Avec la crise du Covid-19, les Français de plus en plus adeptes des paiements dématérialisés
(AFP) – L’année 2020, marquée par ses longues semaines de confinement, s’est traduite en France par une accélération de l’usage des moyens de paiement dématérialisés, avec une hausse « spectaculaire » du sans contact, au détriment notamment du chèque et des espèces.
« Le confinement a été un accélérateur de tendances qui préexistaient dans le changement des habitudes de paiement des Français », a déclaré François Villeroy de Galhau, le gouverneur de l’institution, en présentant le dernier rapport de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement.
Plus précisément, « le confinement a stimulé le recours à des modes de paiement dématérialisés » et numériques, par opposition aux moyens de paiement « physiques » tels que le paiement par carte en mode contact, les chèques, les billets ou les pièces, a-t-il souligné.
Le volume des moyens dématérialisés et numériques a ainsi gonflé durant le confinement pour représenter jusqu’aux deux tiers des opérations de paiement, hors usage des espèces. Après le déconfinement, il est redescendu à 60% environ – soit davantage que les 50% mesurés par la Banque de France en 2018.
De fait, la vente à distance a très fortement augmenté pendant le confinement, conséquence de la fermeture de très nombreux commerces.
Après le déconfinement, la vente à distance « a eu plutôt tendance à revenir à son niveau d’avant. En revanche, l’augmentation du mode (de paiement par carte) sans contact (grâce notamment au relèvement du plafond de 30 à 50 euros) est spectaculaire », a souligné M. Villeroy de Galhau.
– Nouvelles habitudes de paiement –
Il n’y a pas de sentiment d’augmentation de la fraude pour autant, selon les remontées des réseaux bancaires ou des associations de commerçants, s’est félicité M. Villeroy de Galhau.
Quant au bilan 2019 de la sécurité des moyens de paiement et de la fraude en France, « le niveau de fraude observé sur les paiements émis en France est resté maîtrisé sur l’ensemble des instruments de paiement, à l’exception du chèque », explique la Banque de France.
« Alors que la carte reste de loin le moyen de paiement scriptural le plus utilisé et compte pour 60% du nombre d’opérations scripturales, son taux de fraude reste stable et proche de son plus bas niveau historique, à 0,064 % », soit l’équivalent d’un euro de fraude pour 1.560 euros d’opérations, souligne l’institution.
Le taux de fraude sur les opérations de proximité, y compris en sans contact, reste très faible. Concernant les paiements à distance, il baisse pour la huitième année de suite grâce aux règles de sécurité plus sévères aujourd’hui, détaille l’Observatoire.
– Le chèque, moyen « le plus fraudé » –
De même, le virement et le prélèvement, qui fin 2019 représentaient 16% des paiements scripturaux (paiements en dehors des espèces), présentent toujours des taux de fraude « extrêmement faibles », est-il ajouté.
La fraude sur les virements progresse mais reste modeste (162 millions d’euros) au regard des flux émis et son taux demeure au niveau le plus bas parmi les moyens de paiement (1 euro de fraude pour 160.000 euros de virements).
La fraude sur les prélèvements s’est réduite fortement (-81%), à 11 millions d’euros en 2019.
À l’inverse, la fraude au chèque a continué à progresser de manière « très significative » pour atteindre 540 millions d’euros. Elle représente 46% de la fraude totale aux moyens de paiement scripturaux, alors même que les chèques sont de moins en moins utilisés (6% des transactions).
« Cette progression, continue au cours des trois dernières années, fait désormais du chèque le moyen de paiement le plus fraudé tant en valeur absolue qu’en taux de fraude », s’alarme le rapport.
L’Observatoire explique avoir engagé une étude en vue d’un renforcement de la sécurité des chèques.
Toutes ces évolutions rendent « d’autant plus nécessaire la finalisation de la mise en place de l’authentification forte des paiements sur internet » ces prochains mois, qui doit contribuer à apporter davantage de sécurité pour les paiements réalisés en ligne au bénéfice des consommateurs et des commerçants, relève la Banque de France.
(Crédits photo : byakkaya / IStock.com )