Le cuir utilisé par l’industrie automobile contribue à la déforestation
(AFP) – Des constructeurs automobiles européens, dont BMW et Jaguar Land Rover, ont été accusés mercredi par l’ONG Earthsight d’utiliser pour l’intérieur de leurs véhicules du cuir issu d’élevages contribuant à la déforestation au Paraguay, en Amérique latine.
Dans un rapport, l’ONG britannique affirme que des forêts dans la région de Chaco (ouest), où habitent les indiens de l’ethnie Ayoreo Totobiegosode, coupés de la civilisation, ont été illégalement rasées pour faire place à des élevages de bétail alimentant en cuir l’industrie automobile.
« Il s’est avéré que des abattoirs achetant du bétail de ces ranchs vendaient des peaux de vaches à des tanneries fournissant certains des principaux constructeurs automobiles européens », dont Jaguar Land Rover, notamment pour les SUV Range Rover Evoque, et BMW, a souligné Earthsight à l’issue d’une enquête sous couverture de 18 mois.
Ces deux groupes automobiles sont notamment clients du géant italien du cuir Pasubio, « le plus gros consommateur au monde de cuir paraguayen », a-t-elle ajouté.
Dans le rapport, BMW a assuré n’avoir « aucune information » indiquant que ses approvisionnements en cuir sud-américain ont été « affectés par ces problèmes », mais que le groupe « explorait les options pour étendre davantage les systèmes de traçabilité ». Il a également souligné que sa « stratégie à moyen terme » était de ne plus se fournir en cuir dans la région.
De son côté, Jaguar Land Rover a dit prendre ces accusations « très au sérieux » et avoir lancé une enquête.
Selon Earthsight, l’équivalent d’un terrain de football de forêt a été rasé toutes les deux minutes dans le Chaco en 2019, le rythme le plus rapide au monde.
Ces découvertes ne sont que le « sommet de l’iceberg », selon l’ONG, « car aucun des dix plus grands constructeurs européens de voitures revêtues de cuir (…) n’ont dit pouvoir tracer complètement l’origine de leurs approvisionnements en cuir ». L’industrie automobile se fournit également en peaux de vache provenant du Brésil, où l’élevage est la principale cause de déforestation.
L’ONG plaide pour une législation urgente au Royaume-Uni et au niveau de l’Union européenne pour que les entreprises veillent à ce que leurs chaînes d’approvisionnement ne soient pas entachées de violations de l’environnement et des droits humains.
(Crédits photo : NORBERTO DUARTE / AFP )