CORRECTION: Longtemps reine des enchères, Sotheby’s désormais dépassée par Christie’s
(AFP) – Merci bien lire que le bureau de New York a été ouvert avant l’arrivée de Peter Wilson à la tête de Sotheby’s et non sous sa direction. Revoici dépêche corrigée.
Longtemps dominante sur le marché des enchères, prompte à se diversifier et à s’implanter à l’étranger, Sotheby’s a été rattrapée ces dernières années par sa grande rivale Christie’s dans ce milieu extrêmement concurrentiel.
Créée en 1744 par l’entrepreneur britannique Samuel Baker, Sotheby’s s’est longtemps consacrée presque exclusivement aux ventes de livres, avant de se diversifier au tournant du XIXe siècle.
C’est en 1917 que la maison achève sa mue, avec son déménagement du quartier du Strand, épicentre de l’édition à Londres, vers Mayfair, coeur du milieu artistique londonien.
Sous la direction de Peter Wilson (de 1958 à 1980), Sotheby’s poursuit sa transformation et ouvre des bureaux à New York dès 1955. En 1964, alors première maison d’enchères au monde, elle rachète le numéro un américain du secteur, Parke-Bernet, qui a ses entrées auprès de la haute société new-yorkaise.
Peter Wilson perçoit très tôt l’intérêt de faire de ses ventes des événements et d’y attirer personnalités et vedettes, avec la culture, assez nouvelle, du record, et une approche décomplexée de l’argent, qui rompt avec la discrétion britannique.
La vente de la collection Goldschmidt en 1958 constituera à ce titre un tournant sur le marché des enchères: les acteurs Kirk Douglas et Anthony Quinn ainsi que Lady Churchill y assistèrent, contribuant à son immense succès.
Première maison véritablement internationale, Sotheby’s organise très tôt des ventes à Hong Kong (1973), en Russie (1988) et en Inde (1992).
Pour accroître encore sa visibilité, elle s’introduit à la Bourse de Londres en 1977, avant d’être rachetée, en 1983, par l’homme d’affaires américain Alfred Taubman, qui la sort de la cote et en fait une société américaine.
Ce fils d’immigrés juifs polonais, qui avait fait fortune dans les centres commerciaux, donne un coup de fouet à Sotheby’s, alors en difficulté et déjà concurrencée par Christie’s l’émergente.
Il modernise la maison et met en place de nombreux services aux collectionneurs, notamment le stockage, le financement ou l’assurance, avant de la réintroduire en Bourse en 1988.
Sotheby’s reprend l’ascendant sur Christie’s, mais pour un temps seulement. Au tournant des années 90, la rivale arrive régulièrement en tête au total des ventes.
La maison bicentenaire va, en outre, être secouée par un scandale d’entente avec Christie’s, mis au jour en 1997 par les autorités américaines.
L’enquête révélera que les deux maisons avaient travaillé de concert durant six ans et poussera vers la sortie Alfred Taubman mais aussi Diana Brooks, PDG de Sotheby’s, considérée, à l’époque, comme la femme la plus puissante du marché de l’art.
Le procès d’Alfred Taubman et sa condamnation à une peine de prison ferme, en 2002, constitueront une publicité dont Sotheby’s se serait bien passée.
Depuis le début des années 2010, Christie’s a distancié Sotheby’s, portée par un savant sens du marketing et de la promotion, vu notamment lors de la vente historique du « Salvator Mundi », en 2017, et la dispersion de la collection Rockefeller l’an dernier.
Dans un monde où il faut se battre pour attirer les collectionneurs et décrocher la vente de collections majeures, Christie’s arrive régulièrement en tête.
En 2018, Christie’s a réalisé pour 7 milliards de dollars de ventes, contre 5,2 pour Sotheby’s. L’année précédente, la différence était plus marquée encore, avec respectivement 6,6 et 4,5 milliards de dollars.
(Crédits photo : Don EMMERT / AFP )