conférences, ateliers et actions de sensibilisation, principalement à distance.

Ce temps doit permettre aux « entreprises d’évaluer leur stratégie handicap et au grand public d’être sensibilisé », espère Patrick Gohet, président de Ladapt. 

Pour lui, si « le mot inclusion est sur toutes les lèvres, force est de constater qu’il reste encore du chemin à parcourir ».

Plusieurs thématiques sont à l’honneur cette année: le numérique comme « levier vers l’emploi » mais encore inégal en matière d’accessibilité, l’inclusion de l’école vers l’emploi et la question du handicap invisible.

De son côté, le gouvernement tiendra lundi à Matignon un comité interministériel du handicap (CIH). Ce rendez-vous annuel, le premier pour Jean Castex, devant aboutir à des annonces en faveur des droits des personnes handicapées.

L’opération « Duoday », qui permet à une personne en situation de handicap de découvrir l’activité d’un professionnel le temps d’une journée, aura lieu jeudi. Pour s’adapter au contexte sanitaire, cet événement se déroulera principalement à distance, ce qui pourrait compromettre son succès. 

A fin septembre, 486.755 demandeurs d’emploi handicapés étaient inscrits à Pôle emploi, soit 8% de l’ensemble des demandeurs d’emploi (petite activité comprise), selon l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph). 

Le taux de chômage des personnes handicapées, autour de 16%, est toujours deux fois supérieur à la moyenne nationale.

– Baisse des recrutements –

La loi impose pourtant d’embaucher au moins 6% de travailleurs handicapés mais les taux d’emploi peinent à décoller, surtout dans le privé où seulement 3,9% des postes étaient occupés par des personnes handicapées fin 2018.

Dans le public, cette proportion a atteint 5,83% en 2019. 

Cependant, un « léger frémissement » avait été constaté ces derniers mois avec une baisse du nombre de demandeurs d’emploi handicapés, qui semblaient relativement épargnés par la crise.

« Les mesures telles que l’activité partielle, l’arrêt maladie pour les personnes vulnérables, le développement du télétravail ou les mesures de soutien à l’activité professionnelle ont permis de limiter les dégâts et beaucoup de personnes handicapées en ont profité », explique à l’AFP Véronique Bustreel de l’Agefiph. 

Néanmoins, « on voit bien qu’on est sur un gel des recrutements et un arrêt des formations. Avec ce nouveau confinement, on est très inquiet pour les mois à venir », poursuit-elle.

Au premier semestre, les recrutements de travailleurs handicapés ont chuté de 30%.

« Ce coup d’arrêt touche tout le monde mais particulièrement les personnes handicapées », estime Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps.

Les travailleurs handicapés « souvent plus âgés et peu formés », rappelle-t-il, « n’ont pas un profil type recherché par les entreprises en période de crise ».

M. de Broca craint en outre une confusion entre « handicap et vulnérabilité au virus, ce qui pourrait rajouter une image négative pour embaucher ».

Encore en 2019, le handicap restait le premier motif de saisine du Défenseur des droits en matière de discrimination.

Pour favoriser les recrutements, le gouvernement a mobilisé dans le plan de relance 100 millions d’euros pour les personnes handicapées: 15 millions pour l’emploi accompagné et 85 millions pour des aides à l’embauche de l’ordre de 4.000 euros.

Mais « ce dispositif n’est prévu que jusqu’en février », déplore l’association APF France handicap, demandant l’allongement de cette aide à mesure que la crise s’allonge.

« Faute de quoi, elle n’aura qu’un impact limité, voire inexistant », estime-t-elle.

                

(Crédits photo : PeopleImages / IStock.com )

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