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En Saône-et-Loire, une usine change les déchets en biogaz

20
déc
2018

(AFP) – Dans une usine de la périphérie de Chagny, en Saône-et-Loire, 300 tonnes d’ordures ménagères sont déchargées chaque jour pour être transformées en biogaz: la « méthanisation » est l’une des filières d’énergie verte soutenues par le gouvernement.

A partir des déchets de 360.000 habitants, l’usine fabrique « un gaz de ville à 99% » qui sera injecté dans le réseau de transport, résume Philippe Testevuide, directeur de cette usine gérée par une filiale d’EDF, Dalkia Wastenergy, qui emploie une vingtaine de personnes.

« La production de l’année dernière aurait pu alimenter une ville de 6.000 habitants, toutes énergies confondues » soit « 22,6 GWh », fait valoir le responsable. L’usine de tuiles voisine est la principale consommatrice du gaz, qui se retrouve chez les particuliers lorsque celle-ci est à l’arrêt.

Dans un hangar, un immense tas de sacs poubelles éventrés déborde de déchets du quotidien. A l’aide d’une pelle mécanique, un employé met de côté les objets qui ne devraient pas s’y trouver: ici une roue de voiture, là un aspirateur.

Un peu plus loin, deux immenses tubes horizontaux, les malaxeurs, tournent sur eux-mêmes pour ouvrir les sacs et dégrader la matière organique. Puis un tri mécanique enlèvera les « déchets incompatibles ». Le verre ou la ferraille seront renvoyés dans des filières de recyclages.

– « Estomac de vache » –
« Au moins 40% (des poubelles) sont récupérables et méthanisables », explique M. Testevuide: la matière organique, comme par exemple les épluchures ou les aliments périmés, produiront naturellement du biogaz en fermentant pendant 21 jours dans deux silos appelés « digesteurs ».

« C’est comme un estomac de vache! », lance le directeur du site, avant d’ajouter que les résidus de matière organique, mélangés à des déchets verts broyés, deviendront du compost qui servira aux agriculteurs de la région.

Mais plus de la moitié du contenu des poubelles ne peut être transformé en gaz, notamment le plastique, et termine enfoui sur un site de 32 hectares qui jouxte l’usine. En 2017, près de 37.000 tonnes ont fini sous les collines recouvertes de gazon de cet endroit qui stocke des déchets depuis 1995.

Un nouveau « casier » se remplit d’ailleurs depuis le mois de juin. Au fond de cette gigantesque fosse à ciel ouvert, un véhicule de chantier est nécessaire pour compacter l’amoncèlement de déchets produits en six mois.

– Biogaz en vogue –
L’usine, baptisée Ecocea, appartient au SMET 71, l’entreprise publique qui traite les ordures ménagères produites par 344 communes de l’est du département de Saône-et-Loire et du sud de la Côte-d’Or.

Lors de sa mise en service fin 2015, il s’agissait de la première injection de biométhane dans le réseau de transport de gaz en France, selon le gestionnaire du réseau GRTgaz.

« Il y a quelques années, l’Etat ne favorisait pas trop le biogaz. Il semblerait aujourd’hui que la tendance s’inverse », se félicite le président du SMET 71 Dominique Juillot, précisant que l’organisme public a investi « 44 millions d’euros » dans ce projet, grâce notamment à l’emprunt.

La France s’est fixé comme objectif d’avoir 10% de sa consommation totale de gaz fournie par du gaz vert à l’horizon 2030, contre moins de 0,1% aujourd’hui, une filière dans laquelle elle est très en retard par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne.

La méthanisation permet de produire du gaz à partir de la fermentation de résidus de déchets ménagers mais aussi de l’agriculture, notamment. Fin septembre, 67 sites injectaient du biométhane dans le réseau de gaz avec une capacité de production équivalente à la consommation de plus de 80.000 foyers.

A Chagny, le président du SMET 71 Dominique Juillot voudrait aller plus loin en utilisant, suggère-t-il, une partie des déchets qui partent encore à l’enfouissement pour alimenter un réseau de chaleur. « En espérant qu’un jour on enfouisse plus rien. Mais ça nécessitera un tri beaucoup plus sérieux. »

(Crédits photo : ROMAIN LAFABREGUE / AFP )


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