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Langouët, le village breton qui prépare l’après pétrole

03
mar
2019

(AFP) – A Langouët (Ille-et-Vilaine), 603 habitants, l’équipe municipale s’emploie depuis 20 ans à faire de l’écologie sociale une réalité, et ambitionne aujourd’hui de réduire son empreinte sur la planète grâce à une politique d’urbanisme fondée sur l’économie circulaire.

Sous l’impulsion du maire Daniel Cueff, un écologiste convaincu qui a fait ses armes contre le projet de centrale nucléaire de Plogoff, à la fin des années 70, le village s’est forgé une réputation de laboratoire. Il fait figure de cheville ouvrière de « Bruded », un réseau d’échanges d’expériences en urbanisme durable, qui regroupe 160 collectivités de la région.

Dotée d’une cantine 100% bio locale depuis 2004, Langouët a dit « non » au désherbage chimique dès 1999 et produit aujourd’hui plus d’électricité solaire que n’en consomment ses bâtiments publics, chauffés au bois.

En matière de logement, « nous étions dans une démarche de développement durable avec des bâtiments basse consommation. Aujourd’hui, nous travaillons sur des logements bénéfiques pour l’environnement, ce qui nous amène à choisir des matériaux de construction capteurs de carbone et 100% récupérables », explique à l’AFP le maire de la commune qui a réalisé son premier « éco-hameau » en 2005, le second en 2015.

Maisons en bois, bientôt en terre, isolants naturels, chauffe-eau solaire, récupération des eaux de pluie, poêle à granulés, « plus on avance, plus on améliore les performances énergétiques des bâtiments », se félicite Daniel Cueff. Les deux prochains « éco-hameaux » devraient dépasser, selon lui, la réglementation thermique applicable en 2020, avec des maisons qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment.

Le maire a fait entrer en 2017 sa commune dans une démarche d’urbanisme « circulaire » accompagnée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Selon cette logique, les nouvelles maisons devraient pouvoir être démontées et leurs matériaux réutilisés. Ce que confirme l’architecte Sarah Fruit, chargée de concevoir sept maisons dans le centre-bourg.

« Nous voulons créer une +banque+ des matériaux de construction utilisés dans la commune », explique la jeune femme. « Chaque matériau aura sa fiche répertoriant son origine et la façon dont il peut être réutilisé ». L’idée étant de privilégier au maximum les matériaux locaux, biosourcés (bois, terre, paille) ou de réemploi en adaptant le mode de construction aux ressources locales.

– « Habiter autrement » –

Le prochain plan local d’urbanisme réservera aussi une parcelle à l’habitat léger, mobile ou démontable (yourtes, tiny houses) afin de répondre à la nouvelle demande « d’habiter autrement », que ce soit pour des raisons budgétaires, de mobilité ou par désir de nature.

Langouët, un petit paradis vert ? En s’y promenant, on ne constate guère de différence avec un autre bourg, sauf que le bois et les panneaux solaires y sont davantage présents, et que les habitants ont la main verte.

Frédéric Hanier, qui dépense « moins de 200 euros de chauffage par an » dans sa maison éco-conçue, a pourtant l’impression qu’à Langouët « on a toujours un temps d’avance en matière d’écologie ». Un sentiment partagé par Nicole Duperron-Anneix, ancienne institutrice, pour qui les habitants ont « développé un vrai sentiment de citoyenneté écologique ».

Interrogé, le climatologue Jean Jouzel évoque dans cette commune des « réalisations remarquables et exemplaires aux plans régional, français et européen ».

« A en croire les médias, tout est déjà fait, mais il y a encore du chemin », tempère Xavier Lessieu, artisan dans le bâtiment.

De fait, les projets, aussi ambitieux soient-ils, font l’objet d’une mise en oeuvre prudente, donnant parfois lieu à des renoncements. Ainsi, l’idée de reproduire le prototype de maison « bioclimatique » testé à Langouët par des ingénieurs, a-t-elle été abandonnée au motif qu’elle nécessitait trop d’espace.

Ce qui n’empêche pas le village de continuer à innover. « Langouët a été précurseur sur le renouvellement urbain en économie circulaire, il va l’être à nouveau avec l’installation d’un équipement collectif de production d’électricité solaire pour la consommation locale et la création d’une ferme en permaculture pour tendre vers l’autonomie maraîchère. A chaque fois, se rajoutent de nouveaux objectifs », commente Mikaël Laurent, coordinateur de Bruded.

Dernière initiative en date: la mise à disposition d’un véhicule électrique en autopartage pour essayer de « décarboner » la mobilité des Langouëtiens.

(Crédits photo : FRED DUFOUR / AFP )

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