Une pratique plus que jamais d’actualité, une image qui laisse à désirer
Depuis toujours, la consommation occupe une place centrale dans les débats économiques. Qu’elle progresse ou qu’elle décline, elle influence de façon directe la santé économique d’un pays. Face au réchauffement climatique et aux mesures nécessaires pour y faire face, elle devient un sujet de plus en plus controversé, allant jusqu’à être ouvertement critiquée. Toutefois, en tant que réalité profondément ancrée dans le quotidien des individus, elle reflète des choix et des comportements en constante évolution. Mais alors, quelle perception les Européens ont-ils aujourd’hui de la consommation ? Une vision avant tout marquée par de nombreux paradoxes.
TOUJOURS PLUS DE CONSOMMATION…
Certains débats, notamment liés à la meilleure façon de lutter contre le réchauffement climatique, sont centrés autour d’une nécessaire décroissance de la consommation. Interrogés dans le cadre de ce nouvel Observatoire Cetelem, les Européens s’accordent pour dire que celle-ci n’est pas d’actualité. 7 sur 10 estiment, en effet, que depuis 10 ans la consommation s’inscrit de façon générale à la hausse (Fig. 1).
Ce point de vue est partagé dans tous les pays, avec des Portugais très affirmatifs (87 %) et des Polonais, voire des Français et des Allemands, un peu plus réservés (66 %, 69 % et 69 %). Il faut aussi s’orienter à l’Est pour trouver des personnes aux faibles revenus plus circonspectes (58 %).
…SURTOUT POUR LES AUTRES
Les points de vue deviennent plus timides lorsqu’on invite les Européens à s’interroger sur l’évolution de leur propre consommation. Ils sont à peine 4 sur 10 à estimer qu’elle a augmenté ces 10 dernières années (Fig. 2). Et cette fois, les variations d’un pays à l’autre sont beaucoup plus marquées. Plus de 50 % des Portugais et des Roumains affichent ce sentiment alors qu’à nouveau Allemands et Français, un duo que nous évoquons plus en détail dans le Baromètre, font profil bas avec environ 30 % d’opinions allant dans ce sens. Et de façon générale, les plus de 50 ans et les personnes aux plus faibles revenus sont les plus nombreux à considérer que leur consommation personnelle a peu évolué.
On peut faire au sujet de ce décalage entre la perception personnelle et celle de la société dans son ensemble une double analyse. Considérer que l’on résiste à l’idée de consommer plus renvoie à afficher une image vertueuse dans une optique de développement durable. L’enfer, ou plutôt les sur-consommateurs, c’est forcément les autres. Une posture vertueuse qui n’exclut pas un sentiment de culpabilité qui empêcherait de déclarer une consommation personnelle en croissance.
UNE RÉALITÉ QUI SE TEINTE D’IMPRESSIONS NÉGATIVES…
Faut-il y voir un lien avec le sentiment de culpabilité qu’elle pourrait générer, la consommation est porteuse pour 6 Européens sur 10 d’impressions négatives (Fig. 4). Ces impressions sont majoritaires dans tous les pays, excepté en Pologne où seulement 4 personnes sur 10 ont ce sentiment de culpabilité. Les pays latins, dont le Portugal, la France, la Roumanie et l’Italie, font perdurer l’idée que ces impressions sont aussi d’ordre culturel, rapport à l’argent oblige et donc à sa dépense. À noter aussi que les habitants des grandes villes ont une vision globalement moins négative.
…SYNONYMES DE GASPILLAGE ET D’EXCÈS
Les mots associés à la fonction macroéconomique de la consommation actuelle sont un écho direct, clair et net, au ressentiment des Européens. Avant tout, elle renvoie au gaspillage et à l’excès. Les thuriféraires d’une déconsommation y trouveront sans doute un motif d’espoir tout comme les moralistes. Des vocables plus positifs sont ensuite avancés, mais dans des proportions beaucoup moins affirmées (Fig. 5).