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A2mac1, le champion français qui vend les « secrets » des voitures

20
juin
2018

(AFP) – Un homme vêtu de noir s’affaire devant un bloc moteur posé sur une table haute. Avec l’habileté d’un chirurgien, il en extrait un conduit d’injecteur, le nettoie puis le photographie avec minutie pendant qu’un collègue passe au scanner la caisse dépouillée du véhicule.

A Hary, petit village de l’Aisne (nord de la France), les employés de la société A2mac1 démontent méthodiquement des voitures afin d’en tirer des informations qui valent de l’or pour les constructeurs et équipementiers, avides de savoir où en sont leurs concurrents.

Au milieu de cette campagne vallonnée, nul n’imaginerait que les bâtiments qui se dressent sur le terrain d’une ancienne ferme abritent le leader mondial de l’analyse comparative automobile. Fondée en 1997 par les frères Jean-Marie et Pierre-Yves Moulière, A2mac1 compte tous les grands noms de la filière parmi ses clients, soit 220 sociétés dans le monde entier.

En s’acquittant d’un abonnement, ils accèdent à une base de données de 600 modèles. Y sont répertoriés des photos de toutes les pièces employées, l’analyse des matériaux utilisés, le poids et la géométrie de chaque élément du puzzle industriel, des plans, et même depuis peu des représentations en trois dimensions des véhicules avec tous leurs composants…

Romain Cattiaux tient dans sa main un morceau de planche de bord qu’il vient de découper selon un mode bien précis, identique pour chaque voiture, afin de faciliter les comparaisons. A l’aide d’un pied à coulisse, le dessinateur industriel mesure l’épaisseur d’une paroi à 5 centièmes de millimètre de précision.

« Il faut de la minutie et de la rigueur pour redessiner le réel », explique-t-il, vêtu, comme presque tous ses collègues, d’un tee-shirt noir avec le logo de la compagnie qui emploie 150 personnes à Hary et 350 dans le monde.

Sur un parking, plusieurs voitures neuves attendent d’être entièrement décortiquées.

« Nous démontons 90 véhicules par an, toujours de la même façon, et nous stockons les pièces pendant dix ans », confie Bertrand Sicot, co-dirigeant de la société depuis janvier. Les pièces peuvent être commandées à distance ou bien consultées sur place.

« Des ingénieurs du monde entier font le déplacement » à Hary, poursuit cet ancien de Dassault Systèmes, qui fonctionne en tandem avec un autre ancien dirigeant du groupe français spécialiste des logiciels de 3D.

Les constructeurs ont toujours eu besoin de s’informer sur la concurrence. « Autrefois ils faisaient du démontage en interne, mais ils ont souhaité sous-traiter », explique M. Sicot.

– Standardisation –

Avec l’élargissement des gammes, l’apparition de nouveaux concurrents, l’accélération de l’innovation vers l’électrification, la connectivité, les fonctions de conduite autonome, il est de plus en plus difficile de garder un œil sur tout. Une chance pour A2mac1, dont le chiffre d’affaires progresse de 20% par an.

L’entreprise compte quelques concurrents, mais ce sont des acteurs « locaux », « nous sommes les seuls à avoir construit une structure mondiale », assure Bertrand Sicot. Selon lui, « l’éclair de génie » des fondateurs aura été l’élaboration d’une « base de données unique, où tout est classé de façon systématique ».

A ses débuts, la société a démarré en proposant des photos automobiles prises lors des salons internationaux, raconte le co-fondateur Pierre-Yves Moulière, diplômé d’une école de commerce. A2mac1 produit des clichés numériques et les livre en ligne à une époque où tout le monde est encore sur l’argentique et où l’internet est encore balbutiant.

Puis, avec son frère, diplômé en économie, ils décident de se diversifier et effectuent les premiers démontages dans la ferme familiale pour le compte de Toyota.

Dès l’origine, « nous voulions faire une solution structurée pour toute une industrie et donc standardiser les méthodes », explique M. Moulière. « Avec le temps, on a gagné en efficacité, en professionnalisme, on a grandi » et nous sommes devenus « le tiers de confiance » de toute l’automobile.

L’entrepreneur de 51 ans a pourtant décidé avec son frère de vendre la totalité des parts d’A2mac1 à un fonds d’investissement de la banque Rothschild en novembre 2017 et de céder le management au nouveau tandem. « L’entreprise est en train de muter vers la numérisation en 3D » et il était plus intelligent, selon lui, de confier cela à des spécialistes.

(Crédits photo : FRANCOIS NASCIMBENI / AFP To go with AFP story by Daniel ARRONSOHN)


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