Reconfinement : les universités françaises sont-elles prêtes pour un nouveau saut dans le « tout numérique » ?
(ETX Studio) – Au printemps dernier, de nombreux étudiants inscrits à l’université ont découvert l’enseignement à distance. Une pratique qui risque fort de faire son grand retour, au vu de l’arrivée imminente d’un deuxième confinement dans notre pays. Cours en visioconférence, laboratoires virtuels, suivi personnalisé… Comment les universités ont-elles pris le pli du numérique et quelles innovations pédagogiques s’offrent aux élèves contraints une nouvelle fois de s’instruire à distance ?
La question se posait déjà en mars, lors du premier confinement. Alors que la France est en passe d’en subir un deuxième, les universités vont certainement devoir fermer leurs portes et se retrouver de nouveau confrontées à l’éducation « online ».
Un véritable défi en France, où l’éducation numérique n’en est qu’au B.a.-Ba, selon Marie-Christine Levet, fondatrice du fonds d’investissement spécialisé Educapital. « Les universités ont géré le problème de proposer des contenus attrayants pour les cours en ligne. Mais niveau innovation pédagogique, on est loin du compte », estime cette experte du numérique.
Pourtant, les outils innovants à destination de l’enseignement supérieur existent. Microsoft a par exemple développé l’application Teams, qui permet d’assister à un cours de mathématiques à distance, au cours duquel le professeur dévoile l’énoncé au fur et à mesure, puis invite les étudiants à prendre la parole en ouvrant leur micro une fois l’exercice terminé.
Le site danois Labster propose quant à lui des laboratoires de sciences virtuels. Les étudiants qui s’y connectent peuvent participer à des expériences 100% virtuelles et immersives. Un vrai cours de chimie, pris derrière son écran d’ordinateur.
Entraînements « online » et apprentissage personnalisé
Mais, si les outils pédagogiques innovants ne manquent pas, ils peinent toutefois à se développer en France, selon Marie-Christine Levet. « L’envoi de cours par PDF ou dispensés sur Zoom ne suffit pas », pointe cette dernière, qui fournit des pistes de réflexion pour innover dans l’enseignement supérieur numérique, notamment celle des programmes d’apprentissage personnalisé.
« Chacun dispose de son propre programme d’apprentissage, défini en fonction de ses facilités dans telle ou telle matière. C’est ce qu’on s’appelle en anglais ‘l’adaptative learning’. Malheureusement, notre pays a très peu investi dans ce domaine jusqu’ici. Aujourd’hui, on en paye le prix », déplore Marie-Christine Levet.
Notons toutefois l’utilisation de la plateforme belge Wooflash par l’université de Lorraine qui en mai dernier a lancé toute une batterie de programmes destinés à assurer un suivi personnalisé aux étudiants, à travers des exercices variés (QCM, textes à trou, images à légender) dans le domaine des sciences sociales. Chaque « entraînement » est axé autour d’une thématique précise (fin de vie, handicap, dons d’organe) et permet suivre en temps réel la progression des élèves.
Certains enseignants ont également pris des initiatives sur les réseaux sociaux, à l’instar de Nicolas Offenstadt, professeur d’historiographie à l’Université Paris 1, qui a créé en mars dernier un compte Twitter pour ses étudiants, où l’on trouve des articles et des conseils de lecture en lien avec la matière qu’il enseigne.
(Crédits photo : svetikd / IStock.com )