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Ile-de-France: vers la fin des Autolib’

15
juin
2018

(AFP) – Les Autolib’ bientôt à la casse ? Le syndicat gestionnaire va proposer à la centaine de communes adhérentes au service d’autopartage, dont Paris, de résilier le contrat passé avec le groupe Bolloré, en conflit ouvert avec la capitale, sur fond de grave déficit.

« Le groupe Bolloré ne nous a pas laissé le choix », a déploré vendredi dans un communiqué Catherine Baratti-Elbaz, présidente du Syndicat Autolib’ Métropole et maire PS du 12e arrondissement de Paris, invoquant la rupture « il y a un mois (de) la procédure de conciliation » par le groupe Bolloré, concessionnaire du service de voitures électriques. 

Au coeur du litige, une réclamation déposée fin mai par l’industriel, qui demande aux collectivités adhérant au service dans la métropole, en particulier Paris, de lui verser 46 millions d’euros par an, pour éponger la dette d’exploitation du service lancé en fanfare en 2011 sous Bertrand Delanoë (PS), jusqu’à la fin du contrat en 2023.

Après des débuts prometteurs, le dispositif, très novateur pour l’époque, fait face désormais à une révolution des façons de se déplacer, avec le vélo électrique, le VTC, la location de véhicules privés. Sans compter son image dégradée, aux voitures grises souvent sales.

La dette est estimée par le groupe à 293,6 millions, – une somme contestée par la Ville ,, mais qu’il est contractuellement obligé de donner de sa poche 60 millions d’euros.

« Les communes de la métropole ne verseront pas les 233 millions d’euros que le groupe Bolloré exige », a rétorqué Mme Baratti-Elbaz, qualifiant ces sommes  d' »astronomiques » et jugeant qu’elles mettraient « en péril l’équilibre budgétaire des communes ».

Sollicité par l’AFP, le groupe Bolloré n’a pas réagi.

Le Conseil syndical, qui fédère la centaine de communes adhérentes d’Autolib’ se prononcera par vote le 21 juin sur la résiliation du contrat.

« Selon les premières estimations réalisées par le syndicat, le coût de cette résiliation pour les communes sera de plusieurs dizaines de millions d’euros, soit un coût considérablement inférieur aux 233M€ exigés par le groupe Bolloré », assure la présidente du Syndicat.

– Quelle solution de remplacement ? –

La Mairie de Paris, qui doit déjà faire face à la crise du Vélib depuis le début de l’année, avait fait l’objet d’un feu nourri de l’opposition LR au Conseil, dénonçant sa « gestion hasardeuse », et estimant que « les services rendus ne sont pas à la hauteur de la capitale de la France ». 

« Après le fiasco Velib, le fiasco Autolib », avait également ironisé la conseillère LFI Danièle Simonnet.

Autolib’ a été en son temps « une belle invention, avec une vision révolutionnaire qui a offert et offre un service apprécié aux Parisiens et métropolitains » mais qui devient désormais « un peu moins séduisant », avait déclaré la maire de Paris Anne Hidalgo, qualifiant alors d' »abracadabrantesque » la somme demandée par le groupe Bolloré.

« La délégation de service public » pour le dispositif « n’est plus à l’ordre du jour », a rajouté la maire PS mercredi, plaidant pour « le principe d’une plateforme de régulation ».

« La résiliation d’Autolib’ est l’opportunité de mettre au service des usagers de nouvelles solutions », a renchéri vendredi la présidente du Syndicat, jugeant que « le service se dégrade et que les usagers s’en plaignent ». 

Anne Hidalgo avait déjà réuni lundi après-midi des constructeurs automobiles pour discuter d’alternatives à Autolib’ comme « Renault, PSA, BMW, Volkswagen, Daimler, Drivy, Ubeeqo, Zipcar, Citiz, Communauto, Car2Go, Vulog, Zencarz, Sixt, Hertz et Clem' », selon la Ville.

« Il ne s’agira pas de remplacer Autolib’ par un seul acteur, mais par plusieurs qui proposeront des solutions complémentaires », précise le communiqué, citant en exemples « des trajets intramuros », des trajets vers et depuis la petite couronne, mais aussi des locations longue durée pour « partir en week-end ».

Les premières « solutions » seront « initiées avant la fin de l’année » selon Mme Baratti-Elbaz.

Pour qu’une probable résiliation « ne pèse pas sur les usagers », le syndicat promet de faire « le maximum pour que le service ne s’arrête pas du jour au lendemain », mais en appelle pour cela à la « responsabilité » du groupe Bolloré « pour prévoir une transition acceptable ».

(Crédits photo : AFP PHOTO / ERIC PIERMONT )

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