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Partie 1 - L'automobile au cœur des crises

Une image sujette à caution

6 minutes de lecture
Dans l’Observatoire Cetelem 2017, intitulé « Ma voiture bien‑aimée », 9 personnes sur 10 déclaraient avoir une bonne ou très bonne image de la voiture. Quatre ans plus tard, au‑delà de cette déclaration d’intention, l’image de la voiture et, par extension, la place qu’elle occupe dans notre monde, semblent devoir être remises en question.

Autant de passionnés que de raisonnables, une voiture qui fait moins rêver

Si 1 personne sur 2 se dit intéressée par l’automobile, cet intérêt est plus volontiers placé sous le signe de la raison que de la passion. Un quart seulement des personnes interrogées se déclarent réellement passionnées par cet univers (Fig. 14). On les rencontre essentiellement en Turquie, en Afrique du Sud et au Brésil (43 %, 40 % et 48 %), territoires de conquête automobile récents, ainsi qu’aux États‑Unis où la voiture est reine (36 %). A contrario, en Chine et en Italie, la passion n’est pas de mise. Avec seulement 4 % de passionnés, les Italiens font mentir le cliché qui les identifie à des accrocs aux belles mécaniques. Soulignons aussi que de façon globale la passion a un prix ou plutôt correspond à des revenus élevés. Les ménages les plus aisés sont presque deux fois plus nombreux à se déclarer passionnés que ceux aux revenus les plus bas (32 % vs 19 %).

 

Fig. 14 :

Un attachement qui perdure

Si la voiture fait moins rêver, on n’y demeure pas moins relativement attaché. Un attachement qui au fil du temps reste constant. Dans l’Observatoire Cetelem 2017 « Ma voiture bien‑aimée », le score obtenu en moyenne par l’automobile en matière d’attachement s’élevait à 6,7. Quatre ans plus tard, il est quasiment identique : 6,6 à l’échelle mondiale, 6,7 en Europe, avec des pays latins qui se déclarent les plus proches de leur véhicule (Fig. 15). En revanche, la voiture n’est plus la « préférée », comme c’était alors le cas. Elle est systématiquement devancée par le téléphone portable, produit incontournable, indispensable et indépassable du monde moderne (8,1 dans le Monde, 8,2 en Europe). Le critère des revenus fait apparaître une très nette disparité entre d’un côté les personnes aisées très attachées à leur voiture (7,4), et de l’autre des personnes aux revenus faibles qui le sont beaucoup moins (5,9). La valeur monétaire et d’usage du véhicule explique sans doute cette différence.

 

Fig. 15 :

Une place jugée trop importante dans le monde actuel…

La voiture verrait‑elle donc son image s’écorner ? En tous cas, sa place est jugée relativement trop importante dans un monde économique, passé de l’industriel au numérique. Plus d’1 personne sur 2 l’estime avec sur ce sujet des disparités très marquées. Les pays émergents, où l’importance du marché automobile est récente, ainsi que le Portugal et le Japon, stigmatisent cette place, 8 Turcs sur 10 partageant notamment ce point de vue (Fig. 16). À l’inverse, les pays de culture automobile plus ancienne s’en accommodent plus volontiers (respectivement 39 %, 42 % et 46 % pour le Royaume‑Uni, l’Allemagne et la France). Avec 42 % d’opinions modérées, les Pays‑Bas, royaume du vélo, n’accablent pas non plus un véhicule qui joue les seconds rôles.

 

Fig. 16 :

… Mais qui aurait tendance à diminuer

Si la place de la voiture est trop importante, elle s’estompe timidement du paysage aux yeux des personnes interrogées. Un tiers estime notamment que sa présence s’efface au sein des villes pour laisser plus d’espace à travers la diminution des voies, des places de parking et de stationnement (Fig. 17). Sur cette question, on retrouve une fois encore les pays dont les représentants écologiques sont les plus nombreux, tant au plan national qu’au plan local. 6 Français sur 10, 1 Allemand et 1 Belge sur 2 constatent cet effacement urbain progressif. Inversement, seulement 1 Chinois sur 10 partage ce sentiment. La décongestion automobile urbaine dans les mégalopoles de l’Empire du Milieu ne semble pas être pour demain.

 

Fig. 17 :

 

Allemagne, Belgique et France : le poids des Verts toujours plus grand

Les dernières élections européennes, comme les municipales françaises, ont confirmé la poussée des Verts et leur implantation dans le paysage politique. C’est particulièrement le cas pour trois pays de l’Observatoire Cetelem qui affichent des points de vue similaires sur les questions d’ordre environnemental. Ainsi, les écologistes Belges voient leur représentation augmenter de 50 % entre les deux dernières élections alors que dans le même temps elle double en France. Dans ce pays, de nombreuses grandes villes (Lyon, Bordeaux ou encore Grenoble) sont désormais dirigées par des écologistes. En Allemagne, ils occupent depuis plusieurs années des postes de responsabilité.

 

Fig. 18 / Contexte :

Le souhait que la place de l’automobile diminue encore

Trop présente de nos jours, l’automobile est présumée se faire beaucoup plus discrète dans le futur. 64 % des personnes interrogées (68 % à l’échelle européenne) jugent qu’il est souhaitable voire tout à fait souhaitable que sa place dans les villes soit réduite, sans que cette opinion démontre une intransigeance absolue (Fig. 19). La part des « tout à fait souhaitable » s’élève seulement à 19 % et intègre plutôt les personnes aux revenus élevés.
Cette exigence est plus ou moins revendiquée d’un pays à l’autre. Alors que les Italiens, les Portugais, les Espagnols et les Turcs sont les plus nombreux à partager ce point de vue, les Brésiliens, les Africains du Sud, les Belges et les Américains se montrent plus conciliants.

 

Fig. 19 :

Sous-Partie 4
Une pression environnementale soutenue
Alors oui, le secteur automobile ne reçoit pas un soutien économique mérité. Pour autant, serait‑il raisonnable de le faire alors qu’il n’affiche pas une forte responsabilité environnemen
Sous-Partie 6
Indispensable, surtout au quotidien
Malgré toutes les critiques dont elle peut faire l’objet, malgré un relatif désamour qui semble gagner les automobilistes, malgré un contexte économique et environnemental qui laisse pointer de

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