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Les limites de CO2 imposent un choc électrique à l’automobile européenne

04
mar
2019

(AFP) – Le salon automobile de Genève, dont les journées presse démarrent mardi, est largement dominé par les modèles électriques, priorité des constructeurs qui n’ont désormais plus le choix s’ils veulent respecter les normes européennes d’émissions de CO2.

Genève s’annonce comme une exposition de véhicules concepts électriques. Petite citadine pour Citroën et Honda, des SUV pour Aston Martin, Audi et Mercedes, un coupé pour Skoda, et même un buggy chez Volkswagen…

Des constructeurs dévoilent aussi de vrais lancements, comme Peugeot, avec une version électrique de la 208, et Kia, avec le nouveau crossover compact e-Soul.

« La percée du véhicule électrique a été annoncée plusieurs fois ces dernières années à Genève. Mais cette fois c’est crédible », estime Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center automotive research, basé en Allemagne.

Il y voit deux raisons principales: les nouveaux seuils de CO2 imposés dès l’an prochain par la Commission européenne, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, et le « dieselgate », scandale des moteurs diesel truqués de Volkswagen révélé en 2015, qui a réduit la part des motorisations diesel dans les ventes.

Ces motorisations étaient jusqu’à récemment l’arme principale des fabricants pour réduire les émissions. « Il n’y aura pas de retour au diesel, donc il n’y a plus d’autre choix que de foncer à toute vitesse dans l’ère de l’électrique », résume M. Dudenhöffer.

En outre, l’électrique devient indispensable en Chine, premier marché mondial, sous l’impulsion des autorités.

Et le constructeur californien Tesla bouscule les spécialistes du haut de gamme avec sa gamme purement électrique. La berline Model 3 s’est imposée ces derniers mois comme le modèle « premium » le plus vendu aux Etats-Unis, présent en Europe depuis février.

Si des pionniers comme Renault et Nissan, puis les Coréens Hyundai et Kia, ont pris le virage tôt avec des investissements conséquents, tout le monde s’y met désormais sous la contrainte.

« En Europe, les constructeurs investissent tous dans l’électrique, même s’ils n’y croient pas, même pour les vendre à perte », résume Tommaso Pardi, directeur du Gerpisa, un groupe de recherche sur l’automobile.

– Fortes amendes –
Chaque constructeur risque des amendes de jusqu’à un milliard d’euros s’il ne respecte pas l’objectif de 95 grammes de CO2 par véhicule en moyenne sur sa gamme dès l’an prochain, selon une étude récente du cabinet de conseil BCG.

A terme, « si les constructeurs ne vendent pas assez de véhicules électriques, ils seront ruinés par des amendes », a prévenu le patron du groupe PSA, Carlos Tavares, lundi dans Le Figaro, comparant les objectifs d’émissions à « une menace qui appelle une réaction darwinienne ».

L’ennui, c’est que le marché est encore embryonnaire. Même s’il est stimulé par l’arrivée d’une offre élargie en 2019 et surtout en 2020, on risque l’embouteillage face à une demande trop faible.

« Plus de 300 véhicules électriques sont annoncés d’ici à 2025, c’est conséquent », observe Thomas Morel, directeur associé chez McKinsey.

En 2018, 25 modèles en Europe se disputaient un marché représentant à peine 1,3% du total des immatriculations, malgré une hausse des ventes de 50% par rapport à 2017, selon le cabinet Jato Dynamics.

« Cela va monter en puissance, mais on restera sur de petits volumes » à court terme, estime Flavien Neuvy. « Je ne sais pas comment les constructeurs vont faire pour tenir les objectifs de CO2 », ajoute-t-il.

Nissan, avec sa berline compacte Leaf, et Renault, avec la citadine Zoe, enregistraient l’an dernier les plus fortes ventes en Europe. Tesla caracole en tête au niveau mondial.

« Aujourd’hui, on a des acteurs pertinents sur les citadines, et puis, à l’autre extrême, sur le haut de gamme. Mais il manque des voitures de taille et de prix intermédiaires », estime Guillaume Crunelle, responsable automobile Chez Deloitte.

Selon lui, le problème réside dans le prix des batteries qui rend ces véhicules coûteux, mais ils deviendront à terme moins chers que leurs équivalents thermiques. « On pense que le point d’inflexion sera vers 2022-2023. Cela marquera le passage de la niche au marché de masse », assure-t-il.

Chez Renault, on assure ne pas craindre la concurrence à venir. « C’est de nature à faire bouger le marché », explique Gilles Normand, directeur des véhicules électriques pour la marque au losange. « On est leader sur le marché. On a tout intérêt à ce qu’il se développe ».

(Crédits photo : serts / Istock.com )

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