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Décès d’Edmond Simeoni, figure de l’autonomisme corse

14
déc
2018

(AFP) – Edmond Simeoni, 84 ans, figure emblématique du mouvement autonomiste corse et père de Gilles Simeoni, actuel homme fort de l’île, est décédé vendredi à l’hôpital d’Ajaccio.

Son décès a suscité une pluie d’hommages insulaires pour un « éveilleur de consciences », « père du nationalisme corse moderne ».

Edmond Simeoni, qui souffrait de problèmes cardiaques depuis le début des années 80, était hospitalisé en soins intensifs à l’hôpital d’Ajaccio depuis le week-end dernier, selon l’entourage de son fils. « Il s’est éteint tranquillement auprès des siens », a déclaré à l’AFP Jean-Baptiste Calendini, directeur de cabinet de Gilles Simeoni.

Son corps a quitté Ajaccio vendredi soir pour rejoindre l’oratoire Saint Roch à Bastia où la famille recevra les condoléances pendant le week-end, a indiqué à l’AFP son entourage. Il sera ensuite transféré à Lozzi (Haute-Corse), son village d’enfance, où une cérémonie religieuse aura lieu lundi à 11h avant son incinération dans l’après-midi à Bastia, selon la même source.

A Bastia vendredi soir, de grands portraits du défunt ont été installés sur le kiosque de la place Saint-Nicolas, la principale de la ville.

Né le 6 août 1934 à Corte (Haute-Corse) et élevé à Lozzi (Haute-Corse), ce médecin gastroentérologue se présentait sur son site internet, sur lequel il commentait quotidiennement l’actualité, comme un « défenseur du peuple corse », « passionné de la famille, de la médecine, du sport, de la politique » et souffrant d’une « allergie grave à l’injustice ». Il était engagé dans la lutte d’émancipation de la Corse depuis 1961.

« Il a été un éveilleur de consciences et un combattant », a réagi Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l’Assemblée de Corse. Evoquant les événements d’Aleria, M. Talamoni dit d’Edmond Simeoni qu’il « était le vrai représentant du peuple corse, face aux blindés de l’Etat français ».

Le 21 août 1975, Edmond Simeoni avait occupé, avec une douzaine de militants nationalistes armés de fusils de chasse, une cave agricole près d’Aléria (Haute-Corse) pour dénoncer l’attribution par l’Etat de terres viticoles aux rapatriés d’Algérie. Quelque 1.500 gardes mobiles avaient donné l’assaut et deux membres des forces de l’ordre avaient été tués. Edmond Simeoni avait été condamné en juin 1976 à cinq ans de prison dont trois ferme pour ces événements qu’il a publiquement regrettés.

– « une vie de lutte » –

« À présent, il entre dans l’Histoire. Les Corses, de tous âges, dans la diversité de leurs convictions, savent ce qu’ils lui doivent. Quant à moi, je perds un ami », a poursuivi M. Talamoni.

La secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, d’origine corse, Marlène Schiappa a également adressé ses « plus sincères condoléances » sur Twitter, assurant qu' »au delà des divergences politiques, sa personnalité, sa volonté de dialogue, son amour pour la Corse nous manqueront ».

« Une immense figure de la Corse vient de nous quitter », a écrit la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo. Ségolène Royal a, quant à elle, rendu hommage à une « grande figure incarnant un idéal, un humanisme, une fierté ».

Le parti de Gilles Simeoni, Femu a Corsica, dont le secrétaire général est le député nationaliste Jean-Felix Acquaviva, a salué sur Twitter, en corse, « une vie de lutte consacrée à la liberté, la paix et la démocratie » et évoqué la « perte d’un grand homme ».

Les maires d’Ajaccio et Bastia ont également réagi ainsi que les trois députés corses dont Paul-André Colombani qui a rendu hommage au « père du nationalisme corse moderne ». La Ligue des droits de l’homme de Corse parlait d' »un homme empreint d’humanisme, un militant de la fraternité et de la dignité ».

Edmond Simeoni était marié, père de deux fils et grand-père de cinq petits-enfants.

Son premier combat avait été écologiste, à partir de 1960, contre le projet gouvernemental d’effectuer des essais nucléaires dans le massif de l’Argentella, près de Calvi, dans le nord-ouest de la Corse.

Europe Ecologie les Verts (EELV) a salué vendredi « la disparition d’une grande conscience ». Cécile Duflot, l’ancienne ministre écologiste, aujourd’hui directrice générale d’Oxfam France, lui a dit « adieu et merci » en corse et Yannick Jadot, eurodéputé écologiste, a fait part de son « respect » pour « un inlassable partisan du dialogue, un amoureux de la paix et des territoires aux identités fortes ».

Après sa sortie de prison en janvier 1977, le Dr Simeoni avait été élu en août 1982 à la première Assemblée de Corse et en 1983 conseiller municipal de Bastia.

mc/cr/cbn/or

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(Crédits photo : PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP )

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