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Élisa, 16 ans : la lycéenne qui a (probablement) inspiré le mouvement #lundi14septembre

16
sep
2020

(ETX Studio) – Seulement 16 ans et déjà profondément féministe. Jeudi 10 septembre, Élisa, originaire de Dax lance un compte Instagram pour protester contre le dress code sexiste de son lycée. Initiative qui rencontre un succès fulgurant : à tel point que les autres élèves lancent un challenge, massivement suivi dès le lundi suivant. Le but ? Venir au lycée habillé comme on le souhaite, par exemple en crop top ou en mini-jupe. Soit le même que le mouvement #lundi14 septembre, lancé deux jours plus tard sur les réseaux sociaux pour dire stop au sexisme et à la culture du viol.

En se rendant au lycée jeudi dernier, Élisa*, scolarisée à Dax, découvre une affiche interdisant le port de crop top et de jupes au sein de son établissement scolaire. Ni une, ni deux, elle crée le compte « Borda Révolte » (en référence au nom de son lycée) sur Instagram et poste une photo de ladite affiche, accompagnée de ce message :

« Voilà l’affiche qu’a mis Borda. Disant aux femmes de se couvrir, de ne pas porter des vêtements trop courts. Ils nous diront sûrement que ça déconcentre les garçons, que c’est explicite. Alors que les hommes peuvent s’habiller comme ils veulent ». 

En à peine deux jours, le compte affiche déjà plus de 1000 abonnements au compteur. « Je n’aurais pas cru que cela prendrait une telle ampleur », confie l’adolescente. « J’ai reçu un grand nombre de témoignages, de la part d’ados d’un peu partout en France. Je reçois encore environ une centaine de messages par jour. »

Le lendemain, les followers scolarisés au même endroit qu’Élisa lancent le #BordaNombrilChallenge. Et le samedi, un autre hashtag voit le jour sur le réseau social TikTok : #lundi14septembre, incitant les femmes à s’habiller le « plus sexy possible ». Un mouvement qui caracole rapidement en tête des tendances sur Twitter. 

« Mon compte y est peut-être pour quelque chose. Mais je pense surtout qu’il s’agit d’une accumulation de faits : je pense notamment à cette femme à qui on a refusé l’entrée au Musée d’Orsay la semaine dernière à cause de son décolleté », analyse Élisa. 

Au lycée Borda, le #BordaNombrilChallenge a massivement été suivi : « Beaucoup de filles de mon lycée sont venues en jupe et en crop top. Mais également pas mal de garçons en short et débardeur. Certains sont même venus en crop top ou maquillés ! », raconte Elisa. 

« Ce sexisme banalisé est inadmissible »

Loin de rejoindre ce mouvement uniquement pour défier l’autorité de leur lycée, ces jeunes ont bien saisi ce qui se cache derrière ces injonctions de « tenue correcte exigée », assure Élisa : « Au lycée, il y avait pas mal de garçons prêts à se battre, certains voulaient même organiser une manifestation ! »

« Sur Instagram, beaucoup de personnes m’ont remerciée pour me dire qu’elles avaient peur d’être punies ou réprimandées au lycée à cause de leur tenue. Ces remarques viennent des adultes : CPE, proviseurs, surveillants… et la plupart du temps, de femmes ! Ce sexisme banalisé est inadmissible. Nous voulons faire comprendre que les filles peuvent s’habiller comme elles veulent, qu’elles ne sont pas « moins respectables » et que c’est aux gars qu’il faut apprendre le consentement s’ils pensent que nos tenues traduisent une envie sexuelle », s’insurge l’adolescente.

Élisa n’a « que » 16 ans mais son engagement féministe ne date pas d’hier. Parce que c’est une femme, parce qu’elle est très active sur les réseaux sociaux et aussi parce que ses parents lui ont appris que non, ce n’était pas normal qu’un homme frappe une femme sous prétexte qu’il est « plus fort ». 

« Je me bats pour le féminisme depuis assez longtemps, ainsi que pour les droits LBGT. Mes parents ne sont pas étonnés que je sois à l’origine du compte ! », explique-t-elle. Le succès de son initiative n’a fait que renforcer son envie d’en découdre. Un rendez-vous avec Élisa et ses camarades a d’ailleurs été sollicité par le personnel administratif du lycée Borda.

La rencontre n’a pas encore eu lieu, mais ces jeunes comptent bien profiter de cette occasion pour faire passer le message : « Le proviseur a dit que le règlement allait changer : en bien ou en mal, ça on ne sait pas ! Mais ce qui est sûr, ce que nous allons poursuivre le mouvement. Je veux continuer à me battre contre ce sexisme, mais aussi pour des sujets encore plus graves, tels que le harcèlement scolaire ou l’homophobie », martèle Élisa. 

*Le prénom a été modifié

(Crédits photo : Borda_revolte / Instagram )

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