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Howard Schultz, qui a transformé Starbucks en multinationale, s’en va

05
juin
2018

(AFP) – Howard Schultz, qui à la tête de Starbucks a bouleversé la consommation de café aux Etats-Unis, va quitter la multinationale, relançant les spéculations sur l’éventualité d’une candidature à l’élection présidentielle américaine en 2020.

Proche du parti démocrate, M. Schultz, va abandonner ses fonctions de président exécutif du conseil d’administration dès le 26 juin et va se consacrer à l’écriture d’un livre, a annoncé lundi la chaîne de cafés. Ce livre va se focaliser sur l’impact social de Starbucks et sur la responsabilité morale d’une grande entreprise cotée en Bourse. 

Âgé de 64 ans, ce dirigeant, qui rappelle volontiers ses origines sociales modestes, ne dit pas s’il va se lancer en politique, mais son départ est de nature à relancer les spéculations sur ses ambitions présidentielles.

« Je suis profondément inquiet de l’état de notre pays depuis quelque temps maintenant – sur la montée des divisions et de notre position dans le monde », a-t-il déclaré au New York Times.

« L’une des choses que j’ai envie de faire dans le prochain chapitre de ma vie est de déterminer s’il y a un moyen pour moi de rendre à la communauté ce qui m’a été donné », ajoute-t-il.

« J’ai l’intention d’examiner diverses options et ceci peut inclure le service public », répond-il quand on lui demande expressément s’il va se présenter à la prochaine élection présidentielle. « Je suis encore loin d’avoir pris une décision sur l’avenir », conclut-il en entretenant le flou.

– Engagé contre le racisme –

Patron engagé, Howard Schultz s’est toujours illustré par ses prises de position politiques et sa fibre sociale.

Il s’était par exemple engagé en janvier 2017 à recruter 10.000 réfugiés dans les cinq prochaines années après l’annonce du décret anti-immigration pris par le président Donald Trump.

« Nous vivons dans une époque sans précédent, un moment au cours duquel (…) la promesse du rêve américain est remise en cause », avait alors déclaré le grand patron, qui n’a, en outre, jamais eu peur d’aborder la délicate question des tensions raciales aux Etats-Unis.

Il a également apporté son soutien aux salariés américains réclamant une augmentation du salaire minimum à 15 dollars de l’heure.

Sous sa férule, Starbucks a ouvert des cafés dans les zones défavorisées et soutenu des initiatives contre le racisme.

Son départ intervient moins de deux mois après la diffusion d’une vidéo montrant l’arrestation injustifiée de deux Noirs dans un café Starbucks, ce qui a conduit l’entreprise à organiser une formation anti-racisme pour l’ensemble de ses employés américains.

– L’action recule –

A Wall Street, le titre Starbucks perdait lundi 1,09% à 56,45 dollars vers 21H45 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance.

Ce départ n’est pourtant pas à proprement parler une grosse surprise pour les marchés financiers car dès le 3 avril 2017, Howard Schultz avait déjà cédé les rênes opérationnelles du groupe à Kevin Johnson, son numéro 2. 

Il n’avait gardé que la casquette de président exécutif du conseil d’administration, fonction que va occuper désormais Myron Ullman, ancien PDG de l’enseigne américaine J.C Penney.

Howard Schultz sera fait président honorifique du groupe, a précisé Starbucks qui exploite actuellement plus de 28.000 cafés dans près de 77 pays à travers le monde, contre 11 établissements seulement lors de l’arrivée en 1982 de M. Schultz.

En Bourse, Starbucks « a gagné 21.000% depuis son introduction en 1992 », assure le groupe. Signe de l’influence et du charisme de M. Schultz, l’action avait chuté en 2008 quand il avait une première fois lâché les rênes, tombant jusqu’à 10 dollars avant de remonter dès le retour précipité du grand patron.

De cette ascension fulgurante, Howard Schultz a dit lundi aux 330.000 salariés du groupe: « nous l’avons faite ensemble, en trouvant un équilibre entre rentabilité et conscience sociale ».

M. Schultz, qui a rejoint Starbucks en 1982 en tant que directeur commercial, est considéré comme l’artisan du succès mondial de la chaîne de cafés qu’il avait quittée brièvement en 1986 suite à des dissensions avec les propriétaires.

Il avait ensuite monté sa propre entreprise, Il Giornale, avant de racheter par la suite, en 1987, les parts des propriétaires de Starbucks, créé en 1971 à Seattle, avec le soutien de petits investisseurs locaux.

Il laisse un groupe ayant réalisé lors de l’exercice comptable 2017 un chiffre d’affaires de 22,4 milliards de dollars pour un bénéfice net de 2,88 milliards.

Seule fausse note à son parcours: le nom de Starbucks fait partie de la liste des grands groupes américains accusés par la Commission européenne d’avoir bénéficié d’aides d’Etat illégales de la part de l’Irlande pour y implanter leur siège européen.

(Crédits photo : Starbucks )

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