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Le déclin général de la faune sauvage pourrait être surestimé

18
nov
2020

(AFP) – Le déclin catastrophique des populations mondiales d’animaux décrit par certains rapports est surestimé en raison des méthodes statistiques utilisées, selon une étude publiée mercredi, qui remet en cause un indice utilisé par un rapport de référence de WWF sur la faune sauvage.

Utilisant l’indice Planète vivante élaboré tous les deux ans par la Société zoologique de Londres (ZSL), le WWF a conclu en septembre que le monde a perdu 68% des vertébrés entre 1970 et 2016. Le précédent rapport de 2018 décrivait une baisse d’environ 60% de ces populations de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens entre 1970 et 2014.

C’est ce dernier qu’évalue l’étude de Nature, qui l’estime gonflé.

Examinant 14.000 populations de vertébrés suivies depuis 1970, les auteurs de l’étude concluent que 1% sont victimes d’un déclin extrême et que si on les enlève de l’équation, l’ensemble des populations restantes ne montre aucune tendance à la hausse ou à la baisse.

« Prendre en compte les groupes extrêmes altère fondamentalement l’interprétation de l’évolution générale des vertébrés », estiment-ils, notant que ce message de « catastrophe omniprésente » peut conduire « au désespoir, au déni et à l’inaction ».

Ils suggèrent donc d’utiliser des évaluations plus localisées « pour aider à prioriser les efforts de conservation ».

« Réunir toutes les courbes de population en un seul chiffre peut donner l’impression que tout décline partout, en se basant sur les maths plutôt que sur la réalité », explique à l’AFP l’auteur principal Brian Leung, de l’université McGill à Montréal.

« Un tableau plus nuancé est plus précis: il y a des foyers de population en déclin extrême, dans des écosystèmes qui en dehors de ça ne sont ni en amélioration ni en déclin. Toutefois il y a aussi quelques zones géographiques où la plupart des populations examinées semblent en déclin. Il est important d’identifier celles-là », poursuit-il. Comme les oiseaux en Asie-Pacifique ou les reptiles tropicaux.

Le fait que l’indice Planète vivante soit « sensible » aux variations extrêmes de population « n’est pas une révélation », a tempéré dans un blog le Dr Robin Freeman, de la ZSL, co-auteur de l’étude mais aussi membre de l’équipe élaborant l’indice Planète vivante.

Mais de tels indices composites « peuvent servir de baromètre pour la santé des écosystème », comme les indices boursiers, a-t-il plaidé.

Interrogé par l’AFP, WWF a renvoyé vers son partenaire ZSL.

Les études s’alarmant d’une destruction de grande ampleur de la biodiversité par les activités humaines se sont multipliées ces dernières années.

Dans un rapport sans précédent, le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES) a décrit en 2019 des écosystèmes en lambeaux et évalué à un million le nombre d’espèces menacées d’extinction.

« Nous ne disons pas qu’il n’y a pas de problèmes de biodiversité, seulement qu’elle n’est pas en déclin partout », insiste Brian Leung.

Ces conclusions ne risquent-elles pas toutefois d’être vues comme un encouragement à ne rien faire pour protéger la nature ? « C’est notre inquiétude (…). Mais notre motivation première est que la science soit correcte. A long terme, la légitimité de notre domaine en dépend », se justifie le chercheur.

(Crédits photo : NIKOLAY DOYCHINOV / AFP )


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